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Table ronde à l’école primaire Eugène Cas

Quel regard portent les plus jeunes sur le handicap ? Se sentent-ils concernés lorsque leur chemin croise celui de gens qui en ont un ? Ont-ils conscience des difficultés auxquelles les personnes handicapées doivent faire face dans la vie de tous les jours, ou sont-ils insouciants, encore protégés par la bulle d’innocence et de naà¯veté dans laquelle nous autres adultes aimons à les imaginer ? Voyons voir...

HandiMarseille. - C’est quoi pour toi, un handicap ?
Don-Pierre. - C’est des personnes qui ont un handicap... ça peut être physique, des jambes ou heu... maladie du cerveau.

H. Tu en connais ?
D.-P. - Heu, oui. Ben j’en connais un, il avait une maladie du cerveau. En fait il marchait pas normalement, et il comprenait des fois des trucs à l’envers.

H. - C’est quelqu’un de ton entourage ?
D.-P. - Non, un adulte.

H. - Comment tu trouves cette personne ?
D.-P. - Je la plains.

H. - Pourquoi ?
D.-P. - Parce que tu peux pas avoir une vie normale...

H. - Si c’est pas une vie normale, c’est quoi comme vie ?
D.-P. - Ben une vie où tous les matins tu te dis... Par exemple, ceux qui sont handicapés et dans un fauteuil roulant ils se disent... Le matin en se réveillant, ils se disent "ce matin je vais pas pouvoir marcher pendant une bonne journée". Ou il y en a, ils rêveraient bien d’avoir des jambes.

H. - Et qu’est-ce que tu penses qu’on pourrait faire pour leur faciliter la vie ?
D.-P. - Leur créer une vie nouvelle... Il faut tourner la page.

H. - Laquelle ?
D.-P. - Faire comme si ils avaient encore leurs jambes.
Florian. - Mais comment ils peuvent faire pour faire comme s’ils avaient encore leurs jambes ? S’ils sont en fauteuil roulant...

H. - Tu as déjà rencontré quelqu’un en fauteuil roulant ?
Benoît. - Oui. Au centre aéré. Il avait une maladie de cerveau. Donc, des fois, il se levait de son fauteuil roulant et il marchait à quatre pattes. Et quand il doit marcher, on pousse son fauteuil roulant.

H. - C’était un enfant ou un adulte ?
B. - Un enfant.

H. - Tu lui as parlé ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
B. - Oui, mais on comprenait pas trop.

H. - Il avait des problèmes aussi au niveau du langage ?
B. - Oui.

H. - Tes copains et toi, comment vous étiez avec lui ? Est-ce que vous étiez gentils, est-ce qu’il y en avait qui se moquaient ou...
B. - On était gentils.



Natal. - Je connais quand même pas mal de gens qui sont handicapés. Je connais... Mon père, il a perdu l’odorat... On a du lui couper un rein parce qu’il a eu un accident, du coup il a plus d’odorat. Et je connais deux personnes ou trois qui... Oui, trois, qui étaient handicapées du cerveau. Il y avait un copain à mon frère qui était dans cette école, il a déménagé depuis. Il y avait aussi un copain qui était au centre aéré, il était toujours accompagné par quelqu’un. Il y avait aussi un grand garçon, on s’amusait souvent à la piscine...

H. - Comment vous vous amusiez ?
N. - A la piscine... Je lui donnais quelque chose, il s’amusait à le lancer et moi j’allais le chercher.

H. - Il nageait, aussi ?
N. - Oui, il nageait. Ou sinon il s’amusait à dire "œun, deux, trois !" quand quelqu’un allait sauter d’un plongeoir.

H. - Et quand tu dis "œquelqu’un qui est handicapé du cerveau" , qu’est-ce que ça veut dire ?
N. - C’est... Il a des difficultés... Il est né avec des difficultés à comprendre, et son cerveau est plus lent que quelqu’un de normal.

