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Assistant pédagogique, un lien précieux entre étudiants handicapés et enseignants.

Assistant pédagogique, une profession qui tend progressivement vers une plus grande spécialisation pour répondre au mieux aux particularités du monde du handicap et aux exigences de l’enseignement supérieur. Deux assistantes pédagogiques ainsi qu’une responsable de la cellule handicap de l’Université de la Méditerranée nous présentent les aspects multiples de leur mission.

Handimarseille : Pourriez-vous commencer par vous présenter ?

Farida Benmansour : Je m’appelle Farida Benmansour, je suis assistante pédagogique à l’université Paul Cézanne et plus précisément sur les sites Aixois de l’Université, depuis 2004.

Sonia Martin : Je suis Sonia Martin, assistante pédagogique sur Aix et je suis assistante pédagogique depuis 2003.

H. - Quelles sont vos formations respectives ?

Farida Benmansour : Pour ma part, j’ai fait des études d’économies jusqu’en maîtrise à l’Université de la Méditerranée.

Sonia Martin : Quant à moi, j’ai fait une maîtrise de psychologie sur Montpellier.

H. - Quelles sont vos parcours professionnels ?

Farida Benmansour : C’est un concours de circonstance, j’ai postulé sur ce poste qui devait être provisoire après mes études. J’étais intéressée par un travail tourné vers les autres et d’accompagnement.

Sonia Martin : C’est à peu près la même chose pour moi. J’ai répondu à une annonce après mes études. Je recherchais un poste dans la filière sociale, handicapés ou adolescents en difficulté, et donc je me suis positionnée pour ce poste et je suis là depuis 2003. Il est vrai que cela nous apporte beaucoup au quotidien parce qu’ils font preuve de courage, malgré leur handicap.

Jeanette Theokritoff : Il n’existe pas de formation spécifique de prise en charge du handicap. Par contre, à l’origine le poste était essentiellement ciblé pour une prise de note. Par la suite, les postes ont assez évolué. L’assistante pédagogique était initialement attribuée à un ou plusieurs étudiants pour prendre les notes, mais comme le nombre d’étudiants a considérablement augmenté, on a adopté un autre mode de fonctionnement. Le temps imparti à la prise de notes a diminué. Bien que le recensement ne soit pas terminé, on accueillera cette année près de 150 étudiants. Aujourd’hui, la prise de notes se fait d’une manière différente et les assistantes pédagogiques effectuent un gros travail de coordination de l’aide qu’on apporte aux étudiants. Le travail a changé parce que les choses sont devenues plus complexes. Au fur et à mesure, on essaye de rajouter des formations. D’ailleurs, on a eu une petite formation sur les malentendants et on va en suivre d’autres. C’est une nécessité parce que la charge est devenue compliquée et complexe. Ces formations sont organisées à l’intérieur de l’université pour le personnel qui s’occupe de l’accueil des étudiants.

H. - Quelles sont les formations spécifiques reçues ?

Jeanette théokritoff : Pour l’instant, moi j’ai suivi une formation nationale, par le ministère pour les chargés d’accueil des universités, donc j’ai transmis un peu des choses que j’ai apprises, et les documents. Après, concrètement on travaille avec une association pour les étudiants malentendants : l’URAPEDA. D’ailleurs, on a passé une matinée de formation avec eux. On envisage ce semestre une formation sur une journée avec les collègues de la scolarité. De nombreuses personnes sont en contact avec les étudiants handicapés. La formation sera constituée d’une partie générale sur la loi et puis des enseignements spécifiques à chaque handicap, avec des mises en situation.

H. - Avez-vous suivi une formation sur la langue des signes ?

Jeanette Théokritoff : Non. En ce moment, nous n’avons aucun étudiant qui utilise le langage des signes. Ce n’est pas ce qui est le plus important.

Farida Benmansour : Non, durant la formation qu’on a reçue à L’URAPEDA, on s’est rendu compte que la langue des signes était un moyen de communication que les malentendants n’utilisent pas énormément. En tout cas, au sein de notre université, on n’a jamais eu d’étudiant qui communiquait par ce biais-là .

