Le Comptoir de l’orientation, coaching professionnel
Se retrouver face à un changement radical de vie causé par un handicap, rebondir dans son projet professionnel n’est pas simple. D’échecs répétés en entretiens ratés, il est normal de se poser des questions. Si l’on est perdu et que l’on ne sait plus quoi faire, la solution peut être le coaching professionnel. Parce qu’il est important de savoir quelle image donner de soi pour trouver un emploi, accepter son handicap c’est aussi le faire accepter aux autres. Aurélie Waesberghe, fondatrice du Comptoir de l’Orientation, propose une méthode tournée vers l’avenir pour vous accompagner vers ce changement.
Handimarseille : Pouvez-vous vous présenter ?
Aurélie Waesberghe : Directrice associée du Comptoir de l’orientation, je suis également coach professionnelle. Le Comptoir de l’orientation est une agence de coaching d’orientation et de carrière. Elle s’adresse à toutes les personnes qui, à un moment de leur vie, ont besoin d’être accompagnées en termes d’orientation professionnelle, d’évolution de carrière, de reconversion ou de préparation à la retraite.
H : Qu’est-ce que le coaching ?
A.W : Le coaching est une méthode d’accompagnement soit individuel soit d’équipe pour permettre à la personne accompagnée d’atteindre son objectif. Cette méthode est encadrée par une déontologie qui repose sur trois piliers qui sont la bienveillance, la neutralité c’est-à-dire l’absence de jugement et la confidentialité. Les coachs suivent en général une formation qui repose sur différentes théories de la psychologie et de la communication (Analyse transactionnelle, PNL, Systémie…). Le coach travaille sur un protocole de questions, de mise en action de la personne à partir de ses motivations et de ses valeurs. Il peut également utiliser des exercices et différents tests : personnalité, psychologiques, management… Le coaching est, au départ, issu d’une école américaine.
H : Qu’elles étaient les raisons de votre présence au Salon Autonomic dédié aux innovations dans le secteur du handicap ?
A.W : Le Comptoir de l’orientation était convié sur le Village Emploi et Insertion afin d’animer l’espace coaching.
H : Quelles étaient les attentes des personnes que vous avez rencontrées sur place ?
A.W : J’ai rencontré des personnes qui avaient des demandes diverses. Pour certains, il était question de leur projet professionnel et de savoir comment le mettre en place. D’autres sont venus pour obtenir des conseils sur le recrutement. Certaines personnes ne comprenaient pas pourquoi leur CV n’était pas retenu, ou pourquoi elles n’arrivaient pas à réussir leurs entretiens d’embauche. Nous avons alors travaillé sur l’image qu’elles pouvaient renvoyer d’elles-mêmes à travers leur CV. Je leur ai posé des questions afin de les aider à définir ce qui pouvait les entraver lors d’un entretien. Pour sortir de ce blocage, je les ai orientées pour leur permettre de mieux cerner ce qu’un recruteur pouvait attendre d’elles lors d’un entretien.
Et j’ai aussi rencontré pas mal de personnes qui ne savaient pas quoi, ni comment faire avec leur handicap et qui s’interrogeaient beaucoup sur la façon dont l’employeur pouvait l’appréhender.
Dans ce cas, je leur ai retourné la question : « et vous, qu’est-ce que vous en faites de ce handicap ? Comment vivez-vous avec et comment le faites-vous percevoir à votre entourage ? »
Il peut être question de non-acceptation de son handicap. Je ne suis pas moi-même en situation de handicap et je ne peux certainement pas me mettre à la place de ces personnes. Néanmoins, il me semble que, dans la vie, pour chaque difficulté qui se présente, celle-ci doit être comprise et acceptée afin de pouvoir avancer. Il n’y a pas de reconstruction possible sans deuil.
Et, au salon, j’ai rencontré un certain nombre de personnes qui venaient de se découvrir travailleur handicapé suite à une longue maladie ou suite à un accident, des personnes pour qui, ce travail de deuil n’était pas encore fini, avec une difficulté à se reconstruire encore très prégnante.
H : Selon vous, quels sont les problèmes les plus récurrents en matière d’emplois pour les personnes porteuses de handicap ?
A.W : C’est avant tout un problème d’accès à l’emploi au niveau du recrutement. À Marseille, c’est aussi le problème de l’accessibilité dans la ville, en particulier des transports !
J’ai constaté également des difficultés pour les personnes dont le handicap n’est pas visible. Elles sont généralement qualifiées, et ne rencontrent pas d’obstacle au niveau du recrutement mais plus tard, dans le maintien au poste de travail. L’employeur ou l’équipe, oublie trop souvent que la personne peut avoir des difficultés liées à son handicap et à ce moment-là, elle se retrouve isolée, seule avec son handicap. Il y a un réel travail à faire auprès des entreprises pour qu’il y ait un vrai suivi du travailleur handicapé après l’embauche.
H : Est-ce que vous appliquez les mêmes méthodes de travail avec les personnes en situation de handicap ?
