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Une époque sans alternative

Jean Lombard, 55 ans, est secrétaire à l’APF. Invalide à 100%, il se déplace en fauteuil, des suites d’une poliomyélite qu’il a contracté à l’âge de 12 ans, contre laquelle il n’était pas vacciné.
À cette époque, les structures scolaires ordinaires étaient loin d’accueillir les personnes invalides, et la question ne s’est pas posée en terme de choix.
Même s’il juge satisfaisante la scolarité qu’il a reçu, il salue les avancées qu’il y a eu dans ce domaine depuis, et prône une plus grande mixité car selon lui « les personnes valides doivent s’habituer aux handicapés. »

Une époque sans alternative

HandiMarseille - Jean Lombard, avez-vous toujours été en état de handicap ?
Jean Lombard - Je suis tombé malade en octobre 68 à l’âge de 12 ans. On m’a hospitalisé à la Conception à Marseille. Diagnostic des médecins : une poliomyélite. Je n’étais pas vacciné. Je suis resté dans le coma pendant 15 jours et on m’a fait une trachéotomie. Je me suis réveillé sous assistance respiratoire. L’hospitalisation a duré 3/4 mois. Ensuite je suis parti à l’hôpital Poincaré à Paris, spécialisé en poliomyélitiques, en traumas divers. J’étais très handicapé. J’ai subi 4 ou 5 opérations de la colonne, des poumons avec un traitement médicamenteux, évidemment.

H. - Pouvez-vous nous parler de votre scolarisation suite à la maladie ?
J. L. - Je suis rentré à l’hôpital de Garches pour y être intégré en classe d’invalides. J’y ai passé 4 ans pour préparer mon certificat d’études.

H. - Quelles étaient les invalidités des autres élèves ?
J. L. - Des poliomyélites, des paraplégiques. À l’époque, il s’agissait surtout de classes pour accidentés de la route, etc. Il y avait à Garches une école communale et un lycée. Cela représentait une centaine d’élèves.

H. - Quelles différences entre le programme ordinaire et le programme spécifique ? Comment se déroulaient vos journées ?
J. L. - À l’époque, il n’y en avait pas. C’étaient des professeurs ordinaires de l’Éducation Nationale. De toute façon, je n’étais pas assez fort, même avant mon invalidité. J’étais bon en maths mais il fallait que je m’améliore en français. J’ai donc été intégré en classe "œde transition" , celles prévues pour ceux qui ne peuvent aller au lycée, qui n’ont pas le "œniveau" . J’ai redoublé et consacré ces années-là à la préparation et à l’obtention de mon diplôme de fin d’étude d’école primaire. Avec le personnel médical, on faisait une simple rééducation pour pouvoir rentrer chez soi. Nous avions des cours le matin et des activités manuelles l’après-midi (travail du bois). J’ai obtenu mon CAP au bout de quatre ans.

H. - Pourquoi avoir opté pour une scolarisation à l’hôpital ?
J. L. - À l’époque, les professeurs n’étaient pas sensibilisés. La seule alternative c’était le centre de rééducation.

H. - Quelles sont les conséquences dues à la maladie ?
J. L. - Je suis reconnu handicapé à 100%. Mon bras et ma jambe droite sont paralysés, j’ai une très mauvaise circulation sanguine, des problèmes respiratoires, rénaux, dà »s à l’âge aussi !

H. - Qu’avez-vous fait par la suite ?
J. L. - J’ai suivi des cours à domicile par le biais de l’Éducation Nationale et de son centre de télé-enseignement et j’ai préparé un brevet professionnel de comptabilité en formation pour adultes.

H. - Quelle scolarité avez-vous préféré ?
J. L. - En hôpital. C’est plus direct. La scolarité et les dispositifs ont bien évolué par rapport à mon époque. J’aurais pu aller en collège ou en lycée "œnormaux" mais les enseignants n’étaient pas suffisamment sensibilisés comme maintenant.

H. - Avez-vous pu exercer votre métier ? Quelles ont-été les difficultés rencontrées à votre handicap ?
J. L. - J’ai travaillé en tant que comptable chez mon cousin, et là encore la galère, les déplacements, etc. Les transports sont inadaptés pour un handicapé moteur. J’ai dà » cesser cette activité et rentrer chez ma mère.