H. - Comment tu vois cette personne ?
N. - Quelqu’un de malheureux. Je la plains.

H. - C’est elle qui t’a dit qu’elle était malheureuse ?
N. - Oui.

H. - Dans quelles circonstances, dans quelle situation ? Elle est tout le temps malheureuse ?
N. - Non, pas toujours. Elle est souvent malheureuse quand elle voit les autres comprendre plus vite et au collège, souvent ils parlent de sa classe parce que les autres se moquent de lui, parce que souvent il ne comprend pas les exercices. En fait... je le vois vraiment malheureux.

H. - Est-ce que tu connais des personnes handicapées ?
Octavinka - Non, mais je voulais juste dire que pour moi, une personne handicapée, c’est quelqu’un de normal. Comme les autres. Elle a peut-être des difficultés, mais pas des très grosses, c’est pas un extra-terrestre ! A la maternelle, il y avait une copine, elle était... Elle ne comprenait pas très bien ce qu’on lui disait, alors tout le monde l’appelait "œl’extra-terrestre" , et elle avait pas d’amis. Alors il n’y avait que moi qui jouait avec elle.

H. - Tu penses que c’était difficile pour elle de vivre ça ? En quoi c’était difficile ?
O. - Elle s’enfermait des fois dans les toilettes pour pas qu’on la voie. Et je pense que maintenant, elle va mieux... Je pense. Je sais pas.

H. - Quels handicaps tu connais ?
O. - La surdité, la non-voyance... Ceux qui ont pas de bras, ceux qui ont pas de mains...

H. - Et si tu devais inventer un appareil, ou quelque chose d’autre pour leur faciliter la vie, ce serait quoi ?
O. - Pour ceux qui ne marchent pas, ou qui n’arrivent pas trop à marcher, j’inventerais des jambes en bois ou... Mais des jambes entières, de bois, qui peuvent s’articuler et il y aura des salles exprès pour parler avec les sourds ou les non-voyants.

Lou : Je pense que les personnes handicapées, il faudrait les traiter comme des personnes normales. C’est pas parce qu’elles sont handicapées qu’il faudrait se moquer ou quoi. Enfin on se moque pas forcément que des personnes handicapées... On se moque aussi des gens normaux et je pense que Octavinka, elle a eu une bonne idée pour refaire des jambes ou quoi.
Et un jour j’ai vu dans une émission une personne qui montait dans une montagne... En fait, à un moment il avait perdu l’usage de son pied et on lui avait mis une espèce de fausse jambe, et du coup après il a dit que c’était pas parce qu’il était handicapé qu’il allait arrêter de faire ce qu’il aimait, et il a continué.

H. - Tu dis que les gens se moquent : est-ce que tu sais pourquoi les gens se moquent des personnes handicapées ?
Peut-être parce que ils trouvent que... du coup ils sont... Par exemple les personnes handicapées ne peuvent pas, je sais pas moi... pas jouer dans la cour, enfin pas jouer comme les autres. Voilà .

H. Est-ce que tu connais dans ton entourage des personnes handicapées ?
Non. Mais un jour, j’ai vu un copain... C’était un enfant qui avait des difficultés. Je crois que c’était pour parler, ou... je crois que c’était un retardé mental. En fait, il avait un petit frère et on le traitait un peu comme si c’était lui, le petit frère... Ses parents étaient plus compréhensifs avec lui et tout.


Hugo. - Des fois, avec mes parents, je parle pour des solutions pour faciliter la vie des personnes handicapées. Par exemple les personnes qui voient pas, on pourrait faire une voiture où à l’intérieur il y a quelque chose qui transmet la parole qu’il veut dire à quelqu’un qui est dans une cabine et qui entend. Il peut ensuite conduire la voiture un peu comme le métro, sauf que c’est la personne qui le conduit. Et donc après, la personne pourra aller où elle voudra.

