La maltraitance envers les personnes handicapées et vulnérables
Ce mois-ci, HandiMarseille tente d’approcher le phénomène de la maltraitance des personnes en situation physique ou psychologique vulnérable et qui, d’après les récentes études, reste encore sous-estimé et souvent tabou. La maltraitance est considérée comme une des multiples formes de violence, intentionnelle ou non, que peuvent subir les enfants et les adultes vulnérables, et particulièrement les personnes âgées ou handicapées, dont la santé fragile nécessitent des soins particuliers et une attention régulière de la part des institutions ou des proches qui sont censés les soigner et les protéger.
Afin de mieux comprendre la complexité des mécanismes socio-éducatifs et des relations médicales et familiales, souvent difficiles, qui lient les différents protagonistes, traitants et traités, HandiMarseille se doit d’en apprendre davantage sur le quotidien et sur les problèmes auxquels ces personnes sont confrontées. Déjà en souffrance par leur condition, telles l’invalidité, la vieillesse, la maladie, ou le plus souvent la solitude et les carences sociales et affectives, elles doivent en plus supporter le poids des brimades, des vexations, ou simplement l’indifférence, l’incompétence de leur environnement familiale ou médical. Nous nous sommes aussi intéressés à ceux qui, par leur travail exigeant et leur engagement volontaire, se préoccupent et agissent souvent comme bénévoles, pour la reconnaissance du bien-être et des droits pas toujours évidents à définir, à l’égard de ces personnes vulnérables, parfois maltraitées, le plus souvent négligées, oubliées et marginalisées dans notre communauté égocentrique en crise utilitariste.
À travers des témoignages d’itinéraires de vie parfois tragiques, des faits et des méfaits presque ordinaires, racontés sur le vif, mais d’où émane une force de sincérité et d’émotion à fleur de peau qui nous touche, et atténue un certain malaise que l’on ressent à l’écoute des propos bruts et parfois cruels de certaines existences trop longtemps maltraitées, méprisées... Comme va nous le révéler l’entretien sur le vif de Michel : édifiant vécu de cet homme qui a aujourd’hui 50 ans, abandonné à 3 mois par une mère alcoolique, elle-même en souffrance, et qui, à lui seul cristallise toutes sortes de stigmates de la maltraitance qu’on puisse endurer, avec les séquelles physiologiques et sociales qui en découleront tout au long de son existence.
En tout cas, on souhaite, sans condescendance ni exhibitionnisme, faire partager nos impressions, nos préoccupations, ainsi que nos sources d’informations, en les diffusant au plus près des gens, afin qu’à leur tour ils se fassent leur propre idée sur ce vaste et complexe sujet des maltraitances. Par ailleurs, après les avoir rencontrés sur le terrain, nos assistants rapportent des entretiens de responsables d’associations d’aides et d’organismes officiels de soutien que nous avons pu questionner, dans leur cadre social ou professionnel. Ils nous confient leurs expériences face à la dure réalité de ce qu’éprouvent ces personnes invalides ou faibles, et pourtant si proches de nous. En effet, comment ne pas se sentir concernés par leur sort, puisque enfant, vulnérable nous l’avons tous été, et qu’inexorable le temps viendra où nous serons âgés, diminués, mais toujours réclamerons notre bien-être, dans la dignité à laquelle chacun a droit.
D’où l’importance de mettre en évidence les rapports complexes de responsabilité et les liens de confiance qui se nouent dans les inter-dépendances entre patient et gardien, soignant et soigné.
Ainsi, comme le déplorent les spécialistes et les associations de soutien qui connaissent le problème : « Qu"™elle soit familiale ou institutionnelle, la maltraitance reste souvent difficile à appréhender, tant par son ampleur que par la nature des violences qui la caractérisent... ». Justement, la difficulté réside dans le fait que l’on doit détecter les signes avant-coureurs de mauvais traitements, pour essayer de les prévenir avant de devoir soulager et prémunir les intéressés...
