"C"™est vraiment un chouette métier"

Plus jeune, Eric ne savait pas ce qu"™était l"™ergothérapie. Il l"™a découverte à l"™école et a décidé d"™en faire son métier. Ce qui l"™attirait dans cette profession, c"™était le côté humain. Il voulait être proche des personnes, les aider dans leurs vies, dans leurs difficultés sans pour autant les assister. Pour lui, l"™ergothérapie est plus qu"™une activité. C"™est donner aux personnes handicapées des moyens d"™être plus autonomes et créer des objets par elles-mêmes pour une meilleure indépendance.

"La production, c"™est tout ce qui est activité artisanale avec pour objectif de faire un objet, de le finir de telle sorte qu"™on en soit fier. Fier d"™avoir fait quelque chose malgré les difficultés liées au handicap. Ça redonne à la personne l"™envie de faire les choses et donc de produire."

Le rôle d"™Eric est d"™adapter l"™environnement de la personne handicapée, de l"™aider, de l"™accompagner, de lui donner les moyens techniques. C"™est aussi lui faire comprendre qu"™elle reste maîtresse de ses décisions et de ses actes. Pour un enfant handicapé, l"™ergothérapeute l"™aidera à se développer en fonction de son handicap. Il voudrait l"™amener à découvrir les moyens de compensation qui lui permettront de se construire et de se trouver une identité. Pour une personne handicapée suite à un accident ou une maladie, l"™ergothérapeute interviendra d"™abord par le biais de la rééducation. Développer au maximum les capacités de la personne, agir pour que son physique s"™améliore. Suivra la phase de la recherche des compensations gestuelles et techniques. L"™étape de la réadaptation viendra en dernier lieu et consistera, dans un premier temps, à évaluer les capacités de la personne à se gérer elle-même, à prendre des décisions. Sans cette évaluation, où sont pris en compte le social, l"™environnement, le médical, l"™envie et le besoin de la personne, il ne peut y avoir de réel travail de réadaptation dans la vie quotidienne.

"Le handicap acquis tardivement est plus difficile à compenser qu"™un handicap de naissance. On s"™intègre plus facilement quand on n"™a pas connu la vie normale."

Bien sà »r, le rôle d"™Eric est aussi d"™intervenir au niveau de "l"™aide humaine", (aides ménagères), de l"™aide aux déplacements (fauteuil roulant...) ou de l"™aide à l"™aménagement. Eric ne travaille pas seul auprès des personnes handicapées. Il est entouré de tout le corps médical, et notamment tous les spécialistes ayant un rapport avec le handicap : kinés, infirmiers, psychomotriciens, psychologues, rééducateurs, etc.

Malgré l"™amour qu"™il porte à son métier, Eric ne tisse pas de liens avec ses patients, ou du moins, il évite. Quand il en parle, sa gorge se noue, sa voix se remplit d"™émotion et les mots lui manquent. Bien qu"™il s"™oblige à rester distant, ce côté relationnel reste difficile à gérer. Eric garde en mémoire que ce sont des personnes atteintes de maladies graves, évolutives, et que son rôle, c"™est de les aider à être autonomes et indépendantes. S"™il s"™impliquait affectivement, alors qu"™il connaît pertinemment l"™issue de cette relation, il en souffrirait énormément.

"C"™est pour ça que mon numéro de portable ne sera jamais donné aux usagers du service, pour qu"™ils ne puissent pas m"™appeler à tout moment. Comme ça, il n"™y a pas d"™ambiguà¯té, en tout cas, pour moi."

Propos recueillis par Salima Tallas, mars 2005