Les politiques régionales d’intégration des personnes handicapées
Handimarseille - Quels sont les engagements du Conseil régional auprès des personnes handicapées ?
Sandrine van Muysen - On a l’habitude de dire que les Régions s’engagent de la manière volontariste dans les politiques en faveur des personnes handicapées. C’est vrai mais pas complètement. Pour être assez rapide, la Région a développé une politique propre concernant le soutien aux associations de personnes handicapées, qu’elles soient sportives, de loisirs, culturelles, et a mis en place également des programmes régionaux d’accessibilité. Donc, on a un programme d’accessibilité sur les plages avec l’acquisition de fauteuils amphibies qui permettent la mise à l’eau et nous sommes maintenant entrés dans une deuxième programmation, celle de l’accessibilité des salles de spectacle pour les personnes déficientes auditives, avec l’installation de boucles magnétiques prises en charge par la Région. Ensuite, on a la politique régionale qui développe tous ces aspects, des spécificités, des politiques en faveur des personnes handicapées : ça va être dans le transport, l’accessibilité des rames, les travaux dans les gares pour que celles-ci soient accessibles - c’est quelque chose qui est imposé par la loi, mais la région s’était dès 1998 engagée dans cette politique-là - ça va être le soutien aux stations touristiques et à tous les professionnels du tourisme, parce que nous sommes quand même la première région touristique de France. C’est aussi la plate-forme du logement adapté qui est financée par la Région, c’est l’accessibilité dans les lycées, c’est l’aide aux associations sportives pour acquérir du gros matériel ou pour organiser des compétitions sportives... Voilà un petit peu rapidement les politiques régionales.
H - Quels sont les objectifs des actions menées par le Conseil régional ?
S.M. - Je crois que l’objectif primordial, et c’est pour cela aussi que la Région a été en 2003 la première collectivité être signataire de la Charte de Madrid (1), c’est de dire que les personnes handicapées sont avant tout des personnes, des citoyens à part entière, et qu’elles doivent être considérées comme telles. Donc, c’est cette citoyenneté qui guide notre politique. Depuis 2001 nous organisons les états généraux des personnes handicapées et nous avons fait le vœu un jour de ne plus avoir à les organiser parce que la région PACA sera ouverte à tous.
H - Dans le cadre de votre fonction, quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
S.M. - Ce sont les difficultés que rencontrent des personnes handicapées auxquelles je suis confrontée. Je crois qu’on a une grosse difficulté en région, c’est l’accessibilité. C’est pour ça qu’on a pris aussi cet axe directeur en ce qui concerne la politique régionale. On a un très gros déficit en terme d’accueil des personnes handicapées en région, en particulier dans des maisons d’accueil spécialisées (MAS), dans des foyers d’accueil médicalisés (FAM). C’est d’ailleurs pour cela que la Région s’est engagée depuis le contrat de plan 2000-2006 à financer et à cofinancer des places dans des FAM et dans des MAS, parce que la région était avant, avant-dernière région de France en terme de places. Donc on essaie petit à petit de rattraper ce retard en soutenant des associations, des structures qui sont créées en aval.
H - Il y a d’ailleurs de plus en plus d’associations qui s’intéressent aux différents handicaps. Constatez-vous une évolution des mentalités ?
S.M. - J’ai l’impression que le regard des citoyens change. Les associations sont très nombreuses, on essaie de les soutenir dans la mesure de nos possibilités, mais ça reste toujours insuffisant parce que le budget de la Région a ses limites. Donc, on fait avec les limites. Moi, j’ai l’impression que les choses évoluent doucement, trop doucement. Les gens ont moins peur du handicap, respectent un peu mieux le handicap, ça se voit par exemple avec les places réservées pour les personnes handicapées et j’ai l’impression que celles-ci sont mieux respectées. Il y a aussi l’acceptation de la mixité. On a moins peur de la mixité alors qu’avant c’était quelque chose d’inenvisageable. Donc, la loi, elle va aussi dans ce sens avec l’intégration en milieu ordinaire au niveau de la scolarité. Et ça, je pense que c’est quelque chose qui est indispensable et on va aller petit à petit vers des générations qui vont être beaucoup plus ouvertes sur la question du handicap. Je suis par ailleurs enseignante et dans le collège où j’enseigne, nous avons une UPI, unité d"™intégration pédagogique. Nous accueillions depuis cinq ans maintenant des enfants handicapés, et on avait peur au départ du regard des autres enfants, mais pas du tout, ça se passe bien. On a vraiment une intégration qui se passe de manière extraordinaire. Bientôt, je vais partir en voyage scolaire pendant une semaine en Italie et puis il y une petite fille qui est handicapée qui va venir avec nous. Ça ne pose aucun problème, et quand ces enfants-là seront après-demain des adultes, je pense que ce seront des citoyens encore beaucoup plus ouverts au handicap, mais il faut quand même poursuivre les efforts, et les collectivités comme la Région doivent poursuivre leurs efforts pour qu’on puisse parvenir à ces fins. En fait, on a des gens, on a des citoyens, et puis on a plus de handicapés.
Ça prend beaucoup de temps mais j’espère qu’on y arrivera le plus rapidement possible.
H - Tissez-vous des liens avec d’autres organismes institutionnels même au niveau européen ?
S. M. - Au niveau européen, non, par contre au niveau local, oui. On essaie de rencontrer les Conseils généraux qui ont plus de compétences directes en terme de handicap, et puis également des municipalités parce que très souvent, nous sommes cofinanceurs des projets. Donc, nous essayons de travailler ensemble bien entendu.
H - Avez-vous des projets très importants pour les personnes handicapées à Marseille ou dans sa région ?
S. M. - Nous ne menons pas de projets propres à part les programmes régionaux d’accessibilité qui sont des programmes importants mais qui restent modestes en terme de budget. Par contre, nous accompagnons des projets concernant le logement, l’accès aux loisirs, l’accès aux vacances, ou l’aménagement urbain. Nous avons vraiment la volonté que ces projets soient menés par toutes les directions de la Région. L’élu que je suis relève de la Direction de la Solidarité, mais on ne fait pas que de la solidarité avec des personnes handicapées, on fait du transport, on aide pour le logement, on aide pour l’accès à la culture... Voilà , des projets, on en a énormément.
Propos recueillis le 4 mars 2009 par D.Marciano.
(1) La Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne signée à Madrid en 2003. Dans son article 26 sur l’intégration des personnes handicapées, l’Union reconnaît et respecte le droit des personnes handicapées à bénéficier de mesures visant à assurer leur autonomie, leur intégration sociale et professionnelle et leur participation à la vie de la communauté.
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