Bénéficier d’un accompagnement, c’est essentiel !
Muriel Joncheray est chargée d’insertion dans un Etablissement et Service d’Aide pas le Travail (ESAT). Maillon essentiel de l’intégration des jeunes handicapés dans le monde du travail, Muriel prend le relais chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Ne limitant pas son rôle à une interface employeur-employé, d’accompagnement social ou professionnel, elle gère également tout ce qui gravite autour de la prise de poste : prise de rendez-vous avec les assistantes sociales, gestion d’un suivi médical, ré-orienation vers d’autres associations... Elle est enfin et surtout la personne qui aidera les personnes handicapées à surmonter leur difficultés, à agir, à entreprendre.
H. - Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Muriel Joncheray - Je m’appelle Muriel Joncheray, je suis chargée d’insertion au sein de l’ESAT hors les murs Les Merisiers.
H. - Quel est votre rôle auprès des travailleurs ?
M.J. - Mon rôle en tant que chargée d’insertion, c’est de les accompagner, dans un premier temps et élaborer un projet professionnel. Cela se fait en plusieurs étapes, des bilans, des évaluations, des stages en entreprise pour vérifier que le projet correspond à leur reprsrésentation, et ensuite, une fois que le stage est mis en place, on les accompagne pour vérifier l’adaptation au poste, s’assurer qu’il soit à l’aise. On convient ensuite d’une convention de mise à disposition. Le salarié est rémunéré par l’ESAT et en contrepartie, l’entreprise reverse à l’ESAT une prestation qui sert à payer le salaire de la personne accueillie. On se concentre sur l’aspect professionnel mais on tient aussi en compte de tout ce qui gravite autour, qui pourra permettre d’aboutir 1 ou 2 ans après, à l’accession d’un CDI.
H. - Quel est votre point de vue concernant l’emploi des jeunes en situation de handicap ?
M.J. - Je pense que c’est une réelle difficulté, le handicap vient rajouter une difficulté. A mon avis, si les démarches de recherche d’emploi sont faites d’une manière autonome de la part de la personne, le jeune en situation de handicap aura du mal à trouver un travail pérenne.
Un relais est nécessaire. Que cela soit par une structure telle que la notre ou autre. Pouvoir bénéficier d’un accompagnement adapté.
Mais, c’est vrai que l’insertion des jeunes en situation de handicap, c’est une question très préoccupante et à surveiller de près parce que je m’aperçois qu’il y a des jeunes qui sont près à faire n’importe quoi comme emploi et surtout à ne pas parler de leur handicap pour justement éviter qu’il y ait cette barrière et surtout se dire "si je ne parle pas de mon handicap, peut-être que l’entreprise m’acceptera mieux" et ça pour moi, c’est intolérable. C’est sà »r que c’est le choix de la personne de le dire ou pas mais taire sa problématique peut se retourner contre la personne.
H. - Est-ce que vous avez vu une évolution ?
M.J. - Oui. En arrivant à discuter avec les entreprises et les employeurs, avec le personnel qui gravite autour de certains postes, on arrive un petit peu à changer le regard, ne pas être dans la pitié, même si certains ont des préjugés et bien c’est à nous de faire tomber ces barrières, de leur expliquer que la personne qu’ils vont rencontrer, elle a avant tout des compétences. Elle a un handicap, d’accord, mais on va travailler ensemble pour qu’elle se sente le plus à l’aise possible sur son poste. On met en avant les compétences de la personne.
H. - Y-a t-il des différences entre l’intégration en entreprise d’un jeune et d’un adulte ?
M.J. - Je ne vois pas trop de différences. C’est vrai que l’on a des personnes qui ont travaillé pendant 20-25 ans en ESAT et qui ont fait le choix de travailler en entreprise, ça a été bien accepté. C’est un long travail, on fait connaissance avec la personne et en parallèle, on fait connaissance avec l’entreprise. C’est à nous de faire le relais. Je ne vois pas de différences entre jeunes et moins jeunes au niveau de l’insertion.
H. - Y-a-t’il des problématiques spécifiques sur lesquelles vous travaillez avec le public jeune ?
M.J. - Non, pour moi ce sont des jeunes à part entière avec leurs besoins et leur inconscience, comme n’importe quel jeune et heureusement. Ils ont peut être pris plus tôt conscience des difficultés qu’ils ont mais il faut garder une part de rêve, que l’on soit jeune ou moins jeune. J’aime beaucoup cette phrase que j’ai entendu, elle disait, "ce n’est pas parce que les choses sont difficiles, que l’on n’ose pas les faire mais c’est parce qu’on n’ose pas les faire qu’elles sont difficiles".
H. - Quels conseils donneriez-vous aux jeunes en situation de handicap qui espèrent décrocher un premier poste ?
M.J. - De réfléchir déjà , parce que l’on a plein de jeunes qui n’ont pas encore de projets bien définis, ça se comprend. De réfléchir à ce qu’il souhaiterait eux-même. Qui sait mieux que soi quel poste on peut occuper. Vous savez ce que vous êtes en capacité de faire. D’aller rencontrer, de se renseigner sur les associations qui existent, d’aller à la Cité des Métiers, de s’inscrire à certains forums, de rencontrer un petit peu toutes ces associations, de ne pas rester isolés et d’attendre que ça arrive, d’essayer d’aller à la MDPH, dans les Missions locales, mais surtout de se faire connaître et d’expliquer leur choix. C’est vrai que l’on a toujours une petite idée de formation, de ce que l’on a envie de faire puis de trouver les bons interlocuteurs, c’est difficile.
H. - Est-ce qu’ils viennent vous voir spontanément ?
M.J. - Les personnes qui viennent nous rencontrer, elles arrivent de différents horizons. Il y a des personnes qui ont eu une orientation ESAT par la MDPH, il y a des personnes qui sont en IME... Donc ils sont accompagnés d’un référent au sein d’ESAT, ensuite il y a du bouche à oreille aussi, mais c’est toujours par le biais de relais d’autres professionnels.
H. - Dans le cas où ils auraient une démotivation, quel est votre rôle dans ce cas-là ?
M.J. - Je vais les conseiller, les rassurer et comprendre ce qui fait qu’ils sont mal à l’aise ou qu’ils me semblent voir une démotivation, je vais essayer de comprendre ce qui se passe, discuter avec cette personne et ensuite selon le cas, trouver la solution adéquate. La motivation découle en général de tout ce qu’il y a en amont. On n’est pas démotivé comme ça du jour au lendemain.
H. - Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux employeurs qui vont embaucher un travailleur en situation de handicap ?
M.J. - Bougez-vous ! Faites confiance aux gens que vous employez, handicap ou pas handicap !
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