H. - Quelles sont les qualités nécessaires pour cet emploi ?

Farida Benmansour : D’abord, je pense qu’il faut savoir écouter les étudiants pour s’adapter vraiment à leurs besoins et leur manière d’appréhender les choses.

Sonia Martin : Il faut être disponible. Souvent, ils font appel à nous parce qu’ils sont perdus et ignorent à qui s’adresser. On est un peu le relais avec les scolarités et les autres services de l’université.

H. - Comment se passe l’accueil des nouveaux étudiants handicapés ?

Farida Benmansour : On les accueille dès leur arrivée et on évalue leurs besoins. Comme nous sommes leur point de repères, nous les informons qu’on est disponible et joignable à tout moment.

Jeanette Théokritoff : Bien souvent, les assistantes pédagogiques font le lien entre l’étudiant et les enseignants. En conséquence, elles doivent communiquer avec les professeurs et leur expliquer pourquoi on demande un traitement différent pour les étudiants handicapés. À ce niveau-là , elles ont au quotidien un grand travail de sensibilisation à faire. De plus, au vu de la masse d’étudiants qu’on accueille désormais, il faut être très bien organisé. C’est une grosse responsabilité qui nous incombe parce que si on oublie un étudiant, c’est catastrophique.

H. - En terme d’égalité, cela ne leur pose-il pas un problème aux professeurs ?

Farida Benmansour : Non, il ne s’agit pas de favoriser un étudiant en situation de handicap, par rapport à un étudiant valide. En fait, toute la difficulté est là , on essaye de compenser le handicap afin que tous les étudiants soient au même niveau. Mais, il ne s’agit en aucun cas de favoriser un étudiant. Désormais, les enseignants comprennent mieux cela.

Jeanette Théokritoff : C’est un travail de longue haleine. En fait, notre tâche est de garantir l’accessibilité aux cours. À l’étudiant malentendant qui n’a pas accès au cours oral du professeur, on essaye de le lui procurer par écrit. Il n’est pas favorisé parce que l’écrit c’est le seul moyen pour lui de suivre le cours. Il faut donc constamment expliquer la situation.

H. - Quelles relations établissez-vous avec les étudiants ?

Farida Benmansour : On essaye d’établir une relation de confiance. D’abord, on respecte autant que possible le secret médical de l’étudiant, même si on n’est pas forcément au courant de tous les détails. On est à leur écoute et, en général, on a de bonnes relations avec eux.

Sonia Martin : Ce n’est pas un service comme on pourrait croire, avec un bureau fermé et une secrétaire. Nous, on est disponible. Des fois, ils viennent juste pour nous dire "bonjour", ce n’est pas vraiment pour demander quelque chose. Mais nous n’établissons pas à proprement parler de relation amicale, ce n’est pas le mot qui convient. Nous sommes un service de proximité et ils savent qu’ils peuvent compter sur nous.

Jeanette Théokritoff : Ce qui est crucial dans la relation, c’est de les mener vers l’autonomie. Nous ne sommes pas là pour les materner, mais pour leur fournir un accueil privilégié afin de compenser le handicap. Mais la démarche c’est favoriser l’autonomie.

H. - Quelles sont les aides que vous apportez aux étudiants que vous assistez ?

Farida Benmansour : On dispose d’aides techniques et humaines. Au niveau technique, pour les étudiants malentendants appareillés, l’Université a acquis des appareils pour amplifier le son. Par ailleurs, nous avons passé des conventions avec des associations extérieures, notamment pour des transcriptions de braille, et nous effectuons la numérisation des documents pour des étudiants malvoyants et non-voyants. On a également acheté des ordinateurs portables pour seconder des étudiants qui ont des problèmes moteurs. Désormais, ils ont plus de facilités à composer durant les examens. Enfin, on a un télé agrandisseur équipé d’une synthèse vocale pour agrandir et lire les documents.

H. - Les étudiants en bénéficient-ils tout au long de l’année ?

Farida Benmansour : Oui, c’est pour travailler vraiment tout au long du semestre. Ensuite en terme humains, sur Aix, c’est Sofia et moi qui sommes assistantes pédagogiques. Sur Marseille, c’est une de nos collègues qui est en charge. Et puis, il y a aussi la responsable de la cellule handicap et la secrétaire. Par ailleurs, au niveau de la prise de notes, on a mis en place un dispositif qui s’appelle "Engagement étudiant", c’est l’accompagnement d’un étudiant en situation de handicap. Des étudiants valides assistent et accompagnent, un camarade en situation de handicap. Ainsi, ces derniers peuvent se voir attribuer à la fin de chaque semestre une bonification qui peut aller jusqu’à 0,5 points sur la moyenne du semestre.

H. - À qui s’adressent les étudiants handicapés pour la recherche de documents à la bibliothèque ?

Farida Benmansour : Ils s’adressent à nous, pour tout ce qui est manipulation de documents, notamment les étudiants malvoyants.

H. - Plus précisément comment s’organise la prise de note pour les étudiants handicapés ?

Farida Benmansour : Certains étudiants ne prennent pas leurs notes eux-mêmes, soit parce qu’ils n’entendent pas ou qu’ils ont des problèmes un peu plus complexes comme la dyslexie ou un problème moteur. Ils sont alors pris en charge par le dispositif de "l’Engagement étudiant" ou des étudiants valides de la même promotion les assistent. À notre prise de fonction, Sofia et moi, on prenait beaucoup de notes, mais on effectue cette tâche de moins en moins.

Jeanette Théokritoff : Sinon il faudrait qu’on emploie 30 personnes avec ces histoires de prise de notes, comme on n’a pas le support par écrit des professeurs.

H. - Quelles consignes vous donnez aux étudiants qui effectuent les prise de notes pour les étudiants handicapés ?

Farida Benmansour : On insiste vraiment sur le fait qu’il faut que ce soit des notes prises avec sérieux, qu’il n’y ait pas d’absentéisme. Durant le semestre, nous suivons le travail qui est effectué et on s’assure que l’étudiant en situation de handicap reçoit régulièrement ses cours. Pour les étudiants handicapés qui en font la demande, on a mis un système en place pour qu’ils reçoivent leurs cours par mail. Quant aux étudiants accompagnateurs, ils doivent nous mettre en copie sur le mail leurs notes qu’ils font parvenir à l’étudiant handicapé, pour qu’on puisse suivre le travail à distance. Par ailleurs, les étudiants qui font des photocopies lorsque les notes sont manuscrites passent par nous. Du coup, nous prenons en charge la photocopie et en même temps nous nous assurons que le cours est bien pris.

Jeanette Théokritoff : Et bien structuré. Ils sont censés les revoir pour les compléter. Mais on constate que les étudiants s’engagent, sont vraiment motivés et qu’ils se sentent investis d’une grande responsabilité vis-à -vis de leurs camarades. D’ailleurs, ils nous ont dit qu’en fin de compte, ils en profitent eux-même dans l’optique de l’examen final, parce qu’ils travaillent mieux leurs cours, qu’ils revoient et mettent au propre pour leurs camarades. Ce système est bénéfique pour tout le monde. Nous en sommes satisfait. Bien entendu, si un étudiant ne répond pas à nos attentes, nous le retirons.

H. - Est-ce déjà arrivé ?

Farida Benmansour : Oui, mais c’est quand même très rare. Peut-être, au début du dispositif, lorsqu’il était à ses balbutiements. Ce sont des candidatures spontanées. Ils se présentent de leur propre initiative.

Jeanette Théokritoff : Ce sont des personnes qui ont envie d’assister autrui. On ne les force pas. Ils sont libres. C’est sà »r que d’avoir quelques points en plus c’est intéressant mais c’est rarement les 0,5 points qui les poussent à venir. La plupart du temps, ils franchissent notre porte en prononçant les mots "j’ai envie d’aider quelqu’un".

H. - Avez-vous déjà été confronté à des étudiants qui voulaient conserver le secret de leur handicap ?

Farida Benmansour : Oui, certains étudiants ne souhaitent pas effectivement que l’information soit divulguée.

Jeanette Théokritoff : Peut-être 10/20 %. C’est la minorité quand même.

H. - Quelles sont les matières qui posent le plus de difficultés au niveau de la prise de notes ?

Farida Benmansour : Tout dépend du handicap. Les étudiants malvoyants ou non-voyants éprouvent des difficultés dans toutes les matières scientifiques : les maths, les statistiques, ou même les schémas et les formules économiques. Tout ce qui est au tableau déjà , l’étudiant non-voyant n’y a pas directement accès. Alors, lorsqu’il entend une explication, il n’a pas de support visuel comme les autres étudiants. Du coup, ces matières-là sont un peu plus difficiles à gérer.

Jeanette Théokritoff : L’apprentissage des langues peuvent être compliquées pour les malentendants, voire pour les malvoyants. Mais de nouveaux moyens techniques se sont développés comme le logiciel de langues, le Voice Over. Désormais, on arrive à mieux aider.

H. - Comment assistez-vous les étudiants, au moment des révisions ?

Farida Benmansour : Au moment des révisions, comme souvent, ils sont en binômes avec "l’Engagement étudiant", ils travaillent avec leurs camarades. En fin de compte comme tous les autres étudiants. Là , il ne s’agit plus de la prise de notes. Ils ont eu leurs cours et puis ils travaillent comme les autres étudiants.

H. - Quelles sont les consignes que vous recevez durant les épreuves pour assister les étudiants ?

Farida Benmansour : Il n’y a pas de consigne particulière, si ce n’est de rester le plus neutre possible. Lorsque l’étudiant nous dicte quelque chose, on écrit mots pour mots sans avoir de réactions, ni d’approbations.

H. - Est-ce difficile de rester neutre ?

Farida Benmansour : Non ! Cela fait plusieurs années qu’on les seconde durant les épreuves d’examen. On n’a pas de difficulté.

Jeanette Théokritoff : Elles sont vraiment transcripteurs, parce qu’elles n’ont pas fait d’études de droit, de plus Farida a oublié son économie.

Farida Benmansour : C’est bien lointain.

Jeanette Théokritoff : Ensuite, il y a également les sciences. Là , l’assistante pédagogique n’a pas forcément ou rarement plus de connaissances que la personne qui passe l’examen.

H. - Comment est vécu, pour les autres étudiants, le fait que des étudiants handicapés bénéficient d’un tiers de temps en plus ?

Farida Benmansour : Durant les examens, les étudiants qui ont le tiers-temps, composent dans une salle à part afin de ne pas être gêné lorsque les étudiants valides sortent des amphithéâtres. En général, cela ne pose pas de problème puisqu’ils ne sont pas avec les autres étudiants et je pense que c’est assez compréhensible. Les étudiants ont le tiers-temps pour compenser tout simplement leur handicap. Jusqu’à présent on n’a jamais eu de mauvais échos.

Jeanette Théokritoff : On dénombre de plus en plus d’élèves en situation de handicap dans les lycées ou le tiers-temps est appliqué. Ainsi, les jeunes connaissent et comprennent mieux la situation. La plupart des étudiants handicapés ont déjà bénéficié du tiers-temps aux épreuves du Bac.

H. - Quelles relations entretenez-vous avec l’équipe pédagogique ?

Farida Benmansour : Justement, nous essayons d’établir une relation avec les professeurs afin de les sensibiliser. D’autant plus qu’avec l’expérience, nous parvenons à mieux cerner les problèmes didactiques des étudiants handicapés.

Jeanette Théokritoff : Bien souvent à la première approche, on a une petite réticence des enseignants. Mais c’est aussi plus compliqué pour eux. Parfois, ils se retrouvent avec un supplément de travail. Toutefois, il y en a très peu qui résistent une fois qu’ils ont l’étudiant devant eux. C’est un travail de sensibilisation pour ceux qui ne connaissent pas. Un professeur qui a dans ses connaissances une personne handicapée sera plus ouverte et il comprendra plus vite. Les autres se font à l’idée et s’aperçoivent que ce n’est pas trop demandé non plus et après ça marche. Mais c’est un travail de longue haleine.

H. - Lorsque les enseignants vous donnent les cours à l’avance ne craignent-ils pas des fuites ?

Jeanette Théokritoff : Oui, la peur existe ! Mais on leur explique que c’est un contrat de confiance entre les étudiants, nous et eux. Cependant, certains ont plus peur que d’autres.

H. - Comment avez-vous perçu l’intégration des étudiants handicapés que vous avez accompagnés jusqu’à ici ?

Farida Benmansour : En général on a eu des étudiants qui étaient très ouverts d’esprit, qui étaient très avenants et qui eux-même allaient vers d’autres étudiants, donc cela s’est très bien passé. Quelquefois certains étudiants sont un peu plus réservés, mais en général l’intégration se fait assez bien. On n’a jamais eu vraiment de problèmes de moqueries ou d’une personne laissée à l’écart.

Sonia Martin : C’est surtout la première année qui est difficile, parce qu’ils sont plus jeunes et qu’ils découvrent l’université. Ensuite, au fil des années, ils s’intègrent tout seul.

Jeanette Théokritoff : Au début, il peut arriver qu’on doive aider un étudiant à s’intégrer. Là , par exemple il y a un étudiant malvoyant qui est un peu isolé pour l’instant parce qu’il ne peut pas aller vers les autres, comme il ne les voient pas. Donc là , on va faire quelque chose pour que ça s’améliore. On va se rendre à son groupe de TD et faire un tour de table, pour que tout le monde se présente. Je pense qu’en parlant des difficultés de cet étudiant, cela va peut-être briser la glace.

H. - Comment vivez-vous chaque année la rentrée universitaire ?

Farida Benmansour : C’est le moment où on sait qu’on va rencontrer de nouvelles personnes. A chaque fois c’est une histoire différente qui commence. C’est très enrichissant. Mais c’est aussi le moment de la mise en place de l’accompagnement pédagogique de l’étudiant, donc il ne faut rien oublier.

H. - Au niveau organisation, quels sont les éléments que vous voudriez ajouter à votre cellule ?

Jeanette Théokritoff : A un moment donné il va falloir que le personnel croisse, vu que le nombre d’étudiants handicapés augmente constamment. Par ailleurs, nos deux bureaux sont assez éloignés l’un de l’autre, ce qui n’est pas très pratique, notamment pour les permanences. Mais à terme, on occupera le même bureau. Les demandes ont été faites pour que cela se mette en place.

Farida Benmansour : La mise en route d’un ascenseur qui est prévu d’ici un mois, du coup, tout le bâtiment, sera accessible du sous-sol jusqu’au dernier étage.

Jeanette Théokritoff : Pour le reste, ce sont des détails, on a construit les toilettes filles handicap. A peu près tout ce que l’on demande, on l’obtient, même si ce n’est pas dans la minute.

H. - Les amphithéâtres sont-ils accessibles ?

Farida Benmansour : Oui, ils sont accessibles. Cependant, une année, un étudiant n’a pas pu accéder à l’amphithéâtre du deuxième étage parce que l’ancien ascenseur était trop petit. Finalement, l’étudiant a été basculé dans une autre division où tous les cours étaient accessibles.

H. - J’ai vu qu’il y avait des escaliers à l’entrée, dans le bâtiment principal, cela pose-t-il problème ?

Farida Benmansour :Non, on peut entrer des deux cotés du bâtiment et il y a une rampe qui a été mise aux normes, l’année dernière.

Jeanette Théokritoff : Il manque des mains courantes qui vont être installées dans deux semaines. On avance doucement. On demande des choses, au début on nous a répondu "Oui mais le bâtiment il est protégé..." et à la troisième demande on l’a eu.

H. - Comment les étudiants jugent t-ils les structures ?

Jeanette Théokritoff : Ils ne se plaignent pas. Non, ils sont très bien. De toute façon ce sont des lutteurs. Mais on est content quand ils nous signalent quelque chose qui ne va pas, on le note et on essaye de résoudre le problème. Par contre, l’ascenseur évidemment c’était énorme, mais cela coà »te un demi million. On a cassé tous les étages, c’est sà »r que cela, ce n’est pas une petite demande. Montperrin, c’est un nouveau bâtiment qui est accessible, la Canebière est totalement accessible. On a un étudiant à la Canebière qui ne peut rien manipuler. Pour qu’il soit bien dans sa chaise, on a acheté un appareil pour que l’écran ait la bonne inclinaison. Notre budget nous permet de réagir aux petites demandes à droite et à gauche.

