La complexité de la recherche sur le handicap : les troubles de la cognition et les troubles psychiques
L"™une des caractéristiques de la recherche sur le handicap est la diversité des disciplines qui interviennent dans son champ. S"™intéresser au handicap, c"™est nécessairement étudier les causes, mais aussi les conséquences sociales, économiques ou émotionnelles. Or, si la recherche scientifique peine à identifier les causes d"™une maladie ou déficience à l"™origine d"™un handicap, cela rend aussi très difficile de déterminer un traitement ou une thérapie efficace. C"™est en particulier le cas pour tout un ensemble de troubles affectant les fonctions cognitives et le système nerveux qui sont à l"™origine de troubles de l"™apprentissage ou de handicaps mentaux et relationnels.
Pendant de très nombreux siècles, on a vu dans les déviances mentales ou les troubles de la cognition, des manifestations surnaturelles mêlant magie et esprits maléfiques. Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour que des médecins commencent à établir les bases de la psychiatrie et de la psychologie. L"™avènement de la psychanalyse au XXe siècle a permis, quant à lui, de jeter un éclairage nouveau sur des troubles mentaux ou des maladies psychiques et de prendre en considération leur importance dans la société. Cependant, force est de constater que ces troubles, maladies ou handicaps restent encore trop méconnus. Il a fallu notamment attendre la loi du 11 février 2005 pour que soit légalement reconnu, en France, le handicap psychique.
Cette méconnaissance a plusieurs explications. D"™abord, les handicaps concernés sont très nombreux et variés. Surtout, ils ne sont pas toujours visibles. Il n"™empêche que ces troubles créent de véritables handicaps d"™apprentissage ou relationnels, car ils affectent les mécanismes de la cognition ou le système nerveux.
La cognition
La cognition est définie comme étant l"™ensemble des actes et des processus de la connaissance. Elle comprend l’attention, la perception, la mémoire, le raisonnement, le jugement, l’imagination, la pensée et la parole. Elle a son siège dans le cerveau et plus précisément dans le cortex cérébral. Le mécanisme de cognition est rendu possible par le système nerveux, présent dans tout l"™organisme, mais regroupé essentiellement dans le cerveau et la moelle épinière. Le système nerveux est éminemment complexe et fragile. Un traumatisme, une maladie ou une déficience peuvent engendrer des troubles et des dysfonctionnements handicapants.
La recherche scientifique, et la génétique en particulier, a permis de mieux comprendre ces divers troubles et maladies du système nerveux et de la cognition. En effet, alors que durant plusieurs décennies on a donné à un certains nombre de troubles de l"™apprentissage ou du comportement des explications purement psychologiques, des travaux récents tendent à montrer que ces troubles ont d"™abord pour origine des anomalies biologiques, souvent génétiques. Les facteurs sociaux et culturels ne sont donc pas forcément déterminants, mais aggravants. Une autre caractéristique de ces troubles de la cognition est qu"™ils entraînent souvent des handicaps relationnels plus ou moins graves, soit par des difficultés d"™apprentissage du langage et de l"™écriture, soit par des angoisses et la modification de la perception de la réalité.
Un exemple de trouble de l’apprentissage : la dyslexie
S"™agissant des troubles de l"™apprentissage, on peut prendre comme exemple la dyslexie, qui est un dysfonctionnement neurologique ayant pour conséquences des difficultés d"™accès au langage et des inversions de données. On estime qu"™en France, 8 à 10% des enfants scolarisés souffriraient de dyslexie. Les causes exactes de ce trouble ne sont pas encore définies, mais il serait lié à une anomalie génétique de traitement des sons par le cerveau. Des tentatives d"™explications de la dyslexie par la psychologie ne sont toutefois pas totalement exclues. Ce trouble peut être corrigé partiellement par des séances dirigées par un orthophoniste ou un psychothérapeute. La dyslexie, comme d"™autres troubles affectant l"™apprentissage (dysphasie, débilité mentale"¦) peut entraîner des problèmes d"™intégration sociale ou d’ordre psycho-affectif.
Les mécanismes de la cognition nous permettent de communiquer avec notre environnement, de le percevoir et d"™agir. Dès lors, il est facile de comprendre que l"™altération de ces mécanismes, due à des anomalies biologiques ou à des traumatismes, peut être la cause de véritables handicaps relationnels voire de troubles de la personnalité. Ces troubles psychiques sont très nombreux et divers, mais pas rares. Il semble que l’anxiété joue un rôle important dans ces troubles, intervenant comme un fait déclencheur ou comme symptôme. Ainsi, une part importante des troubles psychiques se manifestent par des phobies ou par des rituels visant à diminuer des angoisses, ce qu’on appelle les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC). Pour la psychanalyse ou la psychologie, ces troubles anxieux handicapants, mais sans modification du sens des réalités du patient, sont des névroses. Lorsque les troubles psychiques ont pour conséquence une altération significative de ce sens de la réalité (hallucinations, idées délirantes...), on parle alors de psychose.
Un exemple de trouble psychique : les schizophrénies
Il existe différents types de psychoses. Les plus connues sont les schizophrénies qui mêlent altération de la perception de la réalité, troubles cognitifs et dysfonctionnement comportementaux. Selon diverses études, les schizophrénies concernent environ 1% de la population française. Elles auraient pour origine une anomalie génétique. En tout cas, l’hérédité y joue un rôle notable puisque un enfant qui a un parent malade voit son risque d’être aussi schizophrène augmenter de 10%. Ce chiffre passe à 40% si les deux parents sont touchés. La maladie apparaît en général entre 15 et 35 ans. Dans un premier temps, elle se manifeste par des troubles cognitifs (troubles de l’attention, problèmes de concentration...) Les épisodes psychotiques (hallucinations, délires...) interviennent un peu plus tardivement. Ils ont une durée variable, et peuvent n’être que transitoires. Ils se caractérisent par l’anosognosie du patient, c’est-à -dire qu’il n’est pas conscient de sa maladie. Les schizophrénies constituent des handicaps relationnels très importants. Elles conduisent le malade à s’isoler socialement (diminution des loisirs, de la fréquentation des amis...). Les schizophrènes connaissent de grandes difficultés pour s’insérer dans la vie active, notamment en raison de leurs difficultés à communiquer (idées, émotions...) et à leur apathie ou manque d’énergie apparent. Il existe des traitements médicamenteux des schizophrénies passant par la prise de neuroleptiques et d’antipsychotiques. Un suivi psychothérapeutique est aussi nécessaire.
Il est regrettable que les pouvoirs publics ne prêtent attention à certaines maladies psychiques qu’à la suite de faits divers défrayant la chronique et n’agissent, du coup, que dans la précipitation. Car le sujet mérite un traitement en profondeur et une véritable politique à long terme. Les troubles de la cognition et les maladies psychiques touchent un nombre très important de personnes, les malades et leurs familles. Leur complexité, faisant intervenir facteurs biologiques et environnementaux, nécessite donc des moyens financiers importants à mettre en œuvre pour faire progresser les recherches.
Vous avez trouvé cet article intéressant ou utile, votez :