Une femme exceptionnelle
Maman de trois enfants, Noura croque la vie à pleines dents malgré son handicap. Pour elle, baisser les bras, ce n’est pas dans son histoire.
Question : L’accessibilité est-elle un problème pour vous ?
Oui, dans la vie quotidienne, surtout si on n’habite pas une grande ville. Moi par exemple, j’habite dans un petit village et vraiment, c’est pénible. Par exemple les dentistes, il y en a qu’un seul. On ne peut pas accéder au reste. Ils sont tous perchés au troisième ou au deuxième. Il n’y a pas d’accessibilité, en fait. Pour certaines boutiques, pour aller à l’école, je suis obligée de faire tout un détour.
Q : Quel regard portez-vous sur la société ?
La société ? Personnellement, c’est un peu mitigé, ça dépend des gens que vous rencontrez. Ça dépend de la mentalité de la personne.
Q : Comment cela se passe-t-il dans votre quartier ?
Honnêtement, je n’ai pas de soucis, ça va. Je suis bien acceptée. En fait, ça dépend de l’effet que vous faites vis-à -vis des autres.
Q : N’avez-vous jamais eu de problèmes par rapport aux regards des autres ?
Non, non. Personnellement, dans ma vie, depuis mon enfance jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu ce... même si on me regarde différemment, je m’en fiche. Je ne fais pas attention. Tout ça, je laisse de côté, ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave et je me mets à leur place.
Q : Etes-vous née avec ce handicap ?
Non, j’ai eu la polio à l’âge de un an. Je suis presque née handicapée.
Q : Quel âge avez vous maintenant ?
Quarante-neuf ans.
Q : Comment vivez-vous votre handicap ?
Très bien. Parfois j’oublie même que je suis handicapée. C’est-à -dire que quand on est maman, on a une vie active au sein de la famille, on fait abstraction de tout ça, on s’organise.
Q : Avez-vous une vie de famille normale ?
Ah ! Oui, oui, tout à fait normale. Je n’ai pas de soucis, en tout cas pour moi. Je sais qu’il y en a d’autres qui ont beaucoup de soucis, mais moi, non.
Q : Comment faites-vous pour assumer alors que vous êtes sur un fauteuil roulant ?
Eh bien, j’assume. Je m’organise. C’est une question d’organisation. Et de pouvoir bouger les bras, la moitié du corps, ça c’est important. Si j’étais handicapée des bras et des jambes, j’aurais eu énormément de soucis. Mais là , j’ai eu la chance de ne pas être handicapée, ça ne me gêne pas. Je n’ai pas de jambes mais j’ai des bras qui remplacent.
Q : Avez-vous un message à faire passer ?
Il ne faut pas s’arrêter à son handicap. Toujours essayer d’aller de l’avant et surmonter les problèmes et les obstacles. Il faut se battre, dans la vie. Si on se lamente tout le temps, on s’en sortira pas. C’est tout ce que j’ai à dire.
Propos recueillis le 23/04/04 par Salima Tallas
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