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Entretien avec Abderrahmane Abdedaim

Le handicap n’est pas toujours visible. Pour beaucoup de personnes, la reconnaissance d’une invalidité prend des allures de parcours du combattant. Rencontre avec Abderrahmane, opéré à cœur ouvert.

Q - Merci d’avoir accepté cette invitation. Nous travaillons actuellement pour un magazine électronique dédié aux personnes handicapées et nous aimerions avoir votre avis sur ce sujet. Quelle a été votre démarche pour obtenir l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) ?

R - J’ai dà » être opéré à cœur ouvert, j’avais une valve... J’ai fait des démarches avant l’opération, par rapport à ma santé, parce que je ne pouvais pas travailler. Ils ne m’ont donné d’abord que 40%. Après, j’ai fait une visite contrôle et quand j’ai été opéré, ils m’ont donné plus de 50%. Alors, j’ai demandé à ce qu’on reconnaisse mon handicap. Vous savez ce que ça veut dire, être opéré à cœur ouvert ? A un moment donné, sur la table d’opération, on est entre la vie et la mort... Si on a de la chance, si ça réussi... Il n’y pas eu de problème, ça s’est bien passé, mais par contre, maintenant, je ne peux plus travailler. Ou plutôt, si j’essaie un travail dans un bureau ou un truc comme ça, il n’y a pas de problème. Mais moi, mon travail, physiquement... Je fais la peinture. Je fais un peu tout, quoi. Mais la poussière que je respire, c’est pas bon. J’essaie de demander quelque chose d’autre, comme un travail à mi-temps. Je veux dire, quelque chose où je puisse m’en sortir physiquement, de léger, quoi. Mais impossible de trouver maintenant. J’ai trois enfants, ma femme travaille, mais pas moi. Je suis au RMI. Moi, j’en ai assez...

Q - Êtes-vous allé à la Maison Départementale Pour les Handicapés afin de demander cette allocation ?

R - J’ai déposé des dossiers et après on m’a convoqué. J’ai demandé à mon médecin, mon cardiologue, qui m’a expliqué que, normalement, j’avais droit à une allocation. Pourtant, quand je suis allé les voir, on m’a dit que c’était impossible. Ils m’ont dit que je pouvais faire un recours par voie de justice. J’ai demandé conseil à mon assistante sociale, j’ai été un peu partout, même au palais de justice... Alors, je me suis dit : pour me donner quelque chose, il faut aller en justice ? Alors, mon assistante sociale a téléphoné là où ils décident du statut de handicapé. Et ils ont dit que j’avais le droit de faire un recours, c’est-à -dire un autre dossier, mais il fallait que je sois vraiment malade. Ça veut dire qu’on doit pas bouger d’une chaise, être vraiment paralysé... Alors, je dis : "Pourquoi ? Pour rester comme ça, traîner ?" Ça sert à rien, alors j’ai demandé à mon assistante sociale de me trouver quelque chose. Maintenant, j’ai deux ou trois heures de travail...

Q - Est-ce que vous trouvez justement les réponses à vos interrogations et vos questions à la maison départementale ?

R - Non, il n’y a pas de réponses. Écoutez, mon docteur m’a dit : "Ils font tout pour ne rien te donner". Vous vous rendez compte ? Quelqu’un qui est passé sur la table, à qui on doit changer son cœur ou sa valve, c’est quelque chose, quand même ! Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire "à cœur ouvert" ?

Q - Justement, le taux de votre incapacité a été déclaré à 50% et vous n’avez droit à rien...

R - Rien.

Q - Vous n’êtes pas reconnu comme handicapé ?

R - Non. Avant que je ne fasse l’opération, j’ai demandé la carte d’invalidité. Ça m’a été refusé malgré mes 40% d’invalidité... Bon, et après mon opération, j’ai fait une nouvelle demande. J’ai bien préparé mon dossier et là , ils m’ont donné une carte d’invalidité, mais uniquement pour les transports en commun... C’est ça que je ne comprends pas. Avant, ils me l’ont refusée, et après, avec mes 50% d’invalidité, ils me l’ont donnée. Ils me donnent cette carte comme ça je suis prioritaire si je prends le bus ou si je fais la queue. Ils ont bien compris que si je fais la queue, je me fatigue vite. Mais, j’ai pas droit à une AAH. Pourtant, je me fatigue vite si je fais la queue ou si je travaille. J’ai demandé autre chose, une pension, mais je n’y ai pas droit. Je n’ai que 50%...

Q - Parlez-vous facilement de votre problème de santé aux gens de votre entourage ?

