Aimer et être aimé quand on est en situation de handicap
Les mentalités n’évoluent pas vite en ce qui concerne le regard porté sur la vie affective des personnes handicapées. Pourtant les jeunes générations semblent avoir une plus grande ouverture d’esprit et accepter davantage les différences... Peut-être grâce à internet et aux nouveaux média, à des campagnes de sensibilisation de la part de plus en plus d’associations.
Quoi qu’il en soit rencontrer le grand amour est une préoccupation grandissante dans nos sociétés, que l’on soit valide ou handicapé, on n’échappe pas au dictat du bonheur d’être à deux !
Comment s’y prendre pour rencontrer l’âme soeur, telle est la question ? Les réponses fleurissent de tous et chacun fleurissent sur le net... A priori, plus on est clair dans sa tête, que l’on a confiance en soi, que l’on est réconcilié avec son corps tel qu’il est, plus la séduction sera aisée, plus on sera prêt à s’accepter dans la relation, à accepter son/sa partenaire tel(le) qu’il ou elle est, sans faux-semblants, ni pitié, dans le respect mutuel. Il s’agit de s’apprivoiser dans l’écoute, dans la compréhension et dans l’humour, et surtout savoir provoquer la chance.
ILS VIVENT PLEINEMENT LEUR QUOTIDIEN
Pour Patrick, malvoyant de naissance, l’idée d’être avec une personne valide ou ayant également un handicap, n’a rien à voir avec la réussite du couple. « Pour moi, un handicap commun n’est pas la garantie qu’un couple fonctionnera. Je pourrais très bien réussir avec une personne voyante, comme je pourrais très mal réussir avec une personne non-voyante, parce qu’on ne s’entend pas »
Les rencontres par internet, autre moyen de rencontrer des valides, s’avèrent être plus compliqués si l’on s’y prend mal. En effet, la rencontre virtuelle amène des dimensions particulières qui n’existent pas dans une rencontre immédiatement réelle car à ce moment-là , beaucoup d’éléments non-verbaux interviennent, et bien souvent, les rencontres par internet n’aboutissent pas à une relation concrète, qu’on soit porteur d’un handicap ou non.
Généralement, dans les couples handicapés, l’un et l’autre partage le même handicap, ce qui ne les empêche pas de vivre pleinement leur quotidien où la communication s’avère essentielle. Pour certains d’entre eux, leur double handicap s’avère être une force, plus qu’un véritable problème. « C’est une force parce que l’on est complémentaire. Comme je vois un petit peu, ça me permet de pallier son handicap dans les situations ou ça l’exige » explique Patrick.
LA VIE ENSEMBLE
Il n’est pas toujours aisé de faire de nouvelles rencontres, de vivre des expériences ou d’évoluer dans une relation de couple dans un cadre ouvert ou en institution.
Lorsque le couple veut vivre son amour ensemble dans un appartement adapté à leur handicap, il se heurte souvent à des problèmes d’ordre administratif ou familial.
Pour Yonathan et Céline, qui vivent une relation à distance, cette question de vivre ensemble est au cœur de leurs préoccupations et tous deux se heurtent aux problèmes dà »s à l’accumulation de demandes en tout genre, qui retarde leur projet de vivre ensemble. « Il faut faire des tonnes de dossiers, il faut les transférer à la MDPH... Être une personne handicapée, c’est un boulot à plein temps, parce que l’on a toujours des démarches à faire ».
Les usagers des centres de jour ou d’hébergement n’ont pas beaucoup d’opportunités de faire des rencontres. Les couples se créent, se séparent, d’autres se forment... mais le choix des partenaires restent malheureusement confiné aux personnes fréquentant l’institution.
Certaines d’entre elles tentent de favoriser les rencontres, notamment en favorisant une ouverture vers le monde extérieur par le biais d’activités organisées avec d’autres institutions, par le biais d’associations qui leur permettent de se divertir ou encore par l’accès aux moyens de rencontre virtuelle que sont les annonces de rencontre sur les journaux ou par des chats sur internet. Ces rencontres peuvent également aboutir sur une rencontre d’un jour, juste pour le sexe.
LA SEXUALITÉ DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP
Cette question du sexe revient énormément dans chaque étude, dans chaque forum, dans chaque reportage qui concerne la rencontre amoureuse d’une personne en situation de handicap. Les adultes handicapés dans ce domaine de la sexualité vivent et s’adaptent autant qu’ils le peuvent.
Cela peut aller de l’amour, du beau, de la tendresse, des marques d’affection, le plaisir d’être ensemble côte à côte, à des manifestations gestuelles, baisers, caresses, entassements, accouplement,...
Manifestement, la sexualité des personnes lourdement handicapée gêne, embarrasse la société. Elle n’en finit pas de chercher à vivre pleinement, entre plaisir et réalité, attrait et contraintes, licence et interdits, entre la séduction et le rejet.
La violence intra-institutionnelle est montrée du doigt et les abus sexuels y figurent en bonne place. Les pratiques sexuelles n’y sont pas expressément interdites, mais elles ne sont guère favorisées ou humanisées. Les distributeurs de préservatifs ne sont pas toujours approvisionnés, l’information, la prévention et le dépistage sont parfois négligés. L’inhibition, la passivité, l’excitation ou l’agressivité impliquent par là même des potentialités accrues d’abus sexuels. Il n’est pas exceptionnel de constater des viols pendant la durée du séjour ou découvrir une grossesse consécutive. Les risques de maladies sexuellement transmissibles et l’interruption de grossesse, ou l’accompagnement de la future parentalité sont au centre de préoccupation des équipes.
Dans le meilleur des cas, quand la vie affective prend le caractère d’une vie amoureuse entre deux adultes en situation de handicap, celle-ci ne se fait le plus souvent avec l’aide et le soutien des parents ou de tuteurs.
Yoann Mattei
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