Les aides à l’emploi des handicapés seront rognées
Le fonds public pour l’emploi des handicapés doit optimiser ses financements alors que son budget fond progressivement. Il met davantage l’accent sur la formation.
D’une logique de « prêt-à-porter » à celle du « sur-mesure ». A compter du 1er janvier 2012, les aides à l’embauche des personnes handicapées ne seront plus versées de façon automatique.
« Jusqu’ici, dès lors qu’une entreprise recrutait une personne handicapée, elle recevait une aide financière », rappelleJean-Marie Faure, président de l’Agefiph, l’association chargée de gérer le fonds public pour l’insertion professionnelle des handicapés dans le secteur privé, qui a annoncé une vaste refonte de ses modalités d’intervention mi-novembre, en pleine Semaine pour l’emploi des personnes handicapées.
Cette « prime à l’insertion » d’un montant de 1600 euros va disparaître. Et remplacée par des dispositifs plus « ciblés ».
D’autres aides seront, elles, modifiées.
« L’objectif de cette refonte est de faire porter l’effort en priorité là où il est utile. »
Toute entreprise ne respectant pas le quota de 6% de travailleurs handicapés dans son effectif doit s’acquitter d’une « amende »
autrement appelée « contribution »
qui alimente le fonds géré par l’Agefiph. Or, cette enveloppe financière ne cesse de diminuer depuis le pic de 2007 consécutif à la loi handicap du 11 février 2005.
« Ce texte a modifié la méthode de décompte du nombre de salariés handicapés, notamment pour renforcer le caractère contraignant de la loi », explique Jean-Marie Faure. Le montant des contributions versées par les entreprises a logiquement flambé de 44% en 2007 pour atteindre 613 millions d’euros, alors qu’il stagnait les années précédentes autour des 420 millions. « En 2008, en pleine crise, nous avons sensibilisé les entreprises sans salariés handicapés afin qu’elles jouent le jeu et la majorité a réagi positivement. »
Résultat :
la collecte de l’Agefiph est en baisse chaque année. En 2010, elle a chuté de 12% à 476 millions d’euros.
Priorité à la formation
« Pour autant, les personnes handicapées restent très fragiles, avec un taux de chômage de 22% contre un peu moins de 10% pour la population valide », note Jean-Marie Faure. « C’est pourquoi nous avons décidé de définir des publics prioritaires pour l’attribution des aides.
Nous ciblons les personnes les plus éloignées de l’emploi, qui rencontrent des freins liés à leur âge, à leur qualification ou à la nature de leur handicap, ainsi que les petites et moyennes entreprises. » En outre, les aides ne seront mobilisées que si les interlocuteurs dits « de droit commun », en particulier Pôle emploi, ne peuvent pas remplir ce rôle.
C’est-à-dire, en dernier recours. L’Agefiph a par ailleurs décidé de mettre l’accent sur la formation, alors que 78% des personnes handicapées ont un niveau d’études inférieur au bac. « Nous allouerons 29% de notre budget à cette priorité en 2012 », précise son président.
Enfin, l’association compte « se rapprocher du terrain en adaptant les priorités nationales aux réalités régionales, qui sont bien différentes les unes des autres ».
Une réorganisation de quelques associations de soutien aux handicapés voient d’un bon œil, même si ses modalités doivent être finalisées courant décembre.
Pour Anne-Cécile Richard, directrice de l’Union pour l’Insertion et la Réinsertion professionnelle des personnes Handicapées (UNIRH), « l’Agefiph fait table rase du passé et reconstruit intégralement son cadre d’intervention pour mieux coller à la situation actuelle de l’emploi et aux contraintes budgétaires ». Selon elle, la fin des aides automatiques, mises en place en 1987, est une « révolution culturelle ». « Mais si ces aides baissent en volume, le dispositif devient plus lisible pour tout le monde. »
Marie-Bérangère Le Sellier, responsable du conseil et de la formation chez Hanploi, salue l’accent mis sur la formation.
« Malgré une politique volontariste vis-à-vis des handicapés, les entreprises ont des difficultés à trouver des personnes compétentes », souligne-t-elle.
« L’aide à l’embauche était certes incitatives, mais pas toujours pertinente. » Aujourd’hui, les associations veulent croire que la réorganisation de l’Agefiph offrira un accompagnement plus personnalisé, donc plus efficace des personnes handicapée dans le monde du travail.
Voir en ligne : Le figaro
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