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Vie quotidienne, regards croisés et sexualité des handicapés physiques

Cet article porte sur les handicapés physiques, hémiplégiques ou tétraplégiques, dont la tête fonctionne normalement mais dont la moitié ou la totalité du corps ne répond plus. Si la souffrance physique peut être pansée, la souffrance sociale, elle, reste à penser...

L’analyse goffmanienne (1975) de ce "stigmate", que laisse la maladie ou un accident, montre en quoi cette "différence avec la normalité subjective" de la société assigne, ou plutôt réduit les personnes handicapées à un statut à part. Il s’avère que le pouvoir des normes sociales est décisif dans le façonnage des corps, ce corps qui "œn’est pas une donnée de nature, mais bien une construction modelée par les contextes culturels qui lui confèrent une dimension symbolique" (1).

Cet article ouvre trois volets : la vie quotidienne des handicapés physiques, truffée d’embà »ches dues à la non accessibilité, les regards croisés ou représentations réciproques des handicapés et de ceux qui ne le sont pas et enfin, leur sexualité tardivement reconnue et de manière timorée par le corps médical.

Se déplacer, s’informer, se divertir sont synonymes de difficultés quotidiennes et récurrentes pour les personnes handicapées et impliquent systématiquement une logistique lourde. Ces problèmes sont dus notamment au manque d’aménagements multiples et la liste est longue : non accessibilité aux transports en commun, aux espaces urbains, aux services publics, non intégration scolaire, professionnelle, ainsi qu’aux loisirs : sport, culture etc.

Il sera question également du regard, ou plutôt des regards que nous croiserons. Il s’agit du regard que les handicapés portent sur eux-mêmes et sur la société qui tend à les laisser dans l’ombre, voire à les exclure. En parallèle, comment la société des "valides" perçoit-elle celle des "invalides" ou personnes à mobilité réduite selon l’usage convenu ? Quelles sont les représentations réciproques ? Sur quoi sont-elles fondées ?

Quelle image les handicapés ont-ils d’eux-mêmes ? Certains valorisent des aptitudes altruistes plus développées, telles que l’écoute et la tolérance. D’autres en revanche plongent vers la dévalorisation de leur personne : les souffrances physiques et sociales sont trop grandes. Ils ont, avec les valides, intériorisé les critères que la société leur fait porter : focaliser et réduire au trait d’" anormalité" l’ensemble de la personne handicapée. Celui-ci en devient avili, diminué, honteux.

La société occidentale et bien d’autres - nous y reviendrons - perçoit le handicap comme un stigmate, analysé et défini par E. Goffman (1975) comme étant la situation pour un individu que quelque chose disqualifie et empêche d’être pleinement accepté par la société. C’est à partir de ce stigmate que la société identifie, catégorise les personnes handicapées et leur assigne une identité sociale. Elles sont alors diminuées par cette société qui les associe à la faiblesse, au déficit, à une forme de désordre social. Si le mot stigmate sert "œà désigner un attribut qui jette un discrédit profond, [...] il faut bien voir qu’en réalité, c’est en termes de relations et non d’attributs qu’il convient de parler" (Goffman 1975 : 13). Un handicap tend à biaiser les relations humaines et, même inconsciemment, réduit les chances de la personne ainsi que son image, une idéologie du stigmate qui explique et justifie l’infériorité de la personne porteuse selon l’auteur. C’est à partir de ce critère que la société, par une catégorisation, a fait intérioriser ce stigmate, cette "anormalité" aux valides, aux "normaux", ainsi qu’aux personnes qui le portent, aux handicapés. L’image des handicapés fait-elle peur aux valides ? Leur renvoie-t-elle la projection qu’eux-mêmes pourraient le devenir, du jour au lendemain, à la suite à un accident de la route ?

Les interactions sociales donnent lieu à une incertitude : quelles seront les réactions d’un valide face à un handicapé ? Le contact donnera-t-il lieu à une nouvelle connaissance, un rejet ou une acceptation ? En définitive, les personnes handicapées ont le plus souvent le sentiment d’ignorer ce que les autres pensent véritablement d’elles. L’interaction, la relation mixte, est le plus souvent maladroite et la prise de contact problématique : curiosité morbide, compassion, se faire discret et avoir le regard fuyant ou chercher à tout prix le contact ou encore, apporter son aide, qu’elle soit ou non nécessaire. Les handicapés, plus habiles à manier les situations de malaise, puisqu’elles sont plus fréquentes dans l’interaction mixte, peuvent réagir variablement : embarrassés ou agressifs. Il peut arriver que les actes des valides soient interprétés par habitude vers la négative, des actes dont la signification n’est pas de mise.