Dans l’humilité et la conscience, notre site se doit d’être une vigie attentive des dysfonctionnements sociaux et éthiques de notre société sur les plus faibles de ses membres, et un relais témoin d’information, de communication, d’orientation dans la rencontre des uns vers les autres, sous toutes ses formes... Signalons que c’est par le sérieux du site de l’association Alma, et la richesse de leurs informations, qu’HandiMarseille a pu réaliser et compléter de façon précise et un peu cohérente ce difficile dossier de la maltraitance. Merci à sa présidente Mme Marand-Fouquet.
Un curseur entre violence et négligence
Sait-on où commence la maltraitance dans ce monde violent ?
Selon l’Alma, si on voulait établir une nuance entre "œviolences" et "œmaltraitances" , on pourrait dire que la violence est un terme qui peut s"™appliquer à toute agression d"™un être envers un autre, quelles que soient les forces des protagonistes, tandis que maltraitances s"™applique davantage aux torts causés à une personne par une ou des personnes dont le rôle, a priori, serait de la bien traiter.
La prise de conscience de ce qu"™il fallait absolument lutter contre les maltraitances est récente, à l"™échelle de l"™histoire. On peut distinguer trois périodes, de longueur très inégale. [1] :
° Un long temps d"™acceptation presque totale des violences ordinaires "des origines au XVIII° siècle.
° La prise de conscience du temps des Lumières (XVIII° siècle) et ses suites paradoxales ;
° L"™éveil des années 1960 et ses effets sur l"™organisation sociale et les rapports intergénérationnels.
Au regard de l’histoire, le terme maltraitance est relativement récent, au sens de "œmal fait à un individu" , alors que celui-ci, comme tout être vivant, a droit au respect, à l’affirmation de son identité et de ses besoins fondamentaux et individuels ; d’autant plus, s’il est vulnérable et nécessite donc une protection, une attention particulière. D"™abord utilisé à propos des enfants, depuis peu il s’applique aux personnes âgées et handicapées ; il révèle des transformations radicales du regard et des pratiques dominantes de notre société au cours des derniers siècles. Il s"™agira ici de la civilisation occidentale, celle dans laquelle nous travaillons ensemble, à une meilleure prise en charge des individus les plus fragiles. Cette civilisation est née sur des valeurs dites judéo-chrétiennes, en lien avec la philosophie grecque platonicienne ; l"™idéologie des droits de l"™homme en découle et développe des principes se référant à un système de croyances qui pose la dignité de la personne humaine comme principe fondamental.
Voilà pour les principes, néanmoins la réalité de notre mode de vie actuelle ne laisse plus beaucoup de place à la lenteur de la vieillesse, symbole de sagesse et d’expérience à nous transmettre, ni à la bienveillance pour les plus faibles des nôtres, pour nos aînés qui refusent qu’on les infantilise, qu’on les abuse, ou qu’on les traite d’inutiles en les menaçant : « Si tu ne fais pas ce qu’on dit, tu seras placé en institution, en maison de retraite, où tu ne pourras plus voir tes petits-enfants, ni ta famille. »
L’histoire des violences ordinaires trop longtemps acceptées
Pour éduquer, élever les enfants, corriger les faibles dans les règles régissant une société, les châtiments corporels furent pendant longtemps admis. La fessée ou le martinet ont laissés des traces... sur la mémoire des enfants d’hier, devenus parents aujourd’hui. Doit-on reproduire ce qu’on a subi, châtier par amour, corriger par devoir l’enfant, sans d’abord se corriger soi-même ? Des civilisations contemporaines continuent à appliquer ces principes violents, basés sur la tradition, provoquant des tensions, lorsque les représentants de ces sociétés viennent vivre en Occident, où ces pratiques, jugées d’un autre âge y sont interdites. Les violences légitimes contre la femme, l’enfant, ou les procès récurrents des excisions révèlent que, ce qui nous semble ignoble ici, dans d’autres systèmes de pensée, c’est au nom de la juste autorité et de la tradition que ceux qui les commettent défendent ces actes.