H. - Pourquoi tu as pensé à ça ?
Hugo. - Parce que je pense qu’ils ont une vie comme tout le monde, et il faut en profiter.

H. - Est-ce que tu as déjà rencontré des personnes handicapées ?
Hugo. - Oui, des fois je suis allé dans une maison, et j’ai connu une grande personne... On pensait qu’il était adolescent, alors qu’il avait au moins... Je pense que c’est un retardé mental, comme elle a dit Lou.
Et d’autres solutions, il y a aussi peut-être... Pour ceux qui parlent pas, on pourrait leur donner un crayon et une feuille, et après ils peuvent écrire ce qu’ils veulent. S’ils ne peuvent pas parler... Au moins ils peuvent écrire !

H. - Dans la rue, vous tous, est-ce que vous voyez des personnes handicapées ?
Hugo. - Oui, parfois.

H. - Ces personnes sont comment ? Comment elles se déplacent, quel handicap ont-elles ?
Hugo. - Des fois s’ils sont retardés mentalement, ils doivent tenir la main et ils bougent un petit peu, s’ils n’ont pas entièrement leurs jambes ils sont sur des fauteuils roulants... Voilà .

H. - Est-ce que tu penses qu’à Marseille on peut se déplacer facilement, quand on est dans un fauteuil roulant ?
Hugo. - Non, parce qu’il n’y a pas souvent de... Par exemple, sur les trottoirs, là ils peuvent passer, parce qu’il y a des petites bosses, qui sont généralement pour les voitures mais ils peuvent s’en servir. Mais c’est, par exemple, pour rentrer dans une porte. Des fois il y a des petits rebords, ou soit s’ils sont dans une maison... s’ils ont une grande cuisine, ils peuvent pas tellement prendre... par exemple des assiettes. Ils sont obligés de grimper, ou dans leur maison même, ils peuvent pas bouger parce que s’il y a des portes trop étroites et que le fauteuil est trop grand, ils peuvent pas passer. Donc c’est un handicap, pour eux. Alors il faudrait faire des maisons sans... ou des grandes portes, des petites étagères pour eux, des trucs comme ça...


Anita. - Je pense que les personnes handicapées, elles ont droit à ... aussi à avoir des trucs pour s’amuser. On pourrait faire quelque chose de spécial qui leur plaise pour qu’ils s’amusent un peu, même s’ils sont handicapés.

H. - A quoi tu penses, par exemple ?
A. - Ben, un genre de... Comment dire ?... Des spectacles et tout qui leur plaisent, voilà .

H. - Mais s’il faut se déplacer pour aller voir un spectacle ?
Des gens viennent les chercher...

H. - Tu as déjà rencontré des personnes handicapées ?
A. - Des fois oui, j’en vois. J’en avais vues dans les magasins.

H. - Qu’est-ce que tu ressens quand tu vois une personne qui ne peut pas bouger comme toi, par exemple ?
A. - Ben je me dis que c’est franchement pas de chance. Ils aimeraient courir et tout, voilà .


Je m’appelle Yucem et un jour dans une émission, j’ai vu... Il y avait un enfant qui était handicapé. Il pouvait pas marcher. Quand il marchait, il sautait par terre. Il avait pas de chaise roulante, rien... Il avait rien.

H. - Ce reportage, ça t’a marqué ? C’était quelque chose qui n’était pas facile à voir ?
Y. - Je voulais pas... Je voulais pas du tout regarder l’émission parce que ça me faisait de la peine. J’aimerais pas être à leur place ! Et j’aimerais bien qu’ils marchent.

Maximilien. - Moi j’ai... Ma sœur elle est prématurée, une maladie orpheline, elle a un bouton pour se nourrir. Elle mange pas par la bouche et j’aimerais bien trouver une solution pour l’aider. Parce que la voir ne pas manger... Moi... comment dire... On doit toujours lui donner de la soupe, lui donner du poulet et des légumes. Et elle ne boit pas non plus. Donc, je m’inquiète.

