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Humoriste avant tout - Le magazine - Culture - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
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Humoriste avant tout

De sa passion du monde du spectacle, Ludovic Givron en a fait une finalité en interprétant le rôle de Madame Janssen, concierge de 82 ans en fauteuil roulant, qui officiait à l’Élysée. Son personnage parle de nos hommes politiques de manière grinçante et drôle et son but, faire passer une bonne L’appel des planches le taraudant depuis toujours, Ludovic Givron, comédien et humoriste, met en oeuvre sa passion dans une satire désopilante de l’actualité politique, Du Rififi à l’Elysée, dans laquelle il incarne une concierge très indiscrète. Il est aussi le président de l’association Handynamic, qui parcoure la France depuis une vingtaine d’années afin de sensibiliser la population à la situation de handicap.

Humoriste avant tout

Handimarseille - Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Ludovic Givron - Je suis Ludovic Givron, je suis à la fois le Président de l’association "œHandynamic" , dont le parrain est Jean-Marie Bigard - l’activité de cette association, c’est la sensibilisation aux situations de handicap - et je suis donc également humoriste. Je suis paraplégique et en fauteuil roulant depuis l’âge de 17 ans - puisque mon accident est arrivé en 1985 - et j’ai toujours été attiré par le monde du spectacle, donc j’ai monté un spectacle qui s’appelle « Du rififi à l’Élysée » dans lequel je joue le personnage d’une petite mamie de 82 ans, qui est concierge de l’Élysée et qui a la langue bien pendue. Cela me permet de financer notre association à travers des représentations que je mène à droite et à gauche.

H. - Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir humoriste ?

L.G. - La passion du monde du spectacle. C’est vraiment quelque chose qui m’a attirée depuis très jeune. De 15 à 19 ans, j’ai été animateur de radio et si je n’avais pas eu cet accident de la circulation, j’aurais aimé effectivement faire de la scène ou être présentateur, animateur. Et donc étant très attiré par le monde du spectacle, il a fallu que je trouve un personnage qui soit crédible avec le fauteuil roulant, donc la petite mamie de 82 ans dans un fauteuil, c’est tout à fait logique.

H. - Dans votre métier d’humoriste, votre handicap est-il un handicap ou un atout ?

L.G. - Ni l’un, ni l’autre. Déjà les gens ne viennent pas vous voir parce que vous êtes handicapé, on n’est pas non plus des bêtes de foire. Et les gens rigolent parce que le spectacle est drôle. Je pense que si le spectacle n’était pas drôle, les gens ne se cacheraient pas pour me le dire, de la même façon que si j’avais été valide.

H. - Justement, en parlant de votre spectacle « Du rififi à l’Élysée », est-ce que vous pouvez nous parler de Madame Janssen qui est votre personnage ?

L.G. - Madame Janssen, 82 ans, concierge de l’Élysée. Elle est en fauteuil roulant, mais elle est au courant de tout. La télévision elle connaît, elle passe son temps devant les informations, donc elle connaît tout ça par coeur. Les hommes politiques, elle les appelle tous par leurs prénoms, elle les a tous vu défiler dans la cour de l’Élysée. Le personnage est à la fois très dur avec nos politiciens, et à la fois très drôle, parce qu’elle sait être drôle.

H. - Comment vous est venu ce projet de pièce ?

L.G. - Tout à fait naturellement, l’envie de monter sur scène. Quoi de plus drôle que de taper un petit peu sur nos politiciens. Il y a tellement à dire dans la politique mondiale, puisqu’on ne parle pas que de l’Élysée dans le spectacle, on parle également des autres chefs d’État, etc. Mais il y a tellement à dire, c’est un sujet tellement vaste qu’il se prêtait très bien au personnage.

H. - Et à chaque représentation le spectacle évolue ?

L.G. - Ah oui, complètement. Là par exemple, je repars en tournée à partir du mois de janvier. La dernière quinzaine du mois de décembre va être consacrée à la réécriture. L’actualité est tellement changeante qu’il faut que le spectacle soit revu, corrigé, réécrit afin qu’il soit au goà »t du jour, mais également très proche de la vie politique et de l’actualité.

H. - Qu’est-ce que vous souhaitez faire passer dans cette pièce ?

L.G. - Rien, pas plus qu’un autre humoriste. La seule chose que je veux faire passer, c’est une bonne soirée aux gens qui viennent me voir, que les gens repartent en rigolant, ce qui est le cas partout, donc j’en suis très content, ça veut dire que le message est bien passé. Moi la seule chose que je souhaite, c’est une soirée sans prise de tête où tout le monde rigole.

H. - Est-ce que vous abordez les questions liées au handicap dans votre pièce ?

L.G. - Non, pas particulièrement. Je fais bien entendu état de ma situation de handicap parce qu’il faut bien "camper le personnage", c’est-à -dire lui donner une crédibilité et expliquer au public pourquoi elle se retrouve dans un fauteuil roulant. Mais je ne parle pas du tout des problèmes qui peuvent être rencontrés par les personnes handicapées, parce que je pense que là , on aborderait un autre thème qui serait cette fois beaucoup plus sérieux, et je ne sais pas faire tout simplement. Il y a des humoristes qui sont très bons en la matière mais moi, personnellement, je ne saurais pas faire rire avec des situations aussi sérieuses que celles que l’on rencontre au quotidien quand on est handicapé.