L"™histoire de l"™éducation des enfants, des rapports conjugaux, de la vieillesse, est remplie, aux siècles anciens, d"™exemples de pratiques violentes, toutes légitimées par une morale de la tradition et de l"™autorité ; cette morale s"™explique par les représentations de l"™époque à propos des femmes, des enfants, des vieillards. Ces représentations sont le plus souvent exprimées par des clercs, des hommes d’église pour lesquels, toute éducation réussie permettait de gagner le Ciel par ses mérites. L"™exigence de bonheur, et de bonheur terrestre, est venue bien plus tard.
_Ce n’est pas pour autant que la violence était systématique et régulière, ni qu’il n’y avait pas d’affection et d’amour au sein des familles. C’était le temps où les aînés ne finissaient pas en institution, ni ne vivaient séparés des nouvelles générations. La prise de conscience ne s’est pas faite en un jour, pas plus que les valeurs éthiques et éducatives qui nous semblent évidentes, actuellement.
Si les exhortations à la sévérité reviennent si souvent dans le discours des éducateurs, c"™est bien qu"™elle ne va pas de soi. Il faut se garder, lorsqu"™on examine ce que les textes anciens nous disent des pratiques d"™un autre âge, d"™évaluer ces actes, ces gestes, avec les valeurs qui sont les nôtres.
Aujourd’hui, où en sont ces valeurs humanistes héritées du passé, concernant la bienveillance, le respect, ou simplement l’intérêt pour le savoir d’antan, l’expérience et le vécu des aînés, dans la quête actuelle effrénée du "jeunisme" à tout prix ?
Vingt années environ séparent les premières parutions d"™articles sur les violences envers les vieux (au milieu des années 1970, dans le monde anglo-saxon), de la fondation et de la mise en activité des premières antennes ALMA. L"™essor du mouvement de lutte, contre la maltraitance des personnes âgées, est contemporain de l"™arrivée des baby-boomers au seuil de la vieillesse.
Notre dossier propose quelque suggestions de livres intéressants pour une approche de compréhension prudente, mais concrète sur les nombreux cas de maltraitances.
La maltraitance : définitions...
Diversité de définitions : d’organismes et d’associations d’aide et de soutien aux personnes âgées et handicapées ; des sources sà »res et multiples, d’où nous avons puisé moult de nos informations et que chacun pourra, par ailleurs consulter sur leur site, telle l’Alma, le site du Sénat, etc.
Maltraitance :
Sorte de mot-valise qui désigne en général la manière répréhensible et condamnable dont on considère, on s’occupe (se préoccupe) d’autrui, en situation de dépendance ou de vulnérabilité...
Même si la maltraitance reste assez vague à définir, il s’agit très souvent d’une situation complexe dans laquelle interagissent la personne qui subit la violence et ses auteurs, eux-mêmes parfois en situation de souffrance.
Du reste, certaines pathologies ou états de dépendance extrême, comme les handicaps lourds ou les pathologies démentielles, peuvent favoriser l’émergence chez autrui de situations de violence, comme par exemple, lorsqu’un proche se retrouve isolé et sans soutien ; d’ange-gardien, il peut devenir bourreau, sans préméditation.
Il est question à la fois de faits graves, pour lesquels la justice est à interpeller, comme des dysfonctionnements dans la connaissance et l’application des "œbonnes pratiques professionnelles" : nutrition, incontinence, contention... Mais il est aussi question de l’éthique individuelle, propre à chacun d’entre nous, face à une personne âgée, un parent en difficulté, devenant fatiguant à la suite de sa lourdeur de prise en charge, suite à la maladie qui le mine chaque jour... Peut-on juger celui qui a la charge de veiller sur un parent dépendant, durant toute son existence ? Il est essentiel pour les familles de se sentir soutenues financièrement et légalement par les élus politiques.
Le respect de leur dignité reste le meilleur rempart contre la maltraitance.
Les professionnels acceptent aujourd’hui d"™aborder la maltraitance et de l"™intégrer dans leurs analyses de fonctionnements internes.