H. - Elle a quel âge, ta sœur ?
M. - Elle a deux ans.

H. - Est-ce qu’elle parle ?
M. - Je sais pas. Je crois qu’elle a du mal à parler. Elle a des mots qu’elle comprend pas.

H. - En quoi c’est difficile pour toi ?
M. - C’est difficile de la voir souffrir, parce qu’elle ne mange pas.

H. - Mais c’est toujours ta sœur, tu la considères comme ta sœur ?
Maximilien hoche la tête.


Florian. - Une fois sur Internet, j’ai vu une femme qui n’avait pas de bras mais elle faisait tout avec ses jambes. Par exemple, elle changeait la couche de son enfant avec ses pieds, elle conduisait avec ses pieds, elle faisait tout avec ses pieds, elle n’avait même pas besoin de ses bras !

H. - Comment tu as trouvé cette vidéo ? Tu regardes d’autres choses sur internet ?
F. - C’est juste que ma mère regardait ses messages, ensuite elle est tombée sur ça et elle a voulu me le faire voir.

H. - Est-ce que tu connais des personnes handicapées, des enfants ou des adultes ?
F. - Il y a mon papy, il a 71 ans. Il a une maladie du cerveau. Je crois qu’il l’a attrapée en aoà »t 2009 et aussi il y a mon autre papy, il a 77 ans. Lui c’est moins important puisque c’est juste qu’il a pas d’odorat. Mais si on fait pas attention, on s’en rend pas compte. Il fait comme si il pouvait sentir... mais en fait, il doit respirer par la bouche.

H. - Est-ce que ça handicape sa vie, au quotidien ?
F. - Non, si on le regarde comme ça, on a l’impression que c’est quelqu’un de normal qui a toujours l’usage de ses cinq sens.

H. - Est-ce que tu as des idées pour faciliter la vie des personnes handicapées, au quotidien ?
F. - Je me suis jamais posé la question.

H. - Mais tu penses qu’on devrait faire des choses pour elles ?
F. - Oui. Parce que c’est pas très amusant, si c’est vraiment grave, de toujours rester tous les jours dans un hôpital ; si on est aveugle, de pas pouvoir voir ; si on est sourd on peut rien entendre, si on est muet on peut pas s’exprimer...

H. - Ces gens-là , d’après toi, ils ne s’expriment pas, ou ils ont trouvé un autre moyen pour s’exprimer ?
F. - Les personnes sourdes, parfois elle se servent du langage des signes. Les personnes muettes peuvent prendre un bout de papier et écrire. Les personnes aveugles, même si elle ne peuvent pas voir, elles peuvent s’exprimer en parlant... Donc en clair, on peut se servir de ses quatre autres sens.

Valentin. - Moi j’ai quelqu’un de ma famille qui est handicapé. Mon tonton n’arrive pas à réfléchir, et j’ai un de mes cousins qui est grand comme une personne de trente ans mais qui n’a que seize ans. Voilà .

H. - Tu gardes le contact avec ces personnes ? Tu vas les voir ?
V. - Oui.

H. - Et comment vous passez le temps ensemble ? Est-ce que vous jouez ?
V. - On lit, on s’amuse au foot, on fait plein de choses. J’ai même des voisins, trois voisins qui sont dans mon immeuble, qui sont handicapés.

H. - Et quand tu joues avec ces personnes, ces enfants... Est-ce que tu penses au fait qu’ils sont handicapés, ou tu joues comme si tu jouais avec n’importe qui d’autre ?
V. - Comme si je jouais avec une personne qui était normale, qui avait des jambes et tout.

H. - Et quand tu remarques que cette personne est handicapée ?
V. - Ben ça me fait rien, je lui dis bonjour, on s’amuse... On joue au foot, on fait plein de choses...