R - Oui, je parle... Des gens qui me disent que c’est pas normal parce que c’est pas une opération de rien du tout. C’est vrai, je peux presque plus travailler. Si je monte à une échelle, j’ai des vertiges, j’ai peur, quoi. Et en plus, je dois prendre des médicaments à vie. J’ai bien dit à vie ! Tous les mois, je vois mon cardiologue et je fais des analyses. Je dois faire ce qu’il me dit. On peut pas refuser de suivre ce que dit le médecin. Il y en a qui ne veulent pas comprendre ça.

Q - Comment jugez vous le marché du travail pour les personnes handicapées ? Est-il favorable ?

R - C’est le travail qui est favorable aux handicapés... Moi, j’ai pas un niveau de qualification élevé. Je ne peux pas travailler dans un bureau où c’est pas trop fatigant. Et puis, on s’ennuie quand on est malade. Quand je suis à la maison, je sors et après deux ou trois heures, je remonte. Ça travaille dans la tête, ça énerve des fois, parce que je n’arrive pas à travailler... C’est-à -dire que j’ai pas le droit de travailler. C’est pas ma faute, on est bien d’accord. C’est pas de ma faute, et le médecin te dit : "Non, fais attention, tu ne peux pas travailler". Que les gens qui sont comme ça, qui ne peuvent pas travailler, aient au moins une pension... Et ceux qui veulent travailler, qu’ils soient aidés, qu’ils aient une assistance. J’ai bien dit ceux qui veulent travailler. Moi, je veux travailler, mais j’ai pas le droit de le faire. Heureusement que j’ai un peu de volonté, de courage. Mais des fois, je suis à la maison à trois ou quatre heure du matin, et je dors pas. J’aimerais bien qu’on reconnaisse un peu plus les gens qui ont subi des opérations graves. On n’est pas comme des personnes handicapées depuis la naissance ou paralysées... Je peux marcher, je peux parler, mais j’ai pas le droit de travailler.

Q - Est-ce que dans votre entourage, il y a des gens qui vous aident, qui vous soutiennent ?

R - Comme on dit chez nous : "Il n’y a que le Bon Dieu." C’est lui qui me donne le courage... Dans l’entourage, des fois, on discute comme ça. On me dit : "Essaie de faire ça, de faire ceci"... Mais ce n’est pas quelqu’un qui a les mêmes problèmes que vous. On m’écoute, mais on m’oublie. Vous voyez ce que je veux vous dire ?

Q - Est-ce que vous vous sentez seul dans ce combat ?

R - Oui.

Q - Est-ce que vous fréquentez des endroits, des associations qui sont adaptés pour les handicapés ?

R - Non. Non, par contre si j’ai un problème, je vais voir l’assistante sociale. Elle me donne des conseils.

Q - Pensez-vous que les handicapés sont plus intégrés dans la société aujourd’hui que dans le passé ?

R - J’entends parler les politiques à la télé... Mais je vois pas grand chose. Ils n’aident pas beaucoup. Franchement, c’est n’importe quoi. L’état fait pas beaucoup de choses pour les handicapés ou les retraités.

Q - Quelles sont les contraintes, les problèmes principaux dans votre vie au quotidien liés à votre problèmes de santé ?

R - Quand on est malade, on subit une opération et on se sent un peu mieux après. Mais, ça s’arrête pas là . Ça travaille dans la tête, ça devient psychique. Je me dis : "Je vais bouger un peu" et ça me fatigue. Moralement, ça me fatigue et physiquement aussi. Le problème, c’est la fatigue.

Q - D’après vous, est-ce que la ville de Marseille est bien adaptée aux contraintes des handicapés ?

R - Non. A Marseille, il y a plein de gens comme moi, qui n’arrivent pas à s’exprimer. Ils n’arrivent pas à faire des démarches... On renvoie leurs dossiers, on leur dit qu’ils n’ont pas de droits et qu’il n’y a rien à comprendre.

Q - Pensez-vous que la société soit en mesure de comprendre vos problèmes ?

R - Je vous ai dit tout à l’heure que la plupart des gens ne comprenaient pas les problèmes des handicapés. C’est pour ça que j’ai dà » aller jusqu’en justice... Il faut aussi chercher à comprendre les différents types de handicap. Certains handicapés n’arrivent pas à travailler. ils dépendent de leurs familles. Il faut qu’ils aient des aides.

Q - La dernière question. Pourquoi avez-vous accepté ce témoignage ?

R - J’ai trouvé que ce témoignage, c’était bien pour les autres et bien pour moi. Je souhaite qu’on comprenne que souvent, au fond d’eux-mêmes, les handicapés souffrent moralement. Pas que physiquement. Il faut les aider. Enfin, à chacun ses droits.

Propos recueillis le 17 septembre 2008 par Dagmara Marciano.


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