A la rencontre de sa sexualité
« Dur à vivre de ne pas sentir », quand on perd l’usage et la sensibilité de la moitié de son corps en pleine adolescence, difficile d’envisager sereinement les relations sexuelles. Maxime, jeune trentenaire, raconte le cheminement vers la découverte de ses désirs, de ses fantasmes et de sa sexualité.
Moment dur, le premier vrai moment dur après mon accident : à quinze ans, ma première relation sexuelle, je sentais rien. Je savais même pas si mon sexe était dans la meuf ou pas. Je sentais rien.
Ma première relation sexuelle, y avait pas le viagra, y avait un truc horrible. J’ai eu ma première relation sexuelle comme ça. Il fallait que je me fasse une piqûre dans le sexe. Horrible, pauvre fille, quand j’y pense. Il fallait piquer bien perpendiculairement. Et ça marchait même pas. Du coup, une semaine après, on a essayé sans piqûre, et le lendemain... Au bout de deux trois fois, ça a marché. Il faut simplement de l’entrainement.
Si j’ai pas couché pendant six mois, la première fois que je recouche avec une fille, il vaut mieux que je prenne quelque chose, discret tu vois et après c’est lancé, j’en ai plus besoin. Et si je la vois pas pendant trois semaines, vaut mieux que je prenne un petit cachet pour m’aider, mais sinon le reste du temps ça fonctionne tout seul, au contact de la main, avec les caresses.
Au début de mes relations, je me disais il faut que je sois comme tout le monde. Donc j’allais en boîte, il fallait que je serre un maximum de filles, à m’en écœurer, vraiment à m’en écœurer, m’écœurer des femmes. J’étais spectateur parce que quand je couchais avec elle, je sentais rien. Elles s’amusaient toutes seules ou pas... Ce qui est sûr c’est que moi je m’amusais pas.
Plus tard, il a fallu tout réapprendre. Réapprendre la tendresse, réapprendre les sentiments, le feeling. Je suis pas obligé d’être amoureux pour prendre du plaisir. Peut-être même au contraire, parce que l’amour ça crée un enjeu.
Il faut que je puisse en parler avant, que ce soit vu comme un jeu, que si ça bugge un peu la première fois, que la fille le sache, ça marchera mieux la deuxième.
J’ai très mal vécu un jour un mot : « actionne ». Ma copine me dit : « arrête de me regarder comme ça avec tes yeux amoureux, mais actionne putain ! »
Et elle s’était barrée. Ce « actionne », il a résonné dans ma tête, je pouvais pas actionner, ça marchait pas à ce moment là. C’est que c’était le summum de l’excitation, des préliminaires, il aurait fallu que j’actionne à ce moment-là, je le savais, mais je pouvais pas, je compensais par de la tendresse, par des caresses. Mais elle voulait pas ça, à ce moment-là, il fallait actionner.
Dur, dur à vivre, de ne pas sentir.
Aujourd’hui j’arrive à sentir plein de choses, mais si c’est une fille qui ne me plaît pas vraiment, s’il n’y a pas les câlins, si c’est niquer pour niquer, ça n’a aucun intérêt pour moi.
J’ai arrêté les filles d’un soir, je me suis calmé, c’était une époque de ma vie
mais c’est délicat d’expliquer quand t’as 20 ans comment ça marche pour toi.
Avant de parler de sexe, t’as la rencontre. Je rencontre une fille en boîte, à l’époque c’était ça surtout, les filles d’un soir, on se plaît et tout, au bout d’un moment elle se pose la question, c’est normal, moi il faut que je sois subtile.
J’avais mis au point deux trois méthodes, genre : « qu’est ce que tu aimes le plus ? » En espérant qu’elle me réponde : « et toi ? ». Et que je lui dise : « la musique et faire l’amour... » Tu vois, le glisser, montrer que c’est possible. Pour qu’après je rentre avec elle et que si ça se trouve ça marche pas. Enfin tu vois c’était foireux quand même !
J’ai aussi appris avec des filles qui ont refusé de coucher avec moi, avec qui j’ai passé des moments bien meilleurs, avec juste quelques bisous quelques caresses quelques discussions, et je me rendais compte que c’était bien mieux, que la soirée avait été magique et que ça l’était pas quand...
Je prends beaucoup de plaisir par le haut du corps. Un plaisir décuplé. Quand tu perds ta sensibilité sur une partie de ton corps, tu développes une hyper sensibilité sur tout le reste du corps. Je suis hyper sensible mais hyper hyper hyper sensible. Et je prends surtout un plaisir intérieur, l’avant, l’après est bien plus important pour moi, c’est ce qui valorise le pendant.
Les discussions, être avec une femme avec qui je fais l’amour aussi avec des mots, alors l’amour sexuel va bien se passer.
La sexualité j’ai appris que ça se résume pas à l’organe sexuel. Il y a les fantasmes, et tout le corps, je suis un ultrasensible et je prends un pied de folie à me faire caresser.
Franchement, maintenant, je considère le sexe comme un art. Parce que j’ai travaillé pour ça. Pour arriver à faire l’amour. C’est pas trop dans les positions, il y a plein de positions qu’on peut faire, c’est pas ça. Mais pour qu’il y ait un partage, que ce soit vraiment à deux, pour qu’il y ait une symbiose, ça a été du taf ! J’ai appris au fil du temps à aller à la rencontre de ma sexualité, pas celle qu’on vante partout, celle qui est la mienne, celle dans laquelle je suis moi-même.
Après il y a ce foutu rapport au corps, Je me rappelle d’une fille avec qui j’ai fait l’amour, c’est sorti spontanément, elle me caressait, elle m’a dit « mais moi, j’aime tes jambes ! », ça sonnait vrai, ça m’avait fait du bien !
Le top du top pour moi un livre de poésie, un pétard, un peu de vin blanc, des caresses, se regarder, se faire du bien, moment d’ivresse, de plaisir partagé.
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