H. - Est-ce que ces personnes te parlent de leurs difficultés ?
V. - Non, elles aiment pas en parler.

H. - Pourquoi, d’après toi ?
V. - Parce qu’elles sont tristes.


Benoît. - Moi je connais d’autres personnes handicapées. Comme à l’école, il y en a plein qui ont les béquilles. J’en connais une, elle s’est fait mal à la patinoire. On l’avait vue... Elle était tombée plein de fois et maintenant, elle a les béquilles à l’école. Quand on a les béquilles, c’est pas très amusant parce qu’on ne peut pas jouer avec les autres, on peut rien faire ! Et quand on monte les escaliers, c’est dur.
Et ma sœur aussi, elle était handicapée. Elle était avec les béquilles, et Ludivine aussi !
La maîtresse. - C’est un handicap passager, les béquilles.


Théo. - En fait je voulais revenir sur ce que Florian avait dit. Pour les aveugles, il y a le braille ; au centre aéré, on avait fait une activité où on apprenait à lire le braille.

H. - Toi aussi ?
T. - Oui, j’ai appris.

H. Est-ce que tu trouves que c’est facile à apprendre, ou c’était dur ?
T. - C’est difficile. Des fois tu peux te tromper. Si ça a été mal agrafé, tu te trompes de lettre ! Et je voulais dire que j’ai un ancien entraîneur de foot qui n’avait plus son bras. Et il continuait à nous apprendre le foot.


Pascal. - J’ai déjà vu dans une émission de télé, des personnes, elles sont handicapées et des fois on leur remet une jambe électrique. Au moins, elles peuvent courir, marcher, faire du sport, jouer au foot.... plein d’autres trucs.

H. - Dans ton entourage, il y a des personnes handicapées ?
P. - Non.

H. - Tu n’en as jamais rencontrées ?
P. - A part des petites blessures... Mais à chaque fois que je vois une personne handicapée, si elle est en béquilles, je l’aide à monter...

H. - Elle est comment cette personne ? Triste ou souriante ?
P. - Elle est souriante.
Et j’ai mon tonton, il a eu une petite blessure. Il a eu un jour de plâtre parce qu’il est tombé en scooter.

H. - Est-ce que dans votre école il y a des personnes handicapées ?
P. - Beaucoup avec des béquilles.
Ludivine. - J’ai déjà vu une personne handicapée. C’était un enfant. Il était en fauteuil roulant, il avait du mal à faire des choses.

H. - Où est-ce que tu l’as rencontré ?
L. - Dans un camping.

H. - Et tu t’es approchée ?
L. - Oui, avec ma copine on a joué avec lui, on jouait au ballon et tout ça.

H. - Quand tu joues avec elle, est-ce que tu y penses, qu’elle est handicapée ? Est-ce que tu joues différemment ?
L. - Ben oui !

H. - Pourquoi ?
L. - Parce que c’est pas comme si j’avais une copine ou une personne qui peut marcher... Je m’amuse pas comme si je jouais avec une de mes copines normales.


Maximilien. - Pour ceux qui sont en fauteuil roulant, les placards qui sont où nous les petits on peut pas attraper, pourquoi on fabrique pas un grand robot qui attrape ce qui est en hauteur ?

H. Justement, d’après toi, pourquoi on produit pas un robot comme ça ?
M. - Je sais pas. Faut déjà demander au président de la République !

H. - Qu’est-ce que tu vois comme autre invention qu’on devrait faire pour les personnes handicapées ?
M. - Les voitures électriques ! Enfin, la voiture automatique, plutôt. Comme moi quand j’étais au ski... Sans faire exprès, on s’amusait à sauter par-dessus un truc, et moi j’ai sauté en même temps, et je me suis tordu le cou. Et j’étais à l’ambulance... Ça m’a fait tout drôle. J’ai eu peur de rester toujours comme ça ! De ne pas pouvoir tourner la tête, faire ça...

