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Vacances, to go or not to go ?

Vacances, to go or not to go ?

Depuis une dizaine d’années, la thématique de l’accessibilité à la Cité en général et au tourisme en particulier ont fait l’objet d’une réflexion nourrie. Ainsi, au terme d’un déversement considérable de matière grise, les mondes universitaire, associatif, médical et politico-institutionnel ont fait le constat que les personnes en situation de handicap ne partaient pas souvent en vacances. Pour quelles raisons ? Nous avions évoqué ces freins lors de notre dernier dossier. Et, bien après les considérations financières, on finit par retomber sur les mêmes raisons qui font que lorsqu’on a un handicap, accéder à la même réalité quotidienne que les autres relève encore de l’impossible. L’incroyable découverte ! Et oui, tant que se déplacer reste un défi de chaque jour même pour aller chercher son pain, prévoir un grand voyage n’est souvent même pas envisageable.
Pourtant valide ou handicapé, quand l’été arrive, on a tous envie de s’évader et de sortir de notre train train quotidien !


Comment les personnes handicapées envisagent-elles leurs vacances ? Il faut en fait ramener l’ensemble de cette réflexion à des considérations qui se rapprochent plus de l’étude de marché que d’une véritable approche sociologique du problème. De fait, une approche quantitative des populations concernées par le handicap permet de projeter un panorama de l’offre touristique auquel on accole une analyse quantitative de la demande touristique de cette population, sur fond de perspectives de développement du marché touristique. Alors, quelles sont les attentes, les opinions et les représentations en termes de consommation touristique des personnes handicapées ? Mieux connaître ces paramètres, permet aux professionnels du tourisme de réagir, d’adapter leur réponse et de faire des offres concrètes, en adéquation avec les attentes de cette nouvelle clientèle...

Quand vient l’heure de décider du contour, de la destination et de la couleur que va prendre notre séjour de vacances, mille questions se bousculent au portillon.
Où partir ? seul, accompagné, avec des personnes partageant le même handicap que moi ? Le lieu est-il accessible, et si oui, à quel prix ? Où trouver l’information ? Faut-il réduire son choix aux seuls lieux accessibles ? Mon handicap est-il compatible avec tous les éléments et les conditions que je vais rencontrer (topographie, température, humidité...) ? Où est-on le mieux accueilli ?
Nous avons vu le mois dernier quelles avaient été les avancées et les actions mises en place pour encourager le départ en vacances des personnes en situation de handicap. Nous avions notamment cerné toutes les mesures visant à améliorer l’accessibilité touristique à travers la démarche de labellisation "Tourisme et Handicap" ou à travers la mise en place de dispositifs d’information autour du tourisme adapté.
Ce mois-ci, nous nous intéressons à vos témoignages, vous vacanciers, mais aussi organisateurs ou accompagnateurs de séjours ou de loisirs adaptés. Vous vous êtes rendus dans notre région. Avez-vous trouvé ce que vous étiez venus chercher ? Étiez-vous au courant des mesures mises en place pour que vos vacances soient les plus réussies ? Que vous reste-il de votre séjour passé dans notre région ?

Partir, d’accord mais reste la préparation, l’organisation du voyage ; se poser les bonnes questions et y trouver les réponses, ce qui n’est pas une mince affaire. Il existe, dans le jargon du tourisme adapté différentes formules, différentes manières de profiter de ses vacances en fonction de son handicap et bien entendu aussi de ses envies.
Si l’on reprend la classification proposée par l’UNAT (Union Nationale des Associations de Tourisme) il existe :
Des vacances adaptées : séjours spécifiquement conçus pour les personnes en situation de handicap qui peuvent difficilement partir dans un cadre ordinaire.
Des vacances en intégration : séjours permettant d"™accueillir des personnes en situation de handicap au sein d"™un groupe de personnes valides.
Des loisirs adaptés : activités de loisirs à la journée à destination
des personnes en situation de handicap avec un encadrement spécifique.
Des loisirs en intégration : activités de loisirs à la journée accessibles à tous et aux personnes en situation de handicap autonomes.