Toutefois, contrairement à d’autres types de violence, le concept de maltraitance, phénomène à la fois individuel et collectif, fait l’objet d’une pluralité de définitions, qui illustre la difficulté à en donner une qui soit précise et consensuelle.
Des mots et des maux...
Les mots suivent lentement les choses. On a d"™abord utilisé le mot violences, plus général. En 1976, le mot maltraitance n"™est pas dans le Robert en 7 volumes. On n"™y trouve que le verbe maltraiter, daté du XVI° siècle. Il est défini d"™abord comme : « traiter avec violence, brutalité, accabler de coups et de mauvais traitements ». Les exemples fournis sont : « maltraiter un enfant, un prisonnier sans défense, un animal. Femme maltraitée par son mari ». Le deuxième sens proposé est : « Traiter avec rigueur, dureté, inhumanité. Exemple : père maltraité par ses enfants ingrats ».
Le mot maltraitance n"™apparaît, dans les dictionnaires usuels français, qu"™à partir de 1992 seulement. Remarquons à ce propos l"™évolution des titres des livres que fait paraître le Professeur Robert HUGONOT : le premier paraît en 1990 chez Erès sous le titre : Violences contre les vieux. En 1998, paraît chez Dunod La Vieillesse maltraitée, réédité en 2001.
Dans le Petit Larousse de 2004, maltraitance est flanqué de l"™abréviation "œdidact" , ce qui signifie didactique, mot employé le plus fréquemment dans des situations de communication impliquant la transmission d"™un savoir. Autrement dit, la maltraitance est un concept né du travail social, et celui-ci apprend à la société à la reconnaître et à la combattre.
La définition qui en est donnée est : « Fait de maltraiter un enfant, une personne âgée ou dépendante, etc., l"™ensemble des mauvais traitements eux-mêmes ». Le mot maltraitant apparaît aussi : « adjectif et nom, qui se livre à des mauvais traitements, se rend coupable de maltraitance ». L"™évolution des dictionnaires reflète l"™évolution du regard social depuis un quart de siècle, sous l"™impulsion de quelques pionniers.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a défini la violence de la manière suivante : « la violence fait référence à tout acte violent de nature à entraîner, ou risquer d’entraîner, un préjudice physique, sexuel ou psychologique ; il peut s’agir de menaces, de négligence, d’exploitation, de contrainte, de privation arbitraire de liberté, tant au sein de la vie publique que privée » .
En 1987, le Conseil de l"™Europe a défini la maltraitance comme une violence se caractérisant par « tout acte ou omission commis par une personne, s"™il porte atteinte à la vie, à l"™intégrité corporelle ou psychique ou à la liberté d"™une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière. » En 1992, le Conseil a complété cette définition par une typologie des actes de maltraitance :
* Violences physiques : coups, brà »lures, ligotages, soins brusques sans information ou préparation, non satisfaction des demandes pour des besoins physiologiques, violences sexuelles, meurtres (dont euthanasie)"¦
* Violences psychiques ou morales : langage irrespectueux ou dévalorisant, absence de considération, chantages, abus d"™autorité, comportements d"™infantilisation, non respect de l"™intimité, injonctions paradoxales"¦
* Violences matérielles et financières : vols, exigence de pourboires, escroqueries diverses, locaux inadaptés"¦
* Violences médicales ou médicamenteuses : manque de soins de base, non information sur les traitements ou les soins, abus de traitements sédatifs ou neuroleptiques, défaut de soins de rééducation, non prise en compte de la douleur"¦
* Négligences actives : toutes formes de sévices, abus, abandons, manquements pratiqués avec la conscience (ou pas) de nuire...
* Négligences passives : négligences relevant de l"™ignorance, de l"™inattention de l"™entourage...
