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Roland Kirk, l'homme aux trois saxophones - Le magazine - Culture - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
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Roland Kirk, l’homme aux trois saxophones

Roland Kirk était un homme de scène. C’était un original, un innovateur. Il a changé le jazz. Il a été le premier sinon le seul à jouer de trois instruments à vent en même temps.

Ronald Théodore Kirk est né à Colombus, dans l’Ohio, en 1936. Déficient visuel à la naissance, il perd totalement la vue à l’âge de 2 ans. Comme tant d’autres futurs artistes noirs américains, il est bercé par le Gospel et les Spirituals. Il a à peine 7 ans lorsqu’il se fabrique une trompette avec un tuyau d’arrosage. Une vocation est née ! Entre 1941 et 1953, il étudie à l’Ohio State College for the Blinds. C’est là qu’il apprend à jouer du bugle, de la trompette et de la clarinette. En 1952, Ronald est devenu Roland et joue dans un groupe de R&B, le Boyd Moore’s Band, qui joue des standards du jazz et du Top 40. Mais un peu comme Jimi Hendrix qui se fait renvoyer de l’orchestre de Little Richard parce qu’on le voit trop, Kirk est viré par Moore qui trouve qu’il en fait un peu trop lorsqu’il commence à jouer à la fois du manzello (saxophone soprano) et du saxophone ténor.

Roland Kirk 1954

En 1953, pas découragé, Roland Kirk rejoint Bruce Woody and the Chips avec lequel il tourne plusieurs mois et enregistre un 78 tours. A la même époque, il fait un rêve : il se voit jouer non pas de deux saxophones en même temps mais de trois ! Et il le fait ! Mais certains critiques lui reprochent de faire du cirque plutôt que de la musique. En 1956, il enregistre son premier album, Triple threat, un disque très influencé par le jazz Hard Bop. En 1960, le label Cadet publie Introducing Roland Kirk. L’année suivante grâce à Quincy Jones (oui, le producteur de Michael Jackson !) il sort un disque chez Mercury à l’occasion duquel il crée deux thèmes qui le suivront toute sa vie : "Three for the festival" et "You did it, you did it" où il chante et joue de la flà »te simultanément...

A partir de là , sa carrière décolle, il joue avec Charlie Mingus avec lequel il enregistre deux albums, participe au festival de Jazz d’Essen avec son groupe, à l’enregistrement de "Hip hits" et "Bossa Nova" avec Quincy Jones.

Au cours des années 60 et 70, Kirk parcourt le monde (Etats-Unis, Canada, Europe, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon...) et enregistre au moins deux albums par an. Citons I talk with spirits où il joue uniquement de la flà »te, Rip, Rig and Panic (1965). Ce dernier album inspira un groupe anglais qui en 1981 choisit de se nommer Rip, Rig and Panic. Roland Kirk a aussi joué sur la bande originale du film In the heat of the night (Dans la chaleur de la nuit), un polar de Norman Jewison où Sidney Poitier qui tient le rôle d’un policier et qui est l’un des tous premiers films hollywoodien où un noir a la vedette.

Roland Kirk avec Kenny Clark (batterie), Milan, Italie, 1964

Roland Kirk 1963

Durant toute sa carrière, Kirk, joue une musique inclassable qui emprunte à l’histoire du Jazz, au New-Orleans, au Be Bop, Hard Bop, Free Jazz. Il peut ainsi lors d’un concert jouer "Misty" d’Errol Garner, "The entertainer de Scott Joplin, "Petite fleur" de Sidney Bechet, des titres de Lester Young, Charlie Parker, John Coltrane, Thelonious Monk, Charles Mingus. Mais il ne copie pas servilement, il innove constamment en reprenant ces titres et artistes de manière peu orthodoxe. Pendant les années 60, Roland Kirk élargit sa panoplie, il joue alors d’une quarantaine d’instruments différents. Il va même jusqu’à créer ses propres instruments : le "trumpophone" (une trompette modifiée) et le "slidesophone" (un petit trombone modifié).

Si Roland Kirk qui se fait appeler Rahsaan à partir de 1969 n’aime pas trop le rock qui passe sur les grandes radios, il n’en apprécie pas moins Jimi Hendrix avec lequel il va jouer à deux reprises au Ronnie Scott Club de Londres en 1967 et 1969. Kirk jouera aussi avec Frank Zappa, Eric Burdon, Eric Clapton et Santana.

Buddy Guy, Jack Bruce, Roland Kirk, Stormy Monday Blues

Roland Kirk 1970

Toujours en 1969, exaspéré par le peu de place accordée aux musiciens de jazz américains dans les médias, il monte un collectif le Jazz’s People Movement auquel participent Elvin Jones (batteur de John Coltrane), Archie Sheep (célèbre saxophoniste de Free-Jazz). Ce collectif a à son actif un coup fumant : parvenus, après avoir perturbé plusieurs émissions de variétés américaines, à se faire inviter au célèbre Ed Sullivan Show, le 28 janvier 1971,Roland Kirk, Archie Sheep, Charles Mingus et Roy Haynes y interprètent une version "libre" de "Haitian fight song" (chanson de combat haà¯tienne) au lieu de "My cherie amour" de Stevie Wonder. Ce qui fait un peu désordre, bien sà »r...

Pendant les années 70, Rahsaan Kirk enregistre plusieurs disques majeurs dont Rashaan Rashaan (1970) qui mêle sonorités funky et musique atonale, Natural Black Inventions : Root Strata (1971) où il joue de pratiquement tous les instruments, Blacknuss, composé de classiques de la Soul Music, Prepare Myself to deal wiht a miracle (1973) qui mixe percussions africaines et Free Jazz.

Roland Kirk, Mc Coy Tiner, Stanley Clarke, 1975

Mais en 1975, cet innovateur et musicien infatigable est rattrapé par la maladie : rupture d’anévrisme. Il devient hémiplégique. Que croyez-vous qu’il fasse ? Il fait modifier sa flà »te et son saxophone pour pouvoir en jouer d’une main ! Mais il ne survivra pas à une seconde attaque qui l’emporte le 5 décembre 1977.

 

Jacques Becker

 


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