La France est depuis les années quatre-vingt dix la première destination touristique au monde (74 millions d’arrivées comptabilisées en 2010). A ce flot ininterrompu de touristes se joignent, pendant les vacances, les millions de français qui choisissent de visiter leur pays et plus particulièrement notre région [1].
La région Provence Alpes Côte d’Azur est en effet devenue la destination phare pour de très nombreux vacanciers en quête de soleil, de plages mais aussi de patrimoine et de culture.
Tout comme l’accès à l’emploi, à la formation, à l’espace public de manière générale, "l’accès libre" aux vacances et aux loisirs est un facteur important d’intégration sociale et d’épanouissement personnel pour les personnes en situation de handicap. Or, partir en vacances se révèle bien souvent une épreuve supplémentaire dès lors qu’il s’agit de trouver un moyen de transport, un hébergement et des sites d’accueil adaptés.
L’accès des personnes handicapées aux équipements et aux activités touristiques représente donc à la fois un enjeu social et un enjeu économique, si l’on considère qu’aujourd’hui, le nombre de personnes souffrant de déficiences motrices, sensorielles ou intellectuelles atteint près de 40% de la population française, soit près de vingt-cinq millions de personnes [2].
L’objet d’Handimarseille ne sera pas de réduire ce dossier à un numéro d’été "Spécial Vacances" : les bons plans, les bonnes combines, où aller, où manger, où dormir... L’idée est certes de cerner l’offre touristique adaptée, et de l’appréhender à travers la problématique de l’accessibilité, mais aussi et surtout de savoir où et comment trouver l’information nécessaire pour la bonne organisation de son séjour de vacances à Marseille et en région.
LA PROBLEMATIQUE DE L’ACCESSIBILITE
Rappel du cadre législatif
Lorsque l’on interroge une personne handicapée, c’est bien la limitation d’activité face à un environnement non-adapté qui constitue le facteur déterminant de son handicap. Parmi ces activités de la vie quotidienne, il en est une qui leur est trop souvent inaccessible : partir en vacances comme tout autre citoyen, dans des lieux proposant un véritable panel d"™activités, à la fois diversifié et adapté.
Depuis plus de trente ans, de nombreux textes de lois sont venus encadrer et définir ce qu’est le handicap et son rapport à l’accessibilité. Qu’en est-il ?
Dès 1975, l"™article premier de la loi d"™orientation n°75-534 du 30 juin 1975 en faveur des personnes handicapées stipulait que "L"™intégration sociale et l’accès aux sports et aux loisirs du mineur et de l’adulte handicapés (physiques, sensoriels ou mentaux) constituent une obligation nationale". Mais, comment les personnes handicapées pourraient-elles avoir accès aux activités de loisirs quand l’offre qui leur est proposée est inadaptée ?
En effet, alors que la demande est considérable [3], le taux de départ en vacances des personnes handicapées reste très faible, et ce pour diverses raisons. Sont évoqués à la fois le nombre très limité de structures adaptées, d’hébergements accessibles, les tarifs exorbitants alors en pratique, mais aussi l’absence d’information fiable sur cette offre. De plus, l"™accessibilité de l"™offre touristique aux personnes en situation de handicap suppose non seulement que les sites et équipements touristiques soient accessibles, mais également que tous les autres maillons de la chaîne de déplacement le soient également.
En réponse à ces difficultés, le secrétariat d"™État au Tourisme a décidé en 2001, de mettre en place une structure destinée à apporter une information "fiable et objective" de l"™accessibilité des sites et équipements touristiques en tenant compte de tous les types de handicaps, afin de "développer une offre touristique adaptée et intégrée à l"™offre généraliste".
Concrètement, suite aux rapports du Conseil National du Tourisme, la cellule de coordination nationale "tourisme et handicap", crée en 1994, s’est transformée en 2001 en association. Elle a notamment pour objectifs de sensibiliser les professionnels du tourisme et de mettre en œuvre le label "Tourisme et Handicap" (nous y reviendrons plus en avant).
Enfin, évoquons la Loi du 11 Février 2005. Si tous les aspects de la vie sociale, notamment les activités liées au temps libre, ne sont pas spécifiquement abordés, cette loi a posé le principe de "l’accessibilité totale et universelle" à la sphère publique et privée et donc le principe de la chaîne du déplacement, dont l’accès aux transports adaptés fait partie.