H. - Ça t’a fait peur ?
M. - Très peur. Heureusement que le médecin était là parce que sinon, je serais encore à l’hôpital !

H. - Ce serait intéressant justement de savoir, si parmi vous il y a des personnes comme Maximilien, qui ont été immobilisées pendant quelques temps : comment vous vous sentiez ?
Ludivine. - Ben en fait, j’ai eu le plâtre parce que je suis tombée dans la cour de la récréation, dans un trou. Il y a un arbre, autour il y a un trou, alors je suis tombée dedans et je me suis tordu la cheville. Donc après pour descendre les escaliers, le premier et le deuxième jour, je suis descendue à la récréation et pour remonter c’était pas facile... alors après il y avait une de mes copines qui restait dans la classe avec moi ; on pouvait discuter, et tout ça.

H. - Comment tu t’es sentie pendant cette période où tu ne pouvais pas bouger ?
L. - Ça faisait bizarre. Je ne pouvais pas jouer. Enfin si, je pouvais jouer, mais pas courir...

H. - Ça t’a manqué, de jouer comme les autres ?
(Ludivine acquiesce)
La maîtresse. - Est-ce que l’école peut accueillir une personne qui est en fauteuil roulant ?
Octavinka. - Dans cette école, il y a des escaliers. Pour une personne en fauteuil roulant... elle pourrait pas descendre dans la cour. Elle pourrait que rester en classe tout le temps... Et encore, le matin, elle pourrait même pas monter dans l’école.

O. - Un jour, j’ai eu le torticolis mais j’ai rien eu... Je suis allé chez le docteur et il a dit : "tu bouges pas la tête", enfin "tu évites"... "mais on met pas de plâtre parce que c’est pas trop la peine" et pendant deux semaines, je l’ai eu et ça m’a fait bizarre, parce que c’est pas tous les jours que je peux pas tourner la tête. Et aussi des fois quand je devais tourner la tête en classe, c’était bizarre.

H. - Pourquoi c’était bizarre ?
O. - Parce que c’était la première fois que j’avais quelque chose. J’avais jamais eu de plâtre, j’avais jamais rien eu... C’était mon premier.


Benoît. - C’est pour revenir en fait à ce que Hugo a répondu tout à l’heure. Dans Marseille, en plus elle est grande cette ville... ça doit être dur pour les personnes handicapées de circuler parce qu’en plus, des fois il y a des voitures qui ne font pas forcément attention quand il y a quelqu’un qui traverse... Alors quand on est handicapé, il faut faire encore plus attention, à mon avis. Et il n’y a pas beaucoup de trottoirs où il y a beaucoup d’espace. Des fois les voitures elles se mettent en plein sur le trottoir !
Aussi, un jour dans une émission pour les personnes aveugles, j’avais vu... En fait c’était des chiens spécialisés, qui guidaient la personne. Par exemple, ils avaient montré, c’était dans un restaurant. Il y avait une femme aveugle et c’était le chien qui la guidait. Du coup, les personnes qui venaient manger dans ce restaurant jouaient avec le chien et tout...
Et aussi, je voulais dire que dans la rue, des fois, il y a des personnes qui marchent bizarrement parce qu’en fait ils marchent en ponts. Comme s’ils faisaient tout le temps des ponts. Et ils peuvent pas marcher debout. Et ça fait bizarre.

H. - Tu connais des écoles où on peut accueillir les enfants handicapés ?
Je sais que ça existe, mais je n’en connais pas.


Léa. - En fait je reviens au sujet... Si dans cette école on pouvait accueillir des personnes handicapées avec un fauteuil roulant. Je pense que oui, mais il faudrait quelque chose de spécial pour qu’ils montent les escaliers parce que sinon ce serait difficile pour eux ; ou sinon il y a des gens qui devraient les porter, mais ce serait pas trop pratique.