H. - Et l’humour vous permet de faire passer quoi ?

L.G. - Tout. On peut tout faire passer avec l’humour. À travers l’humour, on peut sortir toutes les vérités, même celles qui ne sont pas toujours bonnes à dire. Elles passent beaucoup plus facilement sur le ton de l’humour que le cas contraire.

H. - Donc pour vous, l’expression "œon peut rire de tout" s’accorde en fait ?

L.G. - Oui, on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Il y a fort certainement des gens qui pourraient être sensibles ou heurtés par certains sujets. Les humoristes qui rigolent sur le thème du handicap, je trouve qu’ils ont le droit, à partir du moment où c’est dépourvu de méchanceté. Personnellement, je n’ai pas envie de le faire. Si on ne peut plus rire sur le handicap, il ne faut plus rire sur la religion, il ne faut plus rire de rien et je pense qu’on est dans un pays libre où justement, l’humour reste encore une liberté.

H. - Comment vous expliquez que d’un coup les gens s’intéressent comme ça au handicap ?

L.G. - Je ne pense pas qu’ils s’intéressent spécialement au handicap. Par exemple, il y a eu un film, il y a quelques années avec Titoff qui s’appelait "œCavalcade" et ça a fait un bide. Là , pourquoi "œIntouchables" ça fonctionne ? Parce que le film est bon. Il est plein d’humanité entre ce jeune de cité et cette personne handicapée. Il ne fonctionne pas parce qu’on touche au handicap. "œCavalcade" touchait au handicap et il n’a pas marché.

H. - Est-ce que vous avez d’autres projets qui sont en lien avec le handicap ?

L.G. - Sur scène non, je continue mon spectacle. Il va très bien et j’en suis très heureux. Pour l’instant, je n’ai pas l’intention de l’arrêter. Les autres projets que j’ai, sont liés à mon association. On continue de faire le tour de France pour aller sensibiliser les Élus, les journalistes, les hommes politiques, etc... aux situations de handicap. Aujourd’hui, je vois certaines associations qui se sont appropriées ces animations de sensibilisation. Nous, ça ne date pas d’aujourd’hui, ça va faire 20 ans qu’on fait ça.

H. - Est-ce que vous pouvez nous parler de votre association ?

L.G. - Le but de l’association "œHandynamic" , c’est d’aller de ville en ville avec notre matériel - on a un petit camion et des fauteuils roulants - et d’inviter les Élus, les journalistes et le grand public à prendre place dans des fauteuils roulants pour faire un parcours initiatique, à la fois dans la ville et sur notre lieu d’animation, avec des obstacles, des choses à ramasser... afin de tous les sensibiliser. Maintenant, il y a les écoles qui commencent à s’y mettre. On nous envoie des enfants afin de les sensibiliser à cette opération, et ainsi leur montrer comment on peut vivre quand on est dans un fauteuil roulant, comment on voit les choses différemment, les difficultés que l’on peut rencontrer... Alors de temps en temps, on a des artistes du spectacle qui viennent nous rejoindre. Notre parrain, Jean-Marie Bigard, vient régulièrement, mais on a d’autres artistes. On n’a pas mal de comédiens de "œPlus belle la vie" , Léa François, qui joue le rôle de Barbara, on a Dounia Cœsens qui joue le rôle de Johanna, on a Franck Borde. Quand il y a un comédien connu, ça permet de faire venir plus facilement les gens et les médias, donc on parle plus facilement de nos actions et du message que l’on veut faire passer.

H. - Justement si vous aviez un message à faire passer aux lecteurs de Handimarseille, ça serait lequel ?

L.G. - En ce qui concerne les lecteurs handicapés, je leur dirais que : dans la vie tout est possible, et je suis loin d’être un exemple. Il y a des gens qui font 100 fois mieux que moi. Des sportifs qui ont des parcours tellement exemplaires et qui sont des vrais exemples. Quand je vois des gens comme eux, ça me file la pêche. Et aux lecteurs non-handicapés, je leur dirais qu’il faut véritablement avoir pris la place d’une personne handicapée pour comprendre ce qu’elle vit ; et à partir de ce moment-là , ça sera beaucoup plus simple pour apprendre à vivre ensemble. Je pense notamment au respect des places de stationnement, aux voitures qui stationnent n’importe où, et qui nous empêchent de pouvoir monter le trottoir... Plein de petites choses du quotidien qui font que, tant que l’on ne s’est pas mis dans la peau de la personne handicapée, on ne peut pas comprendre ce qu’elle vit.

H. - Est-ce qu’il y a un sujet qui n’aurait pas été abordé dont vous aimeriez parler ?

L.G. - Pour moi, il faut que le handicap rime avec espoir. Vous savez, ça fait 27 ans maintenant que je suis en fauteuil roulant et l’espoir c’est vraiment ce qui m’anime tous les jours. Quand je me réveille le matin avec des projets, quand je vois tout ce que les handicapés sont capables de faire, je me dis qu’on a raison de se battre.

H. - Je vous remercie.

L.G. - Je vous en prie.

Yoann Mattei


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