Il y a pour certains la tentation de l’extrême. Partir seul, le plus loin posiible, quelle que soit l’accessibilité du lieu et des transports que l’on va trouver. C’est la garantie du dépaysement, la bouffée d’air. C’est aussi prendre le risque de s’exposer à quelques désagréments.
Si vous partez seul, vous serez certainement confrontés à un moment ou à un autre à des situations délicates. L’essentiel, c’est de s’y préparer, pour ne pas être pris au dépourvu. Les mésaventures sont inhérentes aux voyages, que l’on soit valide ou pas. Il y a bien sà »r moyen d’en réduire les conséquences, en préparant bien le voyage en amont. Limiter les risques et les mésaventures, c’est déjà réserver ses hôtels, établir un parcours, s’assurer de qui exactement vient vous accueillir et à quel endroit, maîtriser quelques rudiments de la langue ou la culture locale, noter les adresses consulaires...
Si pour vous, les vacances sont synonymes de farniente et que vous avez prévu de laisser vos soucis à la maison, alors le plus simple est sans doute d’opter pour une formule où vous serez totalement pris en charge.
Il est donc préférable dans un premier temps de privilégier des voyages où vous serez accompagné. Voyager seul, "Ça n’est certes pas impossible, mais il faut vraiment s’attendre à des galères et surtout avoir déjà l’habitude de voyager. J’aurais plutôt tendance à conseiller, au moins pour une première fois, de partir avec une personne valide. Mais attention, ça ne veut pas dire que votre accompagnateur est là pour jouer les infirmiers" nous dit Franck Vermet, baroudeur en fauteuil.

La vie est un jeu ...

Certes, mon handicap est là ...
mais qui serais-je sans lui ?
Certainement pas la même personne ...
Tétraplégique à 17 ans suite à une chute de moto-cross.
Aujourd’hui, j’en ai bientôt 37 ...
Déjà plus de la moitié de ma vie en fauteuil roulant ...
... je prends un grand plaisir à jouer cette vie

 [1].

Et le choix de la destination ? Cette destination répond-elle à une envie de découvrir un lieu, ou est-elle réduite à des conditions d’accessibilité ?
"Je ne choisis pas forcément mon hôtel en fonction d’un label mais je donne priorité à ma destination, mon envie ; ensuite, je me renseigne pour trouver la bonne adresse. J’étais déjà venu il y a deux ans, à Beaucaire. L’établissement, par son architecture originelle, n’était pas encore aménagé pour les handicapés mais j’y ai trouvé une réelle disponibilité de toute l’équipe", Philippe Bardiau, vacancier.
"Quant au personnel de l’hôtel, il n’a pas suivi de formation particulière sur ce thème : l’ambiance du lieu, ça ne s’apprend pas en stage. L’essentiel tient à la disponibilité du service, au respect du client, quelque soit sa part de non-autonomie", Monique Léon, la gardienne de l’hôtel [2].

Choisir un parcours où vous serez le plus autonome ne relève pas du simple détail. S’il n’existe personne dans votre entourage pour vous accompagner, il existe nombre de forums et de structures associatives à même de vous orienter (voir dossier du mois dernier). C’est aussi la garantie de faire des rencontres, la perspective d’un partage, d’un rendez-vous solidaire.
"L’été approche, on aimerait partir au soleil mais ne connaissons pas d’ endroits accessibles en fauteuil, lit medicalisé, activités possibles..." [3]
Voici un exemple parmi tant d’autres de questions, interrogations et préoccupations que l’on peut retrouver sur de nombreux forums.
Ici, les forums sont le lieu par excellence de l’échange d’information et de conseils sur tous les bons plans tourisme, l"™accessibilité, la qualité de services et le degré d"™intérêt. Ces forums sont ouverts aux personnes en situation de handicap, mais également aux accompagnateurs, aidants, amis et connaissances qui ont expérimenté l"™accessibilité de certains endroits en présence de personnes handicapées et qui nous font donc entendre différents sons de cloche.