H. - Tu en connais, des personnes handicapées ?
L. - Oui, j’en ai déjà vu dans la rue, et ma sœur aussi un jour elle a été handicapée, elle est partie à l’hôpital.

H. - Qu’est-ce qu’elle a eu ?
L. - En fait c’est que... aux jambes elle avait très mal, elle arrivait plus trop à marcher, donc elle est partie directement à l’hôpital.
Après, j’ai vu des personnes dans la rue, aveugles ou handicapées, et je voyais des gens qui les aidaient pour traverser la rue, surtout pour les aveugles. Comme ils ne voient pas, ils ne peuvent pas savoir par exemple si le feu est vert ou s’il est rouge. Je pense qu’il y a plus de personnes handicapées qu’on le croit.

H. - Pourquoi tu penses ça ?
L. - Parce qu’il y en a plein, des personnes handicapées. Il y a plein de maladies sur le monde.

H. - Il y a des handicaps qui ne se voient pas ?
L. - Voilà . Qui se voient pas et qui restent toute la vie. Qui peuvent à mon avis se transmettre.


Marie-Dolorès. - Je connais quelqu’un qui est handicapé. C’est mon cousin. Il ne peut pas marcher, il peut juste dire son prénom. Il sait pas parler ni rien. Et à moi, comme c’est mon cousin, ça me fait de la peine parce qu’il ne peut pas bouger... En été, il peut rien faire. Par exemple, les autres petits ils vont à la plage, à la piscine... pendant que lui il reste chez lui, enfermé.

H. - Tu fais des choses avec lui, quand même ?
M.-D. - Pas trop souvent. Je peux pas trop.

H. - Comment tu vois sa vie ? Comment ça va être pour lui d’après toi, quand il va grandir ?
M.-D. - Je sais pas. Je crois qu’il va rester chez lui parce que jamais ils ne le laissent sortir dehors ni rien. Il va même pas à l’école ni rien... Il reste chez lui enfermé, et des fois il part dans une école spéciale pour les handicapés. Il revient l’après-midi et après, quand on lui parle, il ne dit que son prénom. Il peut rien dire d’autre... Voilà .


Valentin. - Avant j’étais un peu aveugle, parce que je me suis fait opérer deux fois des deux yeux. On m’a coupé un nerf dans l’œil. Et pendant une semaine à chaque fois (pour les deux yeux ça fait deux semaines), j’étais aveugle un peu aveugle, j’arrivais pas à regarder la télé, je pouvais pas... à part rester dans ma chambre et essayer de voir pour jouer. Et sinon, à chaque fois quand je devais aller manger, je devais me servir d’une sorte de canne pour aller dans la salle à manger, ou aller aux toilettes.

H. - Tu peux nous dire quel type de handicap tu connais ?
V. - Je connais les aveugles... Ceux qui sont handicapés du cerveau, ceux qui n’ont pas de bras ou de jambes, aussi des gens en fauteuil roulant... Voilà .


H. - Et toi, qu’est ce que tu connais, comme types de handicaps ?
Hugo. - Déjà , il y a muet, aveugle et sourd, il y a... Les handicapés... Donc ils n’ont plus de bras ou plus de jambes ou plus quelque chose. Il y a "œretardé mental" . Il y a une maladie, ça s’appelle l’Alzheimer, c’est... On se souvient plus de rien. Et aussi un jour quand j’étais au ski, j’avais trouvé quelque chose de bien : j’avais vu quelqu’un qui n’avait pas de jambes, et il faisait quand même du ski. Il avait un moniteur qui lui apprenait et tout, et j’ai trouvé que c’était bien, parce qu’il le traitait comme une personne normale.

Post-scriptum

L’équipe de HandiMarseille remercie chaleureusement Mesdames Richiri et Lepage, directrices, Madame Guillot, la Maîtresse, et toute la classe 2.5 de CM1 de l’école Eugène Cas pour leur accueil et leur participation !


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