Handicap International
Le travail humanitaire ne s’improvise pas
Créée en 1982, Handicap International est une association indépendante non gouvernementale qui intervient dans le domaine du handicap et dans l’aide aux populations vulnérables. L’association est cofondatrice de la lutte politique contre les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions, ce qui lui a valu d’être co-lauréate du prix Nobel de la paix 1997.
L’approche du terrain de Handicap International est régie par des critères d’application et un ensemble de règles immuables. Cette association coordonne des stratégies de développement et intervient dans des situations d’urgence comme en Haà¯ti avec sa composante Action d’urgence. Ses agents sociaux sont soumis à un cadre défini. D’ailleurs, elle met à leur disposition un guide d’accompagnement territorial et social personnalisé. Ce guide est conçu en trois parties : "Principes et repères" (la théorie), le "guide pratique" (Détail de l’accompagnement social personnalisé), et la "boîte à outils" (des réalisations de Handicap International).
Le champ d’intervention social de Handicap International est un monde en constante mutation. Elle doit composer avec la situation géopolitique et le contexte socio-économique. Elle mobilise ses ressources dans le respect des droits de l’homme afin d’améliorer les conditions d’existence des personnes handicapées. Elle réalise souvent des partenariats avec des États, des acteurs de la vie politique, voire d’autres ONG. Elle observe l’interaction entre l’individu et son milieu social. Elle veille également à l’égalité des chances et à l’insertion des personnes souffrants de handicap. L’intervenant social se doit d’être tolérant, rigoureux, disponible, et respectueux des bénéficiaires. Il joue le rôle de médiateur entre la personne handicapée et son environnement.
L’approche de Handicap International est systémique. Un système c’est la famille, la communauté, le groupe.
D’après la définition de Jacques Lesourne un système : "C’est un ensemble en interaction dynamique". L’approche systémique tente de comprendre l’acteur dans son environnement, son fonctionnement et ses mécanismes. C’est une approche pluridisciplinaire.
Elle englobe tout : les échanges entre les parties, les niveaux d’organisation, les croyances.
Ainsi, l’association étudie la place d’un individu dans la société, ses valeurs, sa formation, son logement, son travail.
Tout cela permet de mieux appréhender l’insertion des personnes en situation de handicap. Si une personne handicapée souffre d’une discrimination liée à sa situation, l’accompagnateur social peut déterminer plus aisément les critères sur lesquels repose cette discrimination par l’interaction dynamique entre l’usager, les différents acteurs locaux et valeurs de la communauté.
Ainsi, l’agent social travaille sur deux niveaux. D’une part celui de la personne accompagnée et d’autre part celle de l’environnement avec lequel il est en interaction.
Le référent social est tenu de respecter les grandes étapes de l’accompagnement social. Une fois établis les besoins de la personne accompagnée, il élabore les différentes réponses possibles, ensuite il ne finalise le plan d’action qu’après une phase de négociation et de recueil d’informations sur le sujet. D’ailleurs, il consigne ses observations dans sa base de données, un répertoire référençant les différents acteurs locaux.
Pour terminer, il coordonne et suit le projet auprès de différents organismes et partenaires.
Il est à noter que des bilans intermédiaires sont régulièrement établis afin de s’assurer de la bonne marche du projet personnalisé. L’agent ne doit pas perdre de vue que l’essentiel est l’aboutissement du projet et l’autonomisation de la personne accompagnée. Handicap international s’est récemment illustré auprès de sinistrés haà¯tiens amputés par la pose de prothèses. Cela signifie la marche vers l’autonomie. L’objectif de ce type d’opération de l’association s’intitule "vivre debout".
Le premier entretien doit se faire idéalement au logement de la personne accompagnée. L’entretien est un outil d’évaluation qui se fonde sur l’écoute et l’observation. C’est là que l’agent social définit avec l’intéressé le cadre et les objectifs de son intervention. Mais le diagnostic social n’est établi qu’après la collecte d’informations et des évaluations pluridisciplinaires qui sont parfois longues. Elle s’effectue notamment sur la base MHAVIE (Mesure des Habitude de Vie) pour l’évaluation de la réalisation des habitudes de vie et le MQE (Mesure de la Qualité de l’Environnement) pour l’évaluation de la qualité de l’environnement. La pratique de l’évaluation respecte trois temps : le recueil de données, l’analyse de données, et enfin des recommandations. Les intervenants de Handicap International ne font pas des suppositions, ils éliminent toute leur subjectivité. L’important pour eux est de fournir une réponse impartiale et la plus adaptée aux besoins des personnes handicapées.
Les projets personnalisées de Handicap International sont clairement identifiables et quantifiables. Les accompagnateurs soumettent des projets réalistes et proposent une durée d’action. Généralement, les projets personnalisées ne dépassent pas deux ans et repose sur une seule thématique, voire deux au maximum, mais le contrat finalisé n’est pas nécessairement écrit, il peut être oral. Il repose sur la négociation et un plan d’action, c’est l’une des caractéristiques de cette association planétaire.
Afin d’être plus efficace sur le terrain, les équipes d’accompagnement social animent des discussions où ils évoquent leurs ressentis sous le regard avisé d’un psychologue. Handicap International appelle cela la superposition. Les travailleurs sociaux sont parfois isolés voire dépassés dans certaines situations, d’où l’intérêt de ce genre de rencontre. Même si les agents ont été préalablement supervisés un temps, durant leur missions. Cela permet également de s’assurer de la compétence et de la formation de ces derniers, mais les témoignages restent confidentiels.
Nous avons vu le Processus de Production du Handicap (PPH), la base de travail de Handicap International. L’actionnariat humanitaire y est régi par un certain nombre de règles, et elle ne repose pas sur l’improvisation. L’association a une certaine philosophie du monde qu’elle impose à ses accompagnateurs sociaux. Sa règle d’or, c’est la négociation et le respect des droits de l’homme. Sa théorie, c’est une vision du monde où les individus sont en interaction dynamique avec leur environnement. Sa finalité, c’est de permettre aux personnes souffrant de handicap de retrouver leur dignité et une place dans leur communauté. Elle opère la stratégie de la Réadaptation à la Base Communautaire (RBC). Elle pose notamment des prothèses aux personnes mutilés de guerre ou victimes de catastrophes naturelles.
Handicap International a de nombreuses missions en cours. Elle s’occupe de tous les types de handicaps. Elle est présente en Albanie (formation de travailleurs sociaux), au Rwanda (projet d’insertion), en Afghanistan (centre de réhabilitation communautaire), et en Russie (accompagnement familial et mise en réseau des acteurs de l’intervention précoce). Mais, la liste d’interventions de l’association n’est pas exhaustive. En 2009, Handicap International était présente dans plus de 60 pays et avec 268 projets. C’est une belle réussite.
H.G
Voir en ligne : Handicap International - Site web
Vous avez trouvé cet article intéressant ou utile, votez :