* Privation ou violation de droits : limitation de la liberté de la personne, privation de l"™exercice des droits civiques, d"™une pratique religieuse"¦
Selon ALMA France, dont l’entretien avec Mme Marand-Fouquet [2] nous apparaît comme fort instructif, il convient d’ajouter aux violences physiques et psychiques, les négligences actives (privation des aides indispensables à la vie quotidienne : manger, s"™habiller, se lever, aller aux toilettes, recevoir des visites"¦) et passives (oubli, abandon"¦) qui constituent de la maltraitance par omission.
Plus récemment, le Conseil de l’Europe a créé en son sein un groupe de travail sur la violence, la maltraitance et les abus à l’égard des personnes handicapées. Ce groupe de travail a établi, sous la direction du professeur Hilary Brown, le 30 janvier 2002, un rapport portant sur "œLa protection des adultes et enfants handicapés contre les abus" .
Néanmoins, rappelons les remarques qu’ont faites les délégations françaises et norvégiennes concernant la définition de la maltraitance : « la difficulté de cet exercice consiste à situer correctement le problème entre deux pôles dont le premier serait une définition réductrice de la violence [...] qui masquerait la réalité du phénomène, et le deuxième une extension exagérée du concept qui en atténuerait la spécificité en y incluant des problèmes beaucoup plus vastes... ».
La définition du ministère : une difficile recherche d’exhaustivité... [3]
Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d’État aux personnes handicapées, a donné une définition extrêmement large de la maltraitance et a souligné son omniprésence : « Pour ma part, je considère comme maltraitance toute négligence, petite ou grande, toute absence de considération, qui peut aller jusqu’à des violences graves. ».
La commission d’enquête note que, la définition donnée par la secrétaire d’État de la maltraitance envers les personnes handicapées, montre toute la difficulté à définir avec précision un concept multiforme. La recherche de l’exhaustivité est, dès lors, un exercice non seulement difficile, mais quasiment vain.
Selon Mme Marie-Thérèse Boisseau, qui a développé devant la commission d’enquête sa définition de la maltraitance envers les personnes handicapées :
« La maltraitance est partout ». Nous pourrons retrouver tous ses propos détaillés, sur ce qu’elle considère globalement comme de la maltraitance, sur le site du Sénat, indiqué plus haut.
Aujourd’hui, comment détecter les cas de maltraitance ?
Force est de constater que trop d"™adultes vulnérables sont encore victimes de maltraitance, même si nous ne sommes pas en mesure aujourd"™hui d"™évaluer l"™ampleur du phénomène. Toutefois, la connaissance qualitative des situations de maltraitance envers les personnes âgées s"™améliore, comme le montre, par exemple, l"™analyse des 8 600 appels téléphoniques reçus en 2003 par ALMA - ALlô MAltraitance : la moitié de ces appels concernait des situations de maltraitance.
Dans 70 % des cas, il s"™agissait d"™une maltraitance au domicile de l"™adulte vulnérable. Les victimes étaient majoritairement des femmes (73 %), âgées pour 53 % d"™entre elles de plus de 80 ans. Les maltraitances déclarées au téléphone étaient surtout des cas de maltraitance psychologique, suivis par ordre décroissant de cas de maltraitance financière et physique et de négligences. Les auteurs présumés étaient à 73 % des membres de la famille, notamment les enfants de la personne maltraitée (64 %).
Les 30 % des cas restants concernaient une maltraitance en établissement. Là encore, la majorité des victimes (70 %) étaient des femmes, âgées de plus de 80 ans (67 %). Les maltraitances déclarées au téléphone étaient majoritairement des négligences, suivis par ordre décroissant de cas de maltraitance financière, psychologique et physique. Les auteurs présumés étaient à 65 % des membres du personnel de l"™institution, dont en majorité (41 %) des membres du personnel soignant.
Soyons attentifs pour évaluer et traiter les cas de maltraitance
Il a été décidé de développer le dispositif d"™écoute et de traitement des signalements de situations de maltraitance en généralisant le réseau ALMA - "œAllô maltraitance personnes âgées" - à l"™ensemble du territoire national, et en l"™étendant aux personnes handicapées.