La problématique de l’accessibilité et l’idéal d’équité entre les citoyens qu’elle sous-tend, ne peuvent s’exonérer des contraintes financières qui s’imposent au "grand chantier" de l’accessibilité. En d’autres termes, affirmer des idéaux est une chose, mettre en place une volonté politique et surtout les moyens financiers qui y répondent en est une autre, si l’on ne veut pas réduire la politique à la simple communication de bonnes intentions. Aujourd’hui, c’est à partir de la prise en compte d’un véritable "marché de la déficience et du handicap" (du notamment au vieillissement de la population), que naissent et s’orientent les politiques d’accessibilité. C’est la Loi du Marché, plus que toute considération morale ou philosophique, qui établit les conditions de l’équité entre les citoyens.
Ce que l’on entend par offre touristique adaptée et par freins au départ en vacances.
Dans le texte donc, le développement d’une offre touristique adaptée s’inscrit dans la logique du droit au départ en vacances pour tous, dans la volonté de favoriser l"™accès aux vacances et aux loisirs pour les personnes en situation de handicap.
Historiquement, ces dernières ont d’abord vécu dans une logique de différenciation, avec des vacances organisées dans des centres spécialisés accueillant uniquement des personnes déficientes. Puis, progressivement, d’autres offres touristiques se sont développées, dans une logique d’intégration. Chacune de ces deux modalités tente de répondre aujourd’hui à la diversité des besoins inhérents à chaque degré de déficience.
Le premier facteur favorable au départ en vacances des personnes en situation de handicap est le revenu. L"™autonomie de déplacement arrive ensuite comme facteur essentiel de départ. Le principal frein au départ en vacances, que l’on soit valide ou handicapé est donc d’ordre purement financier. La fonte régulière du pouvoir d’achat des français depuis plus de trente ans les a conduit à fixer des priorités, dont le départ en vacances ne fait plus partie. Le succès populaire des films "Camping" n’exprimait pas tant une nostalgie française pour l’apéro en slip de bain et en claquettes au pied de la tente "quechua", mais traduisait la prolétarisation inexorable d’une frange importante de la population.
Il existe à ce titre un ensemble de dispositifs d’aides financières au départ en vacances. L’APAJH (Associations pour Adultes et Jeunes Handicapés) y dédie un page sur le site de sa fédération. D’autres sources proposent ce type d’information, notamment les portails ministériels (Ministère de la jeunesse et des solidarités actives et Ministère de la santé et des sports) [4].
Concernant les enfants handicapés, l’étude "Partir en vacances, encore un combat ?" [5] mentionnait les divers freins limitant l’accès aux séjours de vacances. Ces freins, que l’on soit enfant ou adulte, restent à peu près les mêmes.
Cette étude soulevait de fait la question du surcoà »t, du prix très élevé des séjours adaptés (surtout dans le cas d’une personne ayant une autonomie faible, nécessitant un taux d"™encadrement élevé et éventuellement la présence d"™un personnel para-médical). Elle posait la question de la confiance à avoir dans le personnel d"™animation (pour un public souvent plus fragile et ayant parfois moins de capacités de se protéger). Elle soulevait donc la question de la formation au handicap du personnel d’animation et des directeurs de centres vacances (dispositifs encore peu répandus et peu connus dans notre région) ainsi que celle de la méconnaissance générale du handicap par les professionnels du tourisme.
Au delà de ces considérations, les personnes en situation de handicap se sont longtemps heurtées à deux obstacles principaux : une offre touristique limitée, en équipements, structures et dispositifs adaptés ; et un déficit d’accessibilité global de la chaîne de déplacement . En effet, à quoi bon rendre une plage accessible si l’on a aucun moyen de s’y rendre ?!
LE TOURISME ADAPTE, UN SECTEUR EN PLEINE MUTATION
La donne a changé. Depuis dix ans en effet, la thématique de l’accès aux vacances et aux loisirs pour les personnes en situation de handicap semble résonner plus fort dans les milieux politiques, institutionnels et chez les professionnels du tourisme.
