Deprecated: Unparenthesized `a ? b : c ? d : e` is deprecated. Use either `(a ? b : c) ? d : e` or `a ? b : (c ? d : e)` in /home/wwwapp/spip/ecrire/inc/utils.php on line 2697
Une psychologie du handicap - Le magazine - Témoignages - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
Le portail du handicap à Marseille

Le magazine

Le dossier

Le guide

L’annuaire web

L’agenda

Une psychologie du handicap

Franck est psychologue. Il exerce depuis cinq ans au sein de l"™association "le Geist" qui existe depuis plus de deux décennies. Il y effectue des soutiens psychologiques individualisés. Ces séances peuvent se passer en présence de la famille, avec laquelle il juge nécessaire d"™avoir un contact. Le but recherché ? Que les proches du sujet handicapé trouvent un équilibre, une attitude rassurante. Pour Franck, il faudrait considérer les patients autrement que comme handicapés... Peut-on alors parler d"™une psychologie du handicap ?

Q : Qu"™est-ce-que le Geist ?
R : Le Geist est une association (loi 1901) de parents et de professionnels. Sa particularité, c"™est d"™avoir une parité entre parents d"™enfants atteints de trisomie et professionnels intéressés à ces questions. À l"™origine, il y a un parent qui s"™est retrouvé avec un enfant atteint ; c"™était tellement difficile pour lui qu"™il s"™est senti désarmé. Il ne savait pas trop comment faire. Donc, il a rencontré un professionnel, un psychologue. Ensemble, ils ont décidé de monter une association en suivant cette lignée. D"™autres professionnels se sont joints à eux par la suite.

Q : Avez-vous suivi une formation spécifique pour aborder ce type de public ?
R : Non, pourtant j"™y tiens. Je suis psychologue de formation mais il n"™y a pas de psychologie spécifique de la trisomie. Plus on est spécifique dans ce domaine, plus on peut entendre la singularité de chacun. C"™est être aussi toujours surpris par le handicap, par tous ces adultes et enfants atteints, des individus différents qui demandent à être entendus différemment.

Q : Y a-t-il une procédure particulière à suivre lors des séances ?
R : À mon niveau, non, c"™est plutôt centré sur l"™écoute. Je n"™ai pas de procédure, j"™écoute de la même manière une personne trisomique et une autre. Par contre, au niveau de la psychomotricité ou de l"™orthophonie, là , c"™est plus spécifique. Ce sont des patients qui ont des problèmes au niveau du corps dans l"™espace.

Q : Vos patients handicapés sont-ils volontaires ou bien orientés par leur médecin ou les institutions ?
R : Ils sont volontaires, il n"™y a pas d"™indication médicale sur mes services, c"™est à la demande et avec les parents. Eux aussi ont parfois besoin de parler, de dire ce qu"™ils vivent, de dire ce dont ils disposent. On réfléchit ensemble. La parole ne se commande pas comme ça.

Q : S"™y prêtent-ils sans se dérober, jouent-ils le jeu sincèrement ?
R : Pas spécialement. Avec une personne handicapée ou une autre, quand on parle, c"™est parfois difficile. Donc on se dérobe. Ça fait partie du jeu : se dérober, mais en en gardant un petit peu.

Q : De quoi parlent-ils spontanément et vers quoi les orientez-vous ?
R : En ce qui me concerne, je ne les oriente sur rien. J"™écoute ce dont ils me parlent, en fait, peu importe, tout dépend des personnes. On peut croire qu"™ils vont parler du handicap, mais non, pas forcément. Pour l"™une, il sera question du handicap, pas pour l"™autre. Ce sont des entretiens non directifs. Je suis attentif aux thèmes abordés.

Q : Le handicap est-il abordé surtout sous l"™angle du rapport à soi-même (son corps etc.), à autrui ou à la société en général ?
R : Les trois versants. Moi j"™ai envie de dire, tout dépend de la demande des personnes. À un moment donné, elles vont se poser la question. Elles vont prendre conscience du handicap, et cette prise de conscience va se faire par rapport à eux, même au niveau de leur image. Mais avant cela, elle s"™établit au niveau des autres, des collègues, de l"™école. Parfois ils vont parler aussi de la société, de la famille. Il y a une différence qui est marquée, comme une revendication, dans les familles par rapport à la société pour la reconnaissance du handicap. Autrement, ces trois niveaux sont imbriqués.

Q : Comment les patients que vous traitez réagissent-ils généralement à leur handicap ?
R : Parfois ce n"™est pas dit, la question du handicap n"™étant pas nommée, elle est contournée tout le temps. Mais la personne elle-même abordera son handicap ou une autre en parlera d"™emblée. Il n"™y a pas de façon unique de réagir chez les personnes atteintes de trisomie, c"™est vraiment différent, comme nous. Il n"™y a pas de réaction spécifique à chaque personne.