Le programme pluriannuel d"™inspection des risques de maltraitance dans les établissements sociaux et médicaux sociaux, lancé par la DGAS le 1er janvier 2002, porte sur le contrôle, sur une période de cinq ans, d"™au moins 2 000 établissements sociaux et médico-sociaux (en plus des inspections menées à la suite de plaintes, de signalements ou d"™incidents). Il a deux buts : la prévention et le renforcement de la fonction d"™inspection dans les services déconcentrés. Il s"™agit de mener ou de soutenir des actions à moyen et long termes visant à modifier le regard porté sur les personnes vulnérables et à améliorer leurs conditions de vie à domicile ou en institution.
Les actions conduites ou soutenues peuvent être par exemple :
* le développement des démarches d"™amélioration continue de la qualité des services
* la mise en place de politiques de formation et de soutien des personnels
* la mise en œuvre des dispositions de la loi n° 2002-2 du 2 janvier qui garantit le respect des droits des usagers et de leur entourage
* le développement d"™attitudes personnelles, professionnelles et civiques d"™empathie, de bienveillance
* la mise en œuvre dans les établissements et services d"™une démarche d"™analyse et de gestion des risques
* la mise en place d’une structure d"™appui.
Peut-on continuer à ignorer les victimes de la maltraitance ?
La pire des choses serait de passer sous silence la souffrance et le mépris que ressentent ces personnes en manque d’attention, de protection et de reconnaissance sociale. Parler, oui, il faut dire, expliquer et énoncer, afin de dénoncer la pluralité des situations de mauvais traitements infligés aux plus faibles d’entre nous, afin d’atteindre la conscience civique et morale de chacun et d’alerter l’opinion.
L’équipe HandiMarseille a pour but d’ouvrir des pistes d’éclairage sur ce sujet aussi vaste que complexe de la maltraitance, sans prétendre à en faire le tour, mais du moins interpeler l’opinion publique et les gouvernants sur la gravité des mauvais traitements et le malaise qu’inspirent les non-dits sur la violence, et le plus souvent sur l’indifférence à l’égard des personnes âgées, des adultes invalides, et de tout être qui semble fragile, à une époque où on ne valorise que la puissance démonstrative. Même si dans la fameuse fable du Loup et l’Agneau, ce dernier disait : "œ La raison du plus fort est toujours la meilleure " , parions que la force de l’esprit et du verbe peut préserver les plus vulnérables d’entre nous de la violence et de l’ignorance, sources de malheurs, d’abus de pouvoir et d’absence de bienveillance pour autrui.
_ Sur ce site, nos intentions ne sont ni d’ordre démagogique, ni de jugement prématuré, mais plutôt une tentative de désenclaver de son carcan innommable ce vaste et épineux problème de la maltraitance dans ses complexes ramifications, et d’en informer le plus grand nombre, le faire réagir, afin qu’il s’évertue à poursuivre ses propres investigations et se fasse son point de vue, sans déni, ni faux-semblants, vers la re-connaissance de la complexité d’autrui, et par-delà vers une meilleure connaissance de soi.
Chacun d’entre nous doit se sentir concerné par les maltraitances, endurées par les plus fragiles d’entre nous, car sinon ce serait ignorer une évidence : notre propre vulnérabilité, lors de notre prime enfance, parfois brimée ou négligée, et bien sà »r l’œuvre du temps en marche et les aléas de la vie qui ne laissent jamais quiconque indemne... Par conséquent, la sagesse commande de nous y préparer, en projetant sur notre semblable la tolérance, la bienveillance qui feront écho à notre propre parcours intellectuel et spirituel, afin d’améliorer les relations sociales et inter-générationnelles à une époque dite individualiste. Alors essayons d’ouvrir les yeux et les cœurs à la compréhension de la détresse de ceux et celles que, peut-être nous fà »mes et qu’en tous cas, nous ne manquerons pas de devenir... Logique et universel, comme le pensait le mathématicien Simon Laplace : « Nous devons considérer que l’état présent de l’univers est l’effet de son passé et la cause de son futur ».
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