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Des vacances couleurs locales

Profiter de ses vacances à Marseille

Jean est atteint de poliomyélite paralytique depuis l’âge de douze ans et se trouve aujourd’hui en fauteuil roulant, lourdement handicapé. Nulle question pour autant de rester scotché devant sa télé tout l’été. En bus, en train, Jean a déjà traversé la France, et cette année, ses vacances font étape à Marseille, la ville où il habite. Qu’est-il possible de faire à Marseille quand on est un vacancier en situation de handicap ? Jean nous a reçus chez lui et témoigne de l’accessibilité touristique (hébergements, transports, sites touristiques...) de la Cité Phocéenne.

Des vacances couleurs locales

H. - Tout d’abord bonjour, est ce que vous pouvez vous présenter ?

Jean Lombard. - Oui je suis Jean Lombard, j’habite à la Belle de Mai dans une structure un peu particulière puisqu’il s’agit d’un HLM où sont regroupées quatorze personnes handicapées qui ont chacune un chez soi, avec le soutien du Samsah [1]. Nous bénéficions de la présence de l’aide d’auxiliaires de vie 24 heures sur 24, ce qui est très important parce qu’on ne trouve pas toujours de l’aide comme ça autre part. Autrement, je travaille pour l’Association des Paralysés de France (APF), à mi-temps en tant qu’agent administratif .

H. - Est ce que vous pouvez nous parler de votre handicap ?

J.L. - J’ai une polio, depuis l’âge de douze ans donc depuis 1966. Aujourd’hui, je suis presque tétraplégique et donc je me déplace en fauteuil roulant.

H. - Est-ce que vous voyagez beaucoup ?

J.L. - J’ai pas mal voyagé mais maintenant je voyage un peu moins. Enfin, je ne voyageais pas tant que çà mais bon ça m’est arrivé de prendre le train tout seul. Dans l’ensemble, c’est vrai que la SNCF assure assez bien. C’est à dire aussi bien à la montée dans le train que pour la descente et même aussi pendant le voyage. Après, il y a toujours le problème des toilettes, c’est toujours compliqué les toilettes dans les trains ; même quand on est valide (rires).

H. - Quelles sont vos attentes lorsque vous partez en vacances, que recherchez-vous ?

J.L. - Moi je cherche déjà des hôtels accessibles mais bon. Le problème qui se présente à moi c’est que j’ai besoin d’une aide, donc après il y a toute une structure qui doit se mettre en place. Donc j’aurais tendance à viser en premier l’accessibilité et chercher un soutien spécialisé. Après bon, il y a aussi chaque fois la question des moyens de locomotion. J’ai fait le choix de la SNCF.

H. - Comment vous tenez-vous informé quant à l’accessibilité des transports, des hébergements, des sites touristiques ?

J.L. - Et bien, cela se fait principalement sur internet. Après il y a pas mal de sources d’information mais c’est vrai que le fait de travailler à l’Association des Paralysés de France, me donne accès à certaines informations.

H. - A part le site de l’APF, auriez-vous des sites ou des forums liés aux tourismes adapté, à nous conseiller ?

J.L. - A part le site de l’Office de Tourisme il y a aussi un site qui s’appelle "J’accède" [2], je ne sais pas si vous connaissez. Il s’agit d’un site qui répertorie, sur toute la France, tous les endroits accessibles ; c’est à dire les restaurants, les hôtels, les commerces, les boulangeries etc. C’est un site participatif c’est à dire que les personnes handicapées elles mêmes signent et commentent. Elles vont par exemple choisir un restaurant, s’y rendre et en parler après sur www.jaccede.com ; voilà , les marches, les waters, on évalue l’accessibilité. C’est quelque chose qui n’est pas trop mal.

H. - Quels sont les problèmes liés au handicap que vous avez rencontrés au cours de vos voyages, quelles sont les déconvenues auxquelles vous vous êtes confrontés ?

J.L. - Je peux vous citer quelques petits problèmes de la SNCF. Les jours de grèves par exemple. Comme le train était annulé, j’ai du faire un petit périple, c’est çà dire qu’au lieu de faire Perpignan-Marseille, j’ai du monter jusqu’à Valence pour ensuite redescendre... Une fois le service d’accompagnement des personnes handicapées a oublié de me faire descendre à Aubagne et donc j’ai du continuer dans le train jusqu’à Toulon... Bon, ça reste des petits déboires.