H. - Avez-vous pu retravailler ?
J. L. - Oui, par la suite j’ai retrouvé un travail en tant que bénévole dans une association. J’y suis resté 8 ans en tant que trésorier.

H. - Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? Comment s’est passée votre intégration en entreprise en tant que personne handicapée ?
J. L. - J’ai effectué une formation générale avec un stage en imprimerie à Vitrolles. J’ai appris à concevoir des plaquettes, les différentes étapes de la chaîne de production. Cette entreprise pouvait me recevoir. De mon côté, j’ai trouvé un hôtel à Vitrolles, un stagiaire me ramenait, et le gardien de l’hôtel m’y conduisait. Des conditions propices. Par la suite, j’ai envoyé des CV, sans cibler un secteur particulier dont une candidature à l’APF. Un poste s’est libéré, j’ai été pris à temps partiel en tant qu’agent administratif. Depuis mon entrée à l’APF, j’ai occupé différents postes, j’ai fait des heures en tant que bénévole aussi. J’y suis depuis 16 ans ! J’ai cumulé 3 ans en CES, 3 ans en CESP, 5 ans de CEC, en contrat consolidé, et j’ai fini par signer mon CDI. Ça fait maintenant 8 ans. Je gère les adhérents, le carnet d’adresses, les donateurs, j’occupe la fonction due à un secrétaire.

H. - Avez-vous déposé des candidatures en entreprises "œnormales" ?
J. L. - J’ai essayé la Banque de France en 1988 pour un poste de secrétariat mais j’ai été trop franc lors de l’entretien. Je leur ai dit avoir des problèmes respiratoires, etc. De toutes façon, je ne sais pas si j’aurais réussi l’examen d’entrée. Je n’ai pas passé le "œcontrat médical" . Ils m’ont dit « non, c’est bon ». J’aurais quand même aimé réussir.

H. - Avez-vous bénéficié de contrats spécifiques ou d’aides dues aux handicap ?
J. L. - Non, juste des aides de l’Agefiph, les cotisations reversées lorsque l’employeur n’emploie pas de handicapés. L’association nous aide à trouver du travail, à acheter du matériel. J’en ai bénéficié pour l’achat de mon fauteuil. Le reste, c’est la CPAM. J’ai aussi une allocation compensatrice à 60 %. Pour le reste, ma mère a fait les démarches nécessaires auprès de l’APF. À l’époque, il y avait une réelle méconnaissance de la maladie. C’était plutôt des jambes cassées, des brà »lés. Pour le logement, je vis dans immeuble HLM de 14 appartements réservés aux personnes handicapées et soutenu par la Ville par le biais de l’association HandiToit. Grâce à ce dispositif, nous sommes plus autonomes.

H. - Avez-vous mené des actions en vue de sensibiliser le public au handicap ?
J. L. - J’ai été intervenant auprès des 10/11 ans en deuxième année de collège par le biais de l’association NRH, Nouveau Regard sur le Handicap, des Pennes Mirabeau, il y a beaucoup d’écoles là -bas. Il s’agissait pour moi de faire comprendre aux jeunes la galère de l’enfant handicapé, avec pour support de travail un film traitant du handicap. Le film relatait la vie d’une mère perturbée qui ne sait comment accueillir l’ami de son fils qui est handicapé.

H. - Pour vous, qu’est-ce-que signifie l’autonomie ?
J. L. - Vivre le plus normalement possible. Aujourd’hui, j’ai pu venir du 3e arrondissement jusqu’au Vieux-Port. C’est aussi aller au marché, choisir soi-même ses légumes, se faire à manger ou passer par internet pour se faire livrer. Sinon, il y a l’auxiliaire de vie pour ce que je ne peux pas faire seul : me coucher (à une époque), la toilette. L’auxiliaire doit s’adapter au planning de chacun avec un programme, certains sont plus nécessiteux. Moi, je me fais aider le matin.

H. - Pourquoi avoir accepté l’interview ?
J. L. - La scolarité c’est la base de tout. Il faut aussi témoigner afin que les gens se familiarisent avec le handicap, qu’ils aient le réflexe. La plupart vivent avec des valides. Ils doivent aussi s’habituer aux handicapés, que ce soit à l’école, dans les entreprises, partout. Il faut que les handicapés puissent vivre dès le départ avec les autres personnes.

Propos recueillis par Karine Miceli.


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