Q : Concrètement, que leur apportent ces séances, quelles évolutions relevez-vous dans les parcours individuels ?
R : Je dirais que c"™est les autoriser à parler, à assumer la différence. Pas forcément celle du handicap, mais celle qu"™on a tous en nous. Je ne suis pas pareil que vous, vous n"™êtes pas pareil que moi. Est-ce difficile à vivre ? Chacun cherche sa solution pour trouver sa voie, son chemin. Gagner un peu en assurance peut-être, mais aussi les autoriser à parler et à dire ce qu"™ils sont, ce qu"™ils veulent.

Q : Quels enseignements tirez-vous de ce travail ?
R : Plus je travaille, plus je me dis qu"™il n"™y a pas de handicap. Il apparaît comme ça, d"™emblée, qu"™il soit physique ou intellectuel, mais ensuite, au niveau de la parole, il est moins apparent. C"™est d"™autre chose dont il s"™agit. D"™ailleurs, très vite, on passe à d"™autres sujets... Les questions que l"™on se pose sur la vie, par exemple.

Q : Avez-vous quelque chose à ajouter à cet entretien ?
R : À mon niveau, ce serait de me dire que si on considère l"™autre dans son handicap essentiellement, c"™est le rendre victime, c"™est dire qu"™il est handicapé. Ne le voir qu"™à travers son handicap, c"™est en faire une personne assistée. Et c"™est difficile après, pour elle, de s"™en sortir. Donc peut-être faudrait-il la considérer autrement que handicapée. Certes, on ne peut pas nier ça, mais la personne qui a un handicap a des choses à dire, elle a des désirs. Il faut soutenir ça, plutôt. Par moments, elle est un peu semblable aux autres. À d"™autres, la différence se situe au niveau des prises en charge, et là , c"™est beaucoup plus spécifique, c"™est de la rééducation. Concernant l"™écoute, ce n"™est pas une rééducation, mais un accompagnement dont l"™objectif est de tenter de révéler, un peu, ce qui est derrière le sujet qui parle.

Propos recueillis par Joseph Ouazana le 17/01/05 à Marseille


Vous avez trouvé cet article intéressant ou utile, votez :

Le magazine > Témoignages

Un feignant comme les autres

Un feignant comme les autres

Jérôme Miller, 33 ans, est atteint depuis la naissance d’une forme de polyo qui touche tous les muscles inférieurs. Pour lui, il est essentiel de ne pas être mis à l’écart de la vie "normale".

Voyage d'un petit prince

Voyage d’un petit prince

Charly Valenza, Vice Président de l’association Choisir sa Vie, nous fait partager ses émotions, inattendues, émouvantes révélées par son voyage lointain dans le Sahara.

Dolorès Lina Torrès, la voix militante d'Arpsydemio

Dolorès Lina Torrès, la voix militante d’Arpsydemio

Entretien avec le Docteur Dolorès Lina Torrès, psychiatre présidente de plusieurs associations parmi lesquelles Arpsydemio, qui vise à informer sur les troubles psychiques.

Les portes, je les défonce d’entrée !

Fred est un rebelle en fauteuil, dont le corps est aux deux tiers paralysé. Par son refus d’être traité d’invalide, il rejette en bloc toutes ces idées qui en font un homme diminué.

Comme tout le monde

À l’âge de quatre ans, Joëlle a été placée dans une institution. Quarante années ont passé et elle s’attache à tirer le meilleur de sa condition.

En marge

Christian, la cinquantaine, est contraint de se déplacer en fauteuil roulant depuis quatre ans. Malgré son dynamisme il se sent marginalisé par son handicap.

Entre mots et maux

Joëlle Scalas, trente-trois ans, est née IMC (Infirme Moteur Cérébral). Avec dignité, elle relate son intégration dans un centre spécialisé depuis ses trois ans.

J’ai laissé mon handicap derrière moi...

Yan, trente et un ans, s’interroge sur les problèmes matériels et relationnels au quotidien qui le renvoient à son passé douloureux...

Constance en toutes circonstances

Entretien avec Constance, Infirme Moteur Cérébral (IMC) suite à sa prématurité. À 24 ans, elle mène son combat pour essayer de vivre son quotidien en diversifiant ses activités.

De la lucidité à l’espérance

Christian, 45 ans, vit en institution depuis trente ans dont vingt-six années passées dans un centre spécialisé à Marseille. Il dénonce l’incompréhension des pouvoirs publics.

Commentez cet article
avec facebook
Creative Commons License handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille (www.handimarseille.fr), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Mentions légales   |   Bannières et vignettes Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique