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ISATIS, un partenaire essentiel pour l’emploi des personnes ayant un handicap psychique

Françoise Colétaire, psychologue clinicienne à Isatis témoigne des difficultés particulières rencontrées par les personnes ayant un handicap psychique pour trouver un emploi. Un handicap qui dérange, qui fait peur car mal connu et générateur de nombreux fantasmes et idées reçues. Selon elle, il y a encore beaucoup à faire, il y a des solutions à inventer : « il faudrait parallèlement mettre en place des parcours spécifiques, créer des entreprises autres, pas seulement en milieu ordinaire ou protégé. »

ISATIS, un partenaire essentiel pour l'emploi des personnes ayant un handicap psychique

Handimarseille : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Françoise Colétaire : Je m’appelle Françoise Colétaire, je suis Psychologue clinicienne depuis une dizaine d’années à ISATIS, une association qui a plusieurs antennes dans toute la région PACA-Corse et dont la spécificité est d’accompagner les personnes souffrant de problématique psychique dans leurs démarches d’accès à l’emploi.
Nous accompagnons et suivons ces personnes dans la construction d’un projet socio-professionnel en milieu ordinaire mais, aussi en milieu protégé.

Dans l’accompagnement, il y a la notion de temps qui est essentielle pour suivre des personnes ayant des problématiques psychiques. En effet le rapport au temps est souvent complètement déformé.
Les entretiens sont individuels, nous avons vraiment une approche au cas par cas dans le but d’une construction du projet professionnel et du projet de vie.
Pour les personnes les plus éloignées du monde du travail, il y a les SAMSAH, qui sont un service d’accompagnement médico-social.

H : Comment définir le handicap psychique ?

F.C : Nous savons que depuis la loi 2005, le handicap psychique est mis en avant, on en parle. Avant, il était associé au handicap mental et à la déficience alors que ça n’a rien avoir puisque, ça touche l’être et sa personnalité.
À un moment donné, une personne peut basculer dans une autre réalité, son rapport au monde est différent et le fait que ce ne soit pas visible rend les choses certainement plus compliquées pour un employeur qu’un handicap visuel ou moteur qui se voit et pour lequel on a une réponse technique évidente.
C’est un progrès que le handicap psy soit repéré dans la loi 2005, mais, attention car, on a tendance à y mettre tout ce qu’on ne comprend pas. Il faut être très prudent car, c’est un handicap qui s’analyse au cas par cas. Dans les entreprises, quand on repère une bizarrerie chez une personne parce que par exemple elle va être bien un jour puis l’autre très mal, la personne est mise de côté, elle est exclue comme c’est souvent le cas car, les gens ne comprennent pas et en ont peur. Cette fluctuance est quasi permanente, c’est un handicap où rien n’est linéaire, ça touche tellement à l’intimité que du coup les compensations sont délicates. Il faudrait créer un espace à penser, un espace de parole, un lieu permettant à ces personnes d’expliquer ce qui leur arrive afin de mieux les appréhender et peut être d’adapter leur travail.
Il faut également qu’il y ait une évaluation clinique pour pouvoir repérer justement ces choses qui ne se voient pas, pouvant s’appréhender par le dialogue. Si on ne communique pas avec ces personnes, on ne peut pas comprendre leur rapport au monde, leur réalité au quotidien, leur réalité psychique. Pour se protéger, elles vont mettre en place des mécanismes de défense, parfois ça peut être l’agressivité, l’angoisse ou le repli sur soit, ce ne sont que des symptômes pour se protéger et il faut le savoir !

H : Vous accompagnez des personnes qui peuvent travailler en milieu ordinaire, comment est-ce évalué ?

F.C : Nous accompagnons des personnes qui ont une RQTH (Reconnaissance en qualité de travailleur handicapé) vers des milieux ordinaires. L’accompagnement se fait par l’évaluation d’une Psychologue clinicienne et d’un délégué à l’insertion. Cette alternance-là de la clinique et de l’insertion est vraiment très pertinente. Ça permet à la fois de tenir compte de la problématique de la personne mais, aussi de l’insérer dans des lieux qui seront susceptibles de proposer un suivi, des périodes de formation, de stage. En effet, le rapport au rythme du travail, au rendement et à l’autre sont trois grands axes dont il faut plus particulièrement tenir compte.

H : Selon vous, faut-il parler de son handicap à l’employeur ?

F.C : Les personnes se disent, est-ce que je dois le dire ou pas ? Est-ce que je dois dire que j’ai une allocation adulte handicapé, une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé ? Il est vrai que pour certains employeurs c’est un frein parce qu’il y a beaucoup de méconnaissance concernant ce handicap. Si l’employeur ne se sent pas concerné par cette question, ne fait pas la démarche d’essayer de comprendre, c’est compliqué.
Il arrive également que le jour de l’embauche, l’employeur ne repère rien puis quelque temps après, il est confronté au mal-être de son employé et là il n’a pas en général les moyens de gérer dans l’urgence.

