La culture sourde, cette inconnue
Aucun d’entre nous n’ignore qu’il existe des personnes sourdes pratiquant la langue des signes mais bien peu les connaissent et encore moins les comprennent. Ils font partie de ces personnes en situation de handicap invisible, on les croise en toutes circonstances et en tous lieux dans le flot de l’anonymat ou presque, car il y a un presque... la différence se manifeste quand intervient la langue des signes et que le regard de l’autre change : curiosité, étrangeté, fascination pour les mondes qui nous échappent. Rencontre "exotique" ou réel choc culturel ? La culture sourde à ses propres codes et son propre langage qui peuvent apparaître hermétiques au monde des entendants. Héritage de l’histoire ? Leur non-intégration et l’incompréhension dont ils ont été victimes pendant de très longs siècles ont favorisé leur isolement et par là même la tentation d’un repli communautaire. Du siècle des lumières avec l’Abbé Charles Michel de l’Épée, à l"™origine de l"™enseignement spécialisé dispensé aux jeunes sourds en langue des signes jusqu’à l’interdiction de celle-ci sous l’influence scientiste en 1880 par le congrès de Milan, on mesure l’impact provoqué par le brutal changement de cap. Une fois la langue des signes sacrifiée sur l’autel du positivisme, pouvait s’amorcer ce que certains ont vécu pendant des décennies comme une descente aux enfers. Après une longue période d’obscurité, il faudra attendre le réveil des minorités linguistiques des années soixante dix pour que s’amorce enfin une renaissance, entérinée par la loi de 1991 acceptant l"™utilisation de la LSF pour l"™éducation des enfants sourds... Toutes les personnes sourdes n’utilisent pas la langue des signes, ils sont même une minorité, c’est sur cette communauté qui revendique son identité et sa culture propre que Handimarseille s’est penché ce mois-ci.
Un dossier coordonné par Sarah Champion
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