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On ne peut comprendre l'autisme sans la science ! - Le dossier - L’autisme, Grande Cause nationale, on en est où ? - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
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On ne peut comprendre l’autisme sans la science !

Des chercheurs engagés pour vaincre l’autisme

C’est au coeur du Campus de Luminy que l’INMED Marseille travaille notamment sur la question de l’Autisme. Yehezkel Ben-Ari, fondateur de ce laboratoire de recherche, nous éclaire sur la manière dont est étudié ce syndrome et son implication dans cette Grande cause nationale.

On ne peut comprendre l'autisme sans la science !

Handimarseille - Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Yehezkel Ben-Ari - Yehezkel Ben-Ari, Directeur émérite de recherche à l’Inserm et neurobiologiste. J’ai créé et fondé l’INMED (Institut de Neurobiologie de la Méditerranée) à Marseille après avoir dirigé un laboratoire de recherche à Paris pendant pas mal de temps. Je suis expert dans le développement du cerveau et des maladies neurologiques et psychiatres dans la phase précoce du développement du cerveau

H. - Quel est le projet qui est mené à l’INMED Marseille ?

Y.B-A. - L’INMED Marseille est composé d’une dizaine d’équipes qui travaillent pratiquement toutes sur le développement du cerveau. L’idée générale, c’est de comprendre comment le cerveau se développe et une des thèses que j’ai développée et qui est de plus en plus acceptée, c’est que pas mal de maladies naissent in-utéro, en tout cas de façon très précoce dans le développement, d’où l’importance de voir à partir de quel moment ça ne va pas. Cette thèse a des implications à la fois fondamentale et clinique ; fondamentale parce que le cerveau commence à donner des signes de maladie bien avant qu’elle ne s’exprime, ça c’est quelque chose que les cliniciens connaissent très bien, ce n’est pas quand on va chez le médecin que la maladie commence. On est malade de la Maladie de Parkinson bien avant que l’on commence à avoir les tremblements. Le laboratoire est spécialisé là-dedans, les signaux électriques, l’imagerie, les signaux anatomiques, les signaux bio-chimiques, les signaux moléculaires qui interviennent dans des maladies précoces.

H. - Comment est abordé la recherche sur l’Autisme ?

Y.B-A. - Pour l’Autisme, il s’agit de savoir à partir de modèles animaux, à partir de quand on peut dire que le cerveau s’est mal connecté ou va mal. On compare l’enregistrement électrique de cerveaux déficients à des cerveaux normaux pour voir si très tôt, on ne voit pas des choses qui ne vont pas. On commence à montrer qu’effectivement dans des maladies très différentes, certaines formes d’épilepsie, de retard mental..., il y a quelque chose qui ne va pas dans le cerveau bien avant qu’il y ait un signe clinique quelconque chez la souris.

H. - L’autisme peut-être détecté in-utéro ?

Y.B-A. - Expérimentalement, oui. Ces maladies sont aussi pour certaines des maladies dans lesquelles on sait que ça commence in-utéro. L’autisme par exemple est une maladie qui commence in-utéro, mais aussi certaines formes de retard mental où l’on sait par l’imagerie médicale qu’il y a des choses qui ne vont pas très bien déjà en terme d’imagerie, c’est ce que l’on voit derrière le cerveau.

H. - Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à ce syndrome ?

Y.B-A. - J’ai travaillé pendant très longtemps sur les épilepsies et puis j’ai commencé à m’intéresser à l’autisme parce que dans l’autisme, il y a des choses que l’on ne fait pas notamment donner des benzodiazépines, qui normalement calmes les sujets alors que ça rend plus agités les autistes. Ceux-ci ont une propriété électrique très particulière sur lesquelles je travaille depuis plus de 30 ans, c’est la distribution du chlore dans le cerveau. Le chlore est un ion qui rentre, qui sort dans les neurones, qui est très important pour la régulation de l’activité électrique du cerveau et la plupart des molécules anesthésiques que l’on prend. Du coup, je me suis dit qu’il fallait travailler sur le chlore et essayer de comprendre pourquoi il pouvait être modifier dans l’autisme et les autres maladies neurologiques, comme dans l’Épilepsie par exemple et c’est une des raisons pour lesquelles pas mal de molécules classiques ne marchent pas parce qu’elles ne vont pas avoir l’effet désiré.

H. - Qu’est-ce que la science a apporté à la compréhension de l’Autisme ?

Y.B-A. - L’Autisme comme tout le reste, on ne peut pas le comprendre sans la science. Croire que l’on peut guérir ces maladies qu’avec des mots ou des paroles, c’est un peu facile. De toute façon, même si cela était le cas, ça voudrait toujours dire qu’il y a un substratum scientifique à ces observations. Je ne suis pas en train de dire que certaines méthodes "behavioristes" ne sont pas bonnes pour les enfants autistes comme elles ne sont pas bonnes pour les enfants retardés mentaux ou autres, simplement elles n’expliquent rien. Le science est la seule qui peut expliquer ce qui se passe en dessous et apporter de nouvelles stratégies thérapeutiques. C’est un peu comme si l’on se contente de fabriquer des génériques plutôt que de fabriquer les bons médicaments. La Psychiatrie, c’est un générique quelque part, c’est-à-dire que ça permet d’avancer dans certains cas, de calmer l’enfant, etc...