En tout cas, pour les personnes suivies par notre service, les employeurs sont tenus informés. C’est l’objet de notre accompagnement, pour l’employeur, ça va être un plus. Je ne vois pas pourquoi le cacher, ce ne serait pas constructif pour la personne. Elle même pour aller mieux, il faut qu’elle ait fait le point avec son handicap. Je pense qu’il faut déjà l’accepter soi-même pour pouvoir le faire accepter aux employeurs ou autres. Je suis partisane de dire les choses, pas tout mais, tout ce qui va permettre à la personne de prendre son poste dans les meilleures conditions et de pérenniser son emploi.

Il y a des entreprises qui se préoccupent vraiment de comment accompagner ces personnes. On en revient toujours à la même conclusion, s’il y a une méconnaissance de la part de l’employeur mais, aussi des collègues de travail, si l’entreprise n’est pas préparée à accueillir des personnes « autres », ça va être très compliqué, la personne va se mettre à l’écart et ne tiendra pas.

H : Un des handicaps qui fait le plus peur aux entreprises c’est le handicap psychique, qu’en pensez-vous ?

F.C : On le sait tous, la folie dérange. Il y a une énorme part d’inconnu, et l’employeur est souvent démuni face à ça. Il a beaucoup de préjugés et comme je disais, si l’employeur ne fait pas l’effort de s’informer, il reste sur ses aprioris et sur ses représentations souvent erronées. Personnellement, je trouve qu’on régresse. Nous étions un peu plus ouvert dans les années 70. Il y a un vrai enjeu sociétal au niveau de l’intégration des personnes ayant un handicap psy.

H : Une des principales inquiétudes serait l’absentéisme. Est-ce que vous pensez que c’est justifié ?

F.C : L’absentéisme chez ces personnes est quelque chose qu’il faut analyser au niveau du subjectif et non de l’objectif. Si ça se répète, si les choses commencent à devenir chroniques, c’est que c’est un signe d’un mal-être, de quelque chose qui ne va pas.

H : Comment rassurer les employeurs ? Comment faire évoluer les choses ? Quelles solutions envisager ?

F.C : Je pense qu’il y a encore des solutions à inventer. L’information est une des clés. Mettre en place un dispositif avec une équipe spécialisée susceptible de repérer et de devancer les problèmes, faire de la prévention. Aujourd’hui, le travail peut s’avérer compliqué pour ces personnes-là, il faudrait diversifier la façon de les mettre au travail. Il faudrait parallèlement mettre en place des parcours spécifiques, créer des entreprises autres, pas seulement en milieux ordinaires ou protégés. Certains ne peuvent pas travailler en milieux protégés parce qu’il ne colle pas du tout à ce modèle et en milieux ordinaires non plus car, le rythme, le rendement est trop important et le collectif est impossible. C’est tout ça qu’il faut repenser au niveau sociétal. Il faut créer des passerelles entre le monde des entreprises et les structures d’accompagnements qui suivent des personnes souffrantes de handicap psychique. Il y a les structures d’insertion par l’activité économique qui sont particulièrement adaptées mais, il n’y a pas de possibilité de pérennisation, et cela représente peu d’emploi.

H : Ce serait quel genre d’organisation ?

F.C : Développer davantage des entreprises qui n’ont pas la même attente économique que les entreprises classiques, avec des temps partiels, une prise de poste progressive. Partir de ce qui est possible pour l’employé plutôt qu’attendre qu’il colle d’emblée à l’attente de l’employeur. Là on arrivera à avoir des compétences, des qualités professionnelles.
Aujourd’hui, on le voit bien les ESAT, sont en difficulté parce qu’on leur demande une rentabilité avec un public qui ne l’est pas. Il y a un fort encadrement qui a un coût et également des temps de formation plus importants, une rapidité d’exécution qui n’est pas la même. C’est à prendre en compte. Il y a un engagement à prendre de la part des entreprises. Et quand j’entends que c’est un handicap qui fait peur, c’est que ça n’avance pas beaucoup !

H : Vous est-il arrivé de rencontrer le cas où le salarié a mis l’entreprise en difficulté du fait de sa pathologie ?

F.C : Nous accompagnons les personnes et les protégeons de ça, le salarié autant que l’employeur. Si jamais on repère une possibilité de mise en danger pour qui que ce soit, on arrête le processus de recrutement.

Ça rassure l’employeur de voir que la personne est accompagnée par un service spécialisé. Il faut développer ça, nous avons un lien permanent avec l’entreprise. Dès que la personne sent qu’elle n’est pas bien ou qu’il y a un arrêt de traitement, elle vient nous voir, on met en place un travail avec les partenaires. C’est comme ça que ça peut avancer. Nous faisons beaucoup de formations auprès des entreprises. Il est plus dur pour une personne non accompagnée de se faire embaucher.

H : Avez-vous quelque chose à ajouter ? Une note positive ?

F.C : Je pense qu’il serait bien de créer des espaces de paroles pour entendre les personnes atteintes de handicaps psychiques, cela ouvrirait des possibles. Ce sont des gens qui peuvent se mettre au travail de manières différentes et arriver à faire des choses extraordinaires. Derrière chaque sujet il y a une personnalité, une histoire, c’est à partir de là qu’on peut commencer à faire du bon travail, plutôt que de se limiter à cette étiquette de la maladie mentale, du handicap psychique.


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