Il y a aussi le moyen de transport. Choisir la voiture adaptée, le train, l’avion ?
Aujourd’hui à titre d’exemple, la SNCF est particulièrement bien organisée pour accueillir et transporter les voyageurs en fauteuil roulant.
Un employé de la SNCF peut vous accompagner jusqu’à votre place dans le train, et un autre peut vous accueillir dès votre arrivée à la gare, pour vous aider à descendre et vous accompagner jusqu’à votre prochain moyen de transport [4]. Important : grâce à votre carte invalidité 80 %, la personne qui voyage avec vous ne paie pas son billet, seulement la réservation. De même, vous gagnez le droit de voyager en première classe, tout en ayant payé le tarif seconde classe !
Quant à l’avion, renseignez-vous, certaines compagnies proposent également une véritable prise en charge dès votre arrivée à l’aéroport. Il est tout à fait possible de voyager en avion lorsque l’on circule en fauteuil roulant. Mais il vous faut impérativement prévenir la compagnie aérienne avant de débarquer à l’aéroport, afin qu’elle puisse s’organiser en conséquence.
Prenons ainsi l’exemple d’Air France : la compagnie a mis en place une carte Saphir : vous déclarez votre niveau précis de handicap à la compagnie, qui détient donc vos informations médicales. En conséquence de quoi, chaque fois que vous voyagez avec elle, elle peut prévoir l’assistance adéquate. A la descente de l’avion, vous serez également pris en charge, quelle que soit votre destination.

L’inconvénient majeur lorsque l’on part en voyage, qui plus est lorsque l’on est handicapé, ce sont les bagages. Se traîner la moitié de sa maison sur le dos pendant vos vacances peut vite devenir un chemin de croix. Cela demande une organisation en amont, ne laissez rien au hasard et laissez de côté tout superflu !

La question des médicaments. Là , prévoyez large, n’hésitez pas à demander à votre médecin de prescrire le double des quantités habituelles. Répartissez-les dans deux bagages : si l’un se perd, vous aurez toujours l’autre en secours. [5]
Et puis il y a aussi la question du regard des autres. Même en vacances, on ne donne jamais congé à son handicap, surtout quand le regard de l’autre nous réduit à notre singularité, comme en témoigne la maman de Mathéo, enfant handicapé : "Combien de restaurants où l’on vous dit qu’il n’y a plus de places disponibles, combien de lieux remplis de gêne, lorsque votre enfant pousse de petits cris ou a des gestes désordonnés, tout le monde vous regarde, inévitablement on se met en retrait".
"Mais je dirais que l’attitude de la personne en fauteuil joue aussi un grand rôle. Il faut essayer d’être naturel et ne pas se mettre de barrières sous prétexte qu’on est handicapé" nous dit encore Franck Vermet.

Bien après la "revue de presse" sommaire des questions et "détails" à régler avant de partir en vacances, deux-trois choses méritent d’être posées.
Le rapport à la normalité. Oui, les personnes handicapées souhaitent pouvoir partir en vacances, comme tout un chacun, dans un maximum d’endroits, au milieu des autres et non regroupés dans des centres de loisirs spécialisés. Nul besoin de multiplier les approches "sociologiques" pour établir ce constat.

Constat de la permanence du handicap qui lui ne prend pas de vacances. Le type de handicap et le degré de handicap conditionnent bien évidemment le choix, la possibilité de partir en vacances, mais également le lieu, le moyen de transport...
Larguer les amarres, mais savoir où l’on met les pieds, pour que partir rime avec plaisir, avec autonomie, et surtout avec bons souvenirs.

Notes

[4Avant le départ, signalez lors de votre réservation sur internet votre handicap ou renseignez-vous au numéro vert 0 800 15 47 53


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