H. - Quelles sont les dernières avancées scientifiques ?

Y.B-A. - Premièrement, on a la preuve formelle que ça commence
in-utéro grâce aux imageries chez les bébés autistes qui ont montré ces signes. Deuxièmement, les techniques d’imagerie cérébrale chez l’enfant ont montré que chez les enfants autistes, il y avait des régions qui n’étaient pas activées et qui devaient l’être normalement et parmi ces observations, on pense commencer à comprendre pourquoi les enfants autistes ne regardent pas les yeux quand il parle à quelqu’un et quand ils ne regardent pas les yeux, ils ne peuvent pas communiquer. D’ailleurs la technique "behavoriste" essaie de faire en sorte de les amener à regarder dans les yeux.

H. - Pensez-vous qu’aujourd’hui l’Autisme soit mieux identifié et pris en charge ?

Y.B-A. - Identifié oui, pris en charge ce n’est pas évident parce que justement on n’a pas de traitement donc on fait ce que l’on peut faire mais on ne peut pas dire qu’il y ait un traitement efficace à proprement parlé. Il y a toujours la bagarre en France et dans les pays francophones entre psychiatre, psychanalyste et les généticiens, les uns disant que tout est génétique, ils ont tort et les autres disant que l’on va guérir tout ça par psychanalyse, ils sont tort aussi, ça ne suffit pas.

H. - C’est un mix des 2 théories qui pourraient permettre de réaliser un traitement ?

Y.B-A. - Oui, il ne faut rien rejeter. Rejeter, c’est bon pour les fanatiques religieux, pas pour les scientifiques, mais il ne faut pas avoir d’attitude dogmatique, il faut prendre ce qui marche mais ne pas sortir de la bordure. N’importe quelle technique qui apporte du bonheur aux enfants, moi je suis pour, à la condition que l’on a pas la prétention d’expliquer pourquoi la maladie est là, parce que là , c’est le domaine des scientifiques.

H. - Vous êtes également Président du Comité Scientifique au sein de l’association "VAINCRE L’AUTISME", quel est le but de l’association ?

Y.B-A. - Essayer d’aider les enfants autises, développer de nouveaux médicaments, empêcher une certaine arriération mentale et certaines techniques proposées par certains en France qui sont bien installés comme par exemple le Packing - c’est une technique dans laquelle on met les enfants autistes dans un drap mouillé froid et on les immobilise pendant 1 ou 2 heures, il n’y a qu’en France que l’on propose cette technique - et qui essaie d’expliquer que ce n’est pas à partir de l’approche obscurantiste que l’on va résoudre le problème. La France, fille aînée de l’Église et comme d’autres pays francophones, sont les derniers à conserver des approches un peu aberrantes.

H. - Que pensez-vous des nouvelles thérapies et notamment de la méthode ABA ?

Y.B-A. - Je n’ai rien contre. Je ne suis pas un expert de la méthode ABA, mais c’est vrai qu’il y a des cas où la méthode permet d’avancer pas mal de choses. Il ne faudrait pas que cela devienne trop systématique, l’idéal serait de compiler ça avec les avancées scientifiques, thérapeutiques et pharmacologiques, c’est ce que nous essayons de faire.

H. - L’Autisme a reçu le label de Grande Cause Nationale, qu’attendez-vous de cette labellisation ?

Y.B-A. - Plus de moyens, plus de reconnaissances du fait que ce n’est pas une maladie qui n’est pas que génétique, qui ne concerne pas que les milieux pauvres et comprendre que l’Autisme est vraiment un fléau moderne.

H. - Pensez-vous que les moyens mis en oeuvre sont assez importants pour qu’à terme l’Autisme ne soit plus un handicap ?

Y.B-A. - Je ne crois pas que l’Autisme disparaîtra, c’est une maladie qui est organique, mais en mettant plus de moyens, on va avancer mais ça prendra du temps.

H. - Si vous aviez un message à faire passer aux lecteurs d’Handimarseille, ce serait lequel ?

Y.B-A. - La recherche est quelque chose qui prend du temps. Si on lui demande de tout résoudre demain, c’est une bêtise parce qu’on ne peut pas donc il faut accepter le fait que la recherche est importante, qu’elle prend du temps et que c’est le meilleur investissement possible.

H. - Y’a-t-il un sujet qui n’aurait pas été abordé et dont vous aimeriez parler ?

Y.B-A. - La recherche a été massacrée par Nicolas Sarkozy de façon totalement honteuse et j’espère que le nouveau Président fera mieux. Il ne peut pas faire pire de toute façon.

Propos recueillis par Yoann Mattei


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