H. - Mais 2007, est-ce un tournant ?

Jeanette Théokritoff : En 2007, tous les présidents des Universités de France ont signés une charte, qui justement garantit l’accessibilité au savoir des étudiants. Et donc, accessibilité au savoir cela peut concerner un bâtiment, comme un cours. C’est un fort message. Les Universités en général, se sont beaucoup mieux organisées maintenant, pour accueillir les étudiants.

H. - Et vous êtes en contact avec d’autres cellules, d’autres universités ?

Jeanette Théokritoff : Une fois par an comme je vous le disais, lors des journées nationales, le ministère rassemble toutes les universités durant deux jours. L’année dernière, l’évènement s’est déroulé à Bordeaux. D’ailleurs, les clips "d’Handivalides" y ont été montrés à l’ouverture. Enfin, il existe un réseau de mails, où nous sommes tous connectés. Lorsqu’une cellule handicap est confrontée à un problème dont il ne connaît pas la solution, elle lance la question dans le réseau. Ainsi, on trouve toujours une Université qui a rencontré la même difficulté, et qui nous raconte comment elle a dénoué son problème.

H. - Est-ce un réseau interne ?

Jeanette Théokritoff : Oui, il existe une plate-forme d’information qui s’appelle Pléiade, au niveau du ministère. Sur ce site web, on peut déposer les documents, des lois, des décrets, des idées, enfin toutes sortes de choses. Par exemple, on a déposé la plaquette de notre Université, afin que les autres puissent la voir et avoir des idées. De plus, les 80 Universités de France échangent de nombreux mails.

H. - Et comment se passe les retrouvailles avec les étudiants ?

Farida Benmansour : C’est toujours convivial. Nous on a gardé le contact avec certains anciens étudiants. On aime bien savoir comment ils évoluent dans le milieu du travail et ils nous racontent. On a gardé de bons contacts avec la plupart des étudiants.

H. - Quelles sont les choses que vous appréciez le plus dans votre profession ?

Farida Benmansour : C’est le contact humain. Je pense que c’est important parce que si on n’a pas envie de parler, il ne faut pas faire ce travail. C’est très enrichissant parce qu’on apprend sur les autres, la nature humaine, ou le combat.

H. - Y a-t-il des choses que vous appréciez moins ?

Farida Benmansour : Parfois, on est confronté à des situations un peu difficiles et il faut savoir garder un peu de recul, notamment lorsqu’un étudiant est dans une situation plus difficile que les autres.

H. - Quelles relations vous avez avec la direction de l’Université ?

Jeanette Théokritoff : On a d’excellentes relations. D’une part, on une vice-présidente déléguée chargée du soutien à l’étudiant qui s’occupe très directement du handicap. Elle est notre porte-parole auprès du Président. D’autre part, on a un vice-président étudiant qui travaille très étroitement avec le Bureau de la Vie étudiante. Il porte bien notre message à la direction, d’ailleurs c’est lui qui a fait la maquette et la mise en page de nos guides sur son temps libre. On a donc un porte-parole auprès du président qui est souvent submergé de travail.

H. - Avez-vous quelque chose à rajouter ?

Jeanette Théokritoff : On a une collègue qui travaille à la plate forme d’orientation et insertion professionnelle, qui est spécialisée et référent handicap. C’est elle qui organise les forums. Ainsi, elle met en contact les entreprises et les étudiants pour les stages pendant les cursus et elle s’occupe de l’insertion professionnelle pour les formations en alternance. Par ailleurs, elle a aussi le projet de tourner des vidéos d’insertion professionnelle avec des témoignages d’étudiants.

H. - Comment se passe l’insertion professionnelle ?

Jeanette Théokritoff : Bien. La loi des 6 % là , c’est à la faveur des étudiants. Et puis, c’est quand même des étudiants très qualifiés, ils ont des études de Bac + 5 voir plus. C’est une chose qui intéresse les employeurs.

H. - Comment réagissent les employeurs ?

Jeanette Théokritoff : Elle est en contact avec des entreprises qui sont très sensibles et très engagées. Par ailleurs, elle a tout un réseau et elle travaille avec d’autres organismes comme l’Agefiph, Emploi Héda, Cap emploi, l’Apec, qui sont des organismes spécialisés dans l’accompagnement vers l’insertion professionnelle des étudiants.


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