Pourquoi ? Cela tient, comme nous l’avons évoqué, à la fois à des considérations d’ordre moral et économique ; pragmatisme parfaitement assumé par la communication institutionnelle sur ce sujet [6].
Alors concrètement, qu’est-ce qui a changé ? Aux nombreux freins au départ en vacances que nous avons soulignés, un certain nombre de réponses ont été apportées. Deux initiatives ont essentiellement permis de faire bouger les choses : la mise en place d’une logique de labellisation des structures, équipements et sites touristiques, ainsi que l’accent mis sur les dispositifs d’information et de promotion de l’offre touristique adaptée.
Une logique de labellisation [7]
Plus qu’une garantie de qualité en termes d’accueil, la labellisation participe d’avantage à un effort de communication et de promotion d’une offre touristique adaptée. Il existe aujourd’hui plusieurs labels "encadrant" cette offre. Ils revendiquent une certaine complémentarité, mais ne sont pas regroupés sous une même "bannière", ce qui soulève quelques interrogations et mérite quelques précisions.
Précisons tout de même que certaines associations, l’APF en tête (Association des Paralysés de France), n’ont pas manqué de s’interroger quant à la pertinence de la création et de l’articulation de tous ces labels [12]. On peut aussi simplement faire le constat que ces "joujous" ont un coà »t pour le contribuable et que ce coà »t n’est pas toujours en rapport avec l’efficacité et les résultats escomptés.
Les acteurs et les dispositifs d’information.
Quand vient l’heure de préparer le départ en vacances et de choisir une destination, de nombreux dispositifs permettent de cerner l’offre touristique adaptée. En fait, chaque acteur, chaque structure institutionnelle ou associative liée à ce secteur est à même de nous informer. On se trouve alors confrontés à une pléthore de sources d’information, dont il convient de faire le tri et de préciser ce à quoi elles touchent.
Il est important de souligner également que plus que pour tout autre public, l"™outil internet est incontournable pour l"™accès à l"™information pour les personnes en situation de handicap, le web joue un rôle capital sur la décision de départ et sur l"™organisation de séjour.
Parce qu’il n’y a pas que internet, vous trouverez en support "papier" :
Où en sont aujourd’hui notre pays et notre région en termes d’offre touristique adaptée, dix ans après la mise en place du label "Tourisme et Handicap" ?
Si les collectivités territoriales accompagnent et encadrent les projets de labellisation, l’essentiel des dépenses engagées dans cette démarche concerne des acteurs privés (les 2/3 des structures aujourd’hui labellisées en France concernent l’hébergement et la restauration) [19].
Ces considérations ne doivent cependant pas faire fi de l’évolution notable de la démarche de labellisation "Tourisme et Handicap" ces dernières années.
Celle-ci a débuté en 2001 et après plus de dix ans, on compte 4500 sites labellisés sur l’ensemble du territoire français.
Si en Provence Alpes Côte d"™Azur, jusqu’en 2006, l"™évolution du label est restée relativement faible par rapport aux autres régions (avec seulement vingt-six sites labellisés), la labellisation s’est accélérée entre 2006 et 2007, quand tous les départements de la région ont rejoint cette démarche.
Provence-Alpes-Côte d"™Azur a alors enregistré une des plus fortes progressions en France, pour se situer aujourd’hui au cinquième rang national au nombre de sites labellisés.
S’il l’on considère que Paca est la principale destination touristique au niveau national, il reste encore du chemin à faire. Toutefois, la dynamique de labellisation dans notre région est en marche et c’est bien là l’essentiel.
Pour plus d’information, de chiffres et de statistiques quant à l’évolution des sites labellisés, par département ou selon les handicaps concernés, consultez (disponibles en téléchargement) le Dossier de presse d’Handitourisme Paca (www.handitourismepaca.fr) et le Guide Tourisme et Handicap 2011 de Bouches du Rhône Tourisme (www.visitprovence.com).
Si le grand chantier de l’accessibilité totale et universelle accuse dans notre région un certain retard, celui de l’accessibilité à une offre touristique adaptée a bien décollé. Cette avancée pour le "droit aux vacances" [20] illustre le combat mené en ce sens par les associations, les institutions et les professionnels du tourisme.
Handimarseille ce joint à eux pour vous souhaiter de "Bonnes vacances" !
Article rédigé par Ugo Chavarro
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