H. - Quels sont les astuces et les techniques que vous mettez en place pour voyager le plus tranquillement possible. Comment est-ce que vous préparez vos vacances ?

J.L. - La préparation du voyage c’est déjà avant tout essayer de poser toutes les questions et les bonnes questions. Ce n’est pas juste du plaisir, des fois c’est un peu dur. Disons que voilà , il faut bien préparer. Pour vous donner un exemple, la dernière fois que j’ai pris le TGV pour un périple Marseille-Paris-Poitiers j’ai du changer de gare pour obtenir ma liaison ; il me fallait donc coordonner tout cela avec les horaires des services de transport spécialisés, pour qu’ils soient à l’heure ; alors c’est vrai que parfois c’est un peu le stress, il faut gérer le temps, savoir s’il y a des waters.

H. - Est-ce que vous avez l’habitude de passer vos vacances sur Marseille, de vous rendre à Marseille ou de rester à Marseille pour vos congés ?

J.L. - J’ai eu une période où je partais avec des copains. On se retrouvait un petit groupe et on partait en vacances donc souvent en minibus, c’était le minibus de l’APF, donc on était quand même un peu aidés par l’APF et on partait en vacances quinze jours. Nous sommes partis en Dordogne et aussi en Bretagne en passant par la Rochelle. On y a trouvé des hôtels qui étaient plus ou moins accessibles, tout comme les campings.

H. - Cette année vous avez décidé de rester à Marseille. Quel type d’activités pratiquez-vous sur Marseille pendant vos vacances ?

J.L. - Souvent je vais du coté du Prado, c’est à dire au Parc Borély, ou alors sur les plages du prado. Il m’est arrivé de prendre des bains et d’avoir accès à des tiralos qui sont mis à disposition par la mairie. Lorsque vous arrivez sur les plages, vous trouvez des personnes qui vous mettent sur des tiralos et vous accompagnent dans l’eau ; c’est un dispositif qui permet à des personnes très handicapées de pouvoir prendre un bain en sécurité [3]. Vous avez aussi des pontons adaptés, qui sont là depuis quelques années et qui sont réservés aux personnes qui savent nager. Les "encadrants" sont très aimables. Comme je travaille à l’APF, il s’agit d’un dispositif qui est connu chez nous, sinon c’est quelque chose qui a été abordé dans les journaux.

H. - Vous avez parlé du Parc Borely, de l’accès aux plages , qu’est-il possible de faire à Marseille, qu’est ce qui vaut vraiment le détour si vous deviez conseiller à quelqu’un de venir à Marseille ?

J.L. - Il y a aussi la Vieille Charité qui est un site adapté. Bon, on en revient encore aux toilettes, ce n’est pas évident, mais il y a des possibilités ... Sinon, il y a un ascenseur pour monter au premier étage, il y a souvent un petit rebord à l’entrée des salles mais ce n’est pas un gros problème. Autrement, je vous ai parlé du Parc Borély mais à peu près tous les parcs de Marseille sont accessibles. Après, je me suis souvent rendu au théâtre des Etoiles à Gémenos. En fin de compte, on trouve de plus en plus d’endroits accessibles... Bon après, il est vrai que le gros problème de Marseille ce sont les transports en commun, la circulation et on peut aussi parler du problème des trottoirs, des stationnements, enfin...

H. - Au baromètre APF de l’accessibilité des communes françaises, Marseille n’était pas bien classée...

J.L. - Le problème, c’est que le métro ça date de Gaston Deferre et si les stations sont accessibles avec les ascenseurs... les wagons ne le sont pas... il reste encore une marche. Le problème c’est que c’est très long. Je ne me rappelle plus l’année mais cela doit remonter à dix ans quand on avait participé à une visite avant travaux sur les arrêts de bus du 19, qui est une ligne adaptée. A cette époque, la ville ou la RTM avait sollicité l’APF ; ils avaient besoin de personnes en fauteuil pour évaluer l’accessibilité. Les travaux, ils nous avaient dit, devaient durer un an et en fin de compte, ça a traîné.

H. - En termes d’évolution, si vous deviez évaluer l’accessibilité en général à Marseille, on a l’impression que ça bouge lentement quand même ?

