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Construire un semblant d’indépendance

"Je ne peux me considérer comme jeune adulte alors que je n"™occupe pas une place digne de ce nom. Il me reste à construire un semblant d"™indépendance." A 21 ans, Thomas découvre très progressivement ce qu’il appelle son monde d’adulte. C’est une quête de chaque jour, pour construire son rapport à soi, son rapport aux autres, à la société et à l’avenir qu’il choisira de se dessiner.

Construire un semblant d'indépendance

Handimarseille. - Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Thomas Destombes. - Bonjour, je m"™appelle Thomas Destombes, j’ai 21 ans et je suis étudiant en 1ère année de BTS SIO (Informatique). J"™habite dans le Var près de Toulon.

H. - Quel est votre handicap ?

T.D. - Je suis atteint d"™une I.M.C. assez lourde, je suis presque totalement dépendant. C"™est un handicap de naissance, une faute médicale lors de l"™accouchement, ma mère aurait dà » avoir une césarienne.

H. - L’adolescence, moment de transformation, de passage entre l’enfance et l’âge adulte est pour chacun une étape particulière, comment cela s’est passé pour vous ?

T.D. - Pas très bien, comme de nombreuses personnes. C"™est une période de notre vie où l"™on se cherche pour pouvoir créer sa personnalité, avec une dépendance comme la mienne, il est très difficile de découvrir notre monde d"™adulte"¦ Je pense que le handicap ralentit la prise de conscience de soi, de la différence de corps et de rapport que l"™on a avec le « monde valide ». Il est difficile d"™avoir une position ferme auprès de ceux qui nous entourent en étant dépendant d"™eux. Au fil du temps, j"™ai pris conscience de ma vie évidemment différente de celles de mes amis et camarades de mon âge, donc on se prend une « claque » importante à cette période difficile de la vie, mais comme tous les ados.

H. - C’est un moment où l’on est plus attentif à l’image que l’on a de soi et au regard des autres, que pouvez-vous nous en dire ?

T.D. - Oui, on soigne toujours au mieux son image, mais je me considère d"™abord comme jeune-adulte donc je ne fais pas du tout de complexe. Vous savez si l"™on accepte réellement son handicap, on sait s"™adapter dans la société où l"™on est. J"™aime être à la mode, qu"™on s"™intéresse à moi c"™est vrai, mais quand on veut entrer en contact, me parler, on peut, malgré mon élocution pas très simple. C"™est vrai que l"™on prend conscience du handicap au fil de notre développement, mais généralement, en tout cas selon moi, quand en étant enfant, on l"™a totalement accepté grâce aux proches, après on le vit sans problème majeur.

H. - Et le regard des autres sur vous ?

T.D. - Il m’importe peu, ceux qui prennent le temps de me connaitre en retire très certainement un bénéfice. Je rentre en contact très facilement, je suis très ouvert. Je plaisante même sur mon handicap.

H. - Et votre regard sur les autres ?

T.D. - Le mien est presque indifférent, je ne les envie pas tellement, du fait que ma vie n"™est pas du tout monotone. Mais j"™arrive à ressentir leur vision sur le handicap, de ce fait j"™adopte différents comportements face aux réactions multiples. Je comprends bien que mon handicap peut et fait sà »rement peur au premier abord du fait de mon élocution assez difficile. On ne peut pas savoir qu"™intellectuellement « tout va bien », c"™est pour cela tant que faire se peut, que j"™essaie de montrer un visage dynamique pour que l"™on vienne instinctivement vers moi.

H. - L’adolescence est le moment où chacun a besoin de se forger sa propre identité, qu’est-ce qui a contribué à faire la personne que vous êtes aujourd’hui ?

T.D. - Il est très difficile, en étant quasi-dépendant totalement pour tous les actes du quotidien, de se créer une identité. Mais comme j"™ai eu une vie sociale enrichissante, j"™ai pu échanger avec de nombreuses personnes. Ce qui m"™a permis de découvrir notre société et donc de me trouver une identité. Mais pour l"™affirmer, c"™est difficile du fait de ma faible autonomie.

H. - Justement comment vivez vous votre rapport à la dépendance, au moment où l’on est en quête d’autonomie ? Les relations avec vos parents changent-elles ?

T.D. - Ce moment est loin d"™être terminé, il commence à peine. Le fait d"™être scolarisé, retarde cet envol comme tout étudiant, mais le handicap le freine encore plus. De plus, j"™ai perdu mon père il y a à peine deux ans, donc cela est d"™autant plus difficile de gérer tout cela avec ma mère.

H. - Et les rapports à vos professeurs, à vos camarades ont-ils été modifiés à cette période ?

T.D. - Je ne peux pas vous répondre vraiment car c"™est à ce moment-là que j"™ai changé totalement d"™environnement. Je suis passé d"™une structure spécialisée et adaptée à un lycée général dans une classe de 32 élèves, dont j"™étais le premier avec ce type de handicap très lourd, mais très vite tout le monde m"™a accepté. Oui, le fait d"™être ouvert à tous types de discussion même sur le handicap permet un échange sans tabou, donc plus facile.

H. - L’adolescence est également l’âge des premiers amours et des premières expériences sexuelles, comment envisagez-vous ces étapes ?

T.D. - Vous savez, je ne vais pas épiloguer sur cette question car, pour nous handicapé, c"™est un sujet important mais encore très sensible. De plus, à ce niveau-là , notre société doit faire un chemin très rapidement. Ces étapes-là se font très rarement en étant atteint d"™un handicap comme le mien, et donc nous en souffrons. Cela devrait être un combat uni. Il est extrêmement difficile de se faire une raison, surtout lorsqu"™on vit en société comme tout jeune adulte.

H. - La danse a une place importante dans votre vie, qu’est-ce qui vous a poussé vers cette activité ? Qu’est-ce que cela vous a apporté pendant cette période de l’adolescence ?

T.D. - Elle me permet de m"™évader de mon quotidien, de trouver un équilibre de vie. J"™ai commencé à l"™âge de six ans, et dès ce jour-là , je me suis investi et j"™ai découvert une passion. J"™ai lié des amitiés fortes avec des partenaires, et au moment de l"™adolescence, comme j"™ai changé complètement d"™environnement, cela m"™a permis d"™avoir toujours un lien avec le milieu du handicap.

H. - Comment décririez-vous le jeune adulte que vous êtes devenu et que vous reste-t-il à construire ?

T.D. - Je ne peux me considérer comme jeune adulte alors que je n"™occupe pas une place digne de ce nom. Il me reste à construire un semblant d"™indépendance.

H. - Comment voyez-vous votre avenir ?

T.D. - Je ne sais pas tellement mais je vois mon avenir dans le secteur social, pour aider les autres et donc la société, à faire un grand pas et à avancer ensemble pour que les handicapés soient reconnus citoyen adulte responsable.

H. - Quel message aimeriez-vous faire passer aux adolescents et aux parents qui vont lire votre témoignage sur Handimarseille ?

T.D. - L"™adolescence est la période de notre vie la plus importante, là où l"™on découvre tout ce qui va devenir notre futur donc ne vous mettez aucune barrière par rapport à votre handicap. Montrons que nous sommes des futurs citoyens à part entière et non des assistés de la société.

Propos recueillis par Yoann Mattei

Post-scriptum

Pour voir un exemple de ce qu’il fait, allez sur : http://thomdest.free.fr/


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