Quant à la question de la sexualité, elle suscite encore aujourd’hui une gêne, représentation héritée de la tradition judéo-chrétienne autant que musulmane. Si nous croisons cette question avec celle des handicapés, le malaise s’amplifie encore. Longtemps non reconnue ni admise par le corps médical, si la sexualité des handicapés est aujourd’hui abordée, elle l’est de manière timorée ou offusquée, mais toujours empreinte de malaise. Nous poserons la question au personnel médical spécialisé, et notamment celle de l’encastrement, qui consiste avec l’aide d’un tiers à permettre un rapport physique à deux personnes dont la mobilité est complètement réduite. Pour répondre à une nécessité incontestable, une autre pratique - officieuse, informelle et marginale - consiste à accompagner des hommes handicapés chez des prostituées. Le film (2) de Jean-Pierre Sinapi, "œNationale 7" met très justement en scène cette réalité.

En Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas, des assistants sexuels pratiquent sur demande des soins d’un nouveau genre. Depuis peu, l’Institut Handicap et Sexualité (IHS) (3) propose un service spécialisé : l’organisme suisse a mis en place une formation d’assistant(e)s sexuel(le)s, qui auront désormais un statut juridique indépendant. Par ailleurs, l’IHS informe et conseille tous publics concernés, s’interroge sur ces problématiques, dispense une prévention sur les MST ou les violences sexuelles et déploie des activités de relations publiques.

Handicap ne veut pas dire asexualité, pourtant les initiatives restent limitées et pour cause, quand elles ne sont pas radicalement bloquées, elles doivent faire face à des résistances. Prenons l’exemple de l’association suisse Pro Infirmis, qui avait projeté avant l’IHS de lancer un programme de formation d’assistant(e)s sexuel(le)s, un projet auquel l’association a du renoncer face à la pression des donateurs (les dons ont diminué de 400 000 francs en cinq mois). Est-il si difficile d’admettre que les personnes handicapées soient des hommes et des femmes à part entière, et qu’il est plus malsain de les priver de sexualité ou d’en décider pour eux, que de répondre à leur demande sexuelle, biologiquement naturelle et socialement légitime ?!

LES LIENS

- "œLa communauté des personnes handicapées représente actuellement la plus grande minorité du monde. Contrairement aux réfugiés et aux victimes des persécutions religieuses et raciales, les personnes handicapées n’ont pas automatiquement droit à la protection des lois internationales".
Perez de Cuellar, ancien Secrétaire général des Nations-Unies
> www.cdh-politique.org

- Un site officiel vous renseigne (droits et démarches, questions/réponses, pour en savoir plus, formulaires etc.)
> http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/N12.html

- Vous trouverez un dossier (définitions, sexualité et handicap, associations, citations, revue de presse et bibliographie) sur le site
> www.casediscute.com/2001/122_handicap_amour/dossier/

- Mais aussi et bien d’autres...
> www.yanous.com/pratique/culture/culture001222.html
> www.handicape.com


(1) www.revues.org/corpsetculture/numero5/sommaire5.html

(2) A propos du film "œNationale 7" de Jean-Pierre Sinapi, avec Nadia Kaci, Olivier Gourmet, Lionel Abelanski, Chantal Neuwirth, Gérald Thomassin (sortie : 27 juin 2001, 1h31)
Résumé (allocine.fr) : Ce film est une comédie qui a pour cadre un foyer de vie pour handicapés moteurs adultes près de Toulon... et la N7. Il a pour héros, d’une part, René, myopathe de cinquante ans au caractère irascible et rebelle, unanimement détesté et d’autre part, Julie, éducatrice spécialisée débutante à qui on s’est empressé de confier la responsabilité de cet insoumis. Les provocations de René ne résistent pas à la candeur et à la droiture de Julie. Lui, qui ne s’est jamais confié, lui avoue qu’il veut faire l’amour avec une femme avant qu’il ne soit trop tard, avant que sa maladie évolutive ne le rattrape définitivement. Julie, avec le courage démesuré des timides, se met en quête d’une de ces prostituées qui œuvrent en camping-car le long de la nationale. René fait enfin l’amour. Il devient le plus délicieux des hommes. Les autres handicapés, qui n’en reviennent pas de sa métamorphose, cherchent à savoir pourquoi. Ils découvrent la raison de ses absences mystérieuses et répétées. C’est tant pis pour ceux qui voulaient hypocritement garder la chose secrète. Et c’est tant mieux pour les autres...

(3) www.edicom.ch/magazines/femina/epoque/dr_handicap.shtml


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