A.W : Les outils sont les mêmes. J’utilise le télécoaching pour les personnes à mobilité réduite ou mal voyantes, ce qui leur offre plus de confort. C’est une variante du coaching en face à face qui passe par un accompagnement téléphonique à un rythme adapté et prédéfini avec la personne pour une durée de trois à six mois. Les échanges de documents comme les exercices écrits se font simplement par mails. Et le vrai outil du coach, c’est le questionnement. C’est aussi une écoute active, en faisant attention non seulement au contenu mais également à la façon dont la parole est délivrée. C’est important pour amener la personne à comprendre qui elle est vraiment et permettre la mise en route de la motivation nécessaire pour atteindre son objectif.
H : Qu’est-ce qui vous a amenée à travailler avec ce public ?
A.W : Je ne choisis pas, je ne fais pas de discrimination positive ! Je travaille avec tous les actifs, dès lors où l’on a un projet professionnel on peut venir voir le Comptoir de l’Orientation. Les personnes en situation de handicap qui viennent me voir sont pour 70% concernées par des handicaps non visibles, issus d’accident ou de maladie invalidante ils doivent brutalement faire face à des changements de vie et de carrière, c’est pour cela qu’ils s’adressent à moi.
H : Qu’est-ce que vous apportez aux personnes que vous coachez ?
A.W : Je peux les aider à travailler sur un projet de vie. Quand on se pose beaucoup de questions, que l’on ne sait plus quoi faire et que l’on ne comprend pas pourquoi on ne trouve pas d’emploi, que l’on est perdu dans son projet professionnel, le coaching est une bonne réponse. Il est un accompagnement au changement. Pour pouvoir changer, il faut d’abord
bien se connaître. Le coaching est révélateur de personnalité et de talents cachés.
H : Auriez-vous quelques conseils pratiques à donner à une personne en situation de handicap qui cherche un emploi ?
La première question à se poser est celle de l’acceptation de son identité de personne en situation de handicap et de statut de travailleur handicapé. Le regard sur le handicap de la part du recruteur va aussi dépendre de la façon dont la personne le vit. La personne qui cherche un emploi doit aussi comprendre à qui elle s’adresse dans ses candidatures et cerner les attentes et les besoins du recruteur. Et pour plus de transparence, avant un entretien il paraît judicieux de prévenir la personne de son handicap, en particulier lorsqu’il est visible.
Avant toute chose, il est primordial de soigner son CV, c’est la toute première image de soi que l’on donne à l’employeur, il doit vous ressembler le plus possible, c’est votre carte de visite. Ensuite, travailler sur son projet professionnel : bien se connaître et savoir où l’on va. Enfin, il y a le réseau à développer pour trouver un emploi, connaître les bonnes pistes, c’est aussi important.
H : Quelles sont les choses les plus compliquées à surmonter pour les personnes en situation de handicap ?
A.W : Les principales difficultés sont la perception du handicap par autrui, même s’il n’est pas visible, et comment faire avec ce regard. Il y a aussi l’acceptation du handicap par la personne elle-même. Elle est parfois en lutte contre son handicap, ce qui lui demande toute son énergie et ne lui permet pas de la mobiliser pour la construction de son projet professionnel, ou de vie. C’est tout un travail d’acceptation de changement de vie à faire.
H : Comment la personne peut-elle s’assurer des compétences d’un coach ?
A.W : Le premier contact permet de sentir si le courant passe ou non, ce doit être gratuit et sans engagement. Il ne faut pas hésiter à interroger le coach sur son expérience, sa formation, depuis quand il exerce et avec quel type de public. On peut lui demander de raconter des exemples de réussite. Voir si son entreprise bénéficie d’une bonne visibilité, consulter son site internet, vérifier s’il y a des témoignages d’expérience.
Il faut également savoir que le mot coaching est galvaudé. Par abus de langage, il est très utilisé dans l’insertion professionnelle et même dans le milieu scolaire. Il ne s’agit pas alors de coaching à proprement parler. Le coaching doit être encadré par un contrat qui stipule la durée, le nombre de séances et le rythme, il fixe un objectif à atteindre. C’est un travail de fond qui va faire bouger la personne, c’est pourquoi il est important de faire appel à un professionnel du coaching qui ne sera ni dans le conseil, ni dans la formation mais bien dans le coaching.
H : Et le financement ? Est-il est possible d’obtenir des aides pour un coaching ?
A.W : Oui, le coaching peut parfois être pris en charge par les entreprises ou les structures d’insertion professionnelle dont le travailleur handicapé dépend. Concernant le coaching de particulier, nous pratiquons, au Comptoir de l’Orientation, des tarifs très étudiés.
Enfin, vous trouverez sur le site du Comptoir de l’Orientation des informations concernant le financement des bilans professionnels.
H : Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
A.W : Ce travail répond à mes valeurs humaines. C’est pour cela que j’ai créé cette activité. Je souhaitais vraiment mettre à la portée de tous cet outil formidable qu’est le coaching. J’encourage vivement vos lecteurs à vivre ce qu’ils ressentent en leur for intérieur et oser être soi.
Propos recueillis par Géraldine Deshais
Voir en ligne : Le Comptoir de l’Orientation
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