J.L. - Oui. Je pense que c’est le terme : lentement. Après, il y a des trucs bizarres... En fin de compte, il y a aujourd’hui deux lignes sur Marseille qui sont accessibles. Bon, il y a quand même le tramway qui est accessible. Je m’en suis servi pendant quelques temps et c’est vrai que c’est pratique. Je suis obligé d’aller le chercher un peu loin, mais une fois qu’on est dedans, c’est vrai que ça facilite la vie.

H. - Pensez-vous qu’il soit possible de tout adapter ?

J.L. - Non, pas tout... L’immeuble où je vis en ce moment là , c’est un immeuble qui a été, dès le départ conçu dans une logique d’accessibilité. C’est-à -dire qu’à la construction, ils ont prévu des appartements accessibles. Il y a une structure de base et après, ça a été adapté pour chaque handicap.

H. - Jusqu’où peut aller ce type de solution de regrouper les personnes par handicap ou par type d’aménagements ?

J.L. - Si vous voulez, il existe des centres, mais après, les gens... comment dire, ils n’aiment pas trop d’être regroupés du fait de leur handicap. Mais c’est vrai qu’il faut quand même un minimum. C’est vrai que nous, on est quinze personnes mais chacun est indépendant. Si vous voulez le terme le terme regrouper, c’est pas évident. Tout comme moi, les personnes handicapées ont envie de vivre avec les autres, de se rencontrer. Après, c’est vrai, il y a des contraintes, un minimum de regroupement, on peut pas non plus demander l’impossible.

H. - Quel est votre meilleur souvenir de vacances ?

J.L. - Le meilleur souvenir, ça a peut-être été la fois où on est partis de Marseille, on est passés par La Rochelle et après on est montés sur la Bretagne, on s’est arrêtés à Brest, à Saint Malo, après on a fait une petite escapade au Mont Saint-Michel avant de revenir sur Marseille.
C’est surtout au niveau des structures adaptées que j’en garde un bon souvenir, notamment un camping et certains hôtels. Après, il y a un autre bon souvenir. Cela date d’il y a quelques années, c’était dans les Alpes du côté de Barcelonette. L’hôtel s’appelait l’Hacienda, il était tenu par des personnes qui étaient parties au Mexique et, qui avaient dans leur famille une personne handicapée. Quand ils sont revenus, ils ont créé cet hôtel, qui est adapté. C’est une association de Paris qui le gère aujourd’hui.

H. - Il y a t-il un endroit où vous rêveriez d’aller ?

J.L. - Où je rêverais d’aller ? Peut-être un jour aller à Euro Disney. Je pense que ça doit être faisable. Sinon, je n’ai pas vraiment de réponse. Après vous savez, j’ai eu la chance de faire pas mal de choses, mais il y a toujours des choses à faire, à découvrir.

H. - On n’a peut-être pas eu l’occasion de tout aborder, est-ce qu’il y a un point qui vous tient à coeur que vous aimeriez développer, une dernière chose ?

J.L. - Ce qui me tient à coeur, c’est l’accessibilité, l’accessibilité des transports en commun, parce que c’est vrai que ça apporte une liberté, ça apporterait une liberté à pas mal de monde.

H. - Je vous remercie.

Notes

[1Le SAMSAH est un Service Médico-social qui a pour vocation l’accompagnement vers une plus grande autonomie de personnes adultes reconnues handicapées, vivant en milieu ordinaire.
Il s’agit d’aider les personnes à la réalisation de leur projet de vie dans une dynamique d’insertion sociale.
Cette insertion s’appuie sur des besoins identifiés, considérés comme "prioritaires" par le bénéficiaire et l’équipe "pluri-disciplinaires", tels que le logement, la vie sociale et familiale, la citoyenneté, l’accès aux soins...
Sous la tutelle des services de l’Etat et du Département, ce service est financé par le Conseil Général au titre de l’aide sociale et par l’Assurance Maladie dans le cadre d’un forfait soins.
Les services SAMSAH sont proposés dans les départements : 04, 05, 06, 13, 83, 84, 2A et 2B

[2www.jaccede.com, Lancé il y a plus de trois ans par Damien Birambeau, lui-même en fauteuil, cette plateforme communautaire répertorie les lieux facilement accessibles dans toutes les villes de France. Chacun peut contribuer à étoffer ce carnet d’adresses y ajoutant ses découvertes

[3retrouvez notre article sur les dispositifs d’accès à la baignade


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