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J'ai laissé mon handicap derrière moi... - Le magazine - Témoignages - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
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J’ai laissé mon handicap derrière moi...

Yan, trente et un ans, s’interroge sur les problèmes matériels et relationnels au quotidien qui le renvoient à son passé douloureux...

Question : Comment es-tu devenu handicapé ?

J’ai eu une maladie à l’âge de trois mois et ça ne s’est pas vu tout de suite. Ils ont découvert cette maladie plus tard, à six mois. Ils ont constaté que je ne me tenais pas assis.

Q : Peux-tu nous parler de toi ?

Je suis né à la Réunion et je suis venu en France où ma mère s’est remariée, et à l’époque, je n’avais pas le choix de la suivre ou non. J’ai commencé à faire mes premiers pas, appareillé, à l’âge de six ans. J’ai dà » me faire opérer des deux cols du fémur et des adducteurs car je marchais les genoux à l’intérieur et je tombais sans arrêt. La scolarité à la Réunion, c’était pas ça non plus. Il n’y pas de centre adapté comme en France. On m’a donc trouvé un centre à Toulouse où je pouvais suivre une scolarité et faire de la rééducation. Mais la scolarité à l’intérieur de ce centre restait insuffisant pour moi.

Q : Comment fais-tu pour te déplacer en ville ?

Pour moi, à vrai dire, j’habite dans un milieu rural, donc au niveau de l’accessibilité, il y a peu de moyens de transport. En 2002, je me suis acheté une voiture sans permis. Par manque de motivation, je n’ai pas passé mon permis et je ne suis toujours pas motivé mais après tout, pourquoi le passer ? Sinon je circule très bien, enfin, je m’adapte mais c’est sà »r que pour les transports en commun, dans les réseaux urbains, il reste beaucoup de choses à faire.

Q : Trouves-tu que les lieux publics sont suffisamment aménagés pour les personnes handicapées ?

Ça dépend où ! Il reste des choses à faire, encore, notamment pour les parkings réservés qui sont souvent pris par les personnes valides. Même au niveau des trottoirs, beaucoup de choses restent à faire. Nous sommes dans un monde où les gens sont sans gêne et s’en foutent de tout. Moi, quand je vois qu’une personne handicapée galère pour trouver un simple logement même pas adapté et qu’on l’envoie sur les roses, ça me fout hors de moi. Je trouve cela vraiment inhumain. Comment on fait dans ces cas là  ? Faut-il vraiment dormir sous les ponts pour que le coup de main vienne ? Une personne handicapée que je connais commence à travailler dans la Drôme. Elle n’a pas encore trouvé de logement, elle n’a même pas pu avoir une assistance sociale, jugée inutile ! Personnellement, j’ai fait appel à la municipalité pour un emploi mais ça n’a rien n’a donné, rien que des promesses de la municipalité...

Q : Te sens-tu exclu par ton handicap ?

Quelquefois complètement. Si c’est pas moi qui vais vers les gens, ils ne viendront pas vers moi. Tu crois que c’est une vie, de passer ses journées sur un ordinateur ? Pour moi, j’ai fait le deuil de mon handicap, je m’adapte aux autres, mais l’inverse se fait-il vraiment ? Quelquefois je me pose la question si je ne dois pas fréquenter que les personnes handicapées.

Q : Penses-tu que les diverses institutions ne font pas assez d’efforts pour multiplier les aménagements ?

A vrai dire je n’en sais rien, mais ce que je sais, c’est qu’il y a un manque de financement énorme pour y remédier.

Q : Quel regard portes-tu sur les personnes valides ?

Je m’adapte très bien avec eux quand ils font l’effort de me fréquenter. Je laisse mon handicap derrière moi. Mais faudrait qu’ils apprennent à venir vers moi aussi. Nous sommes des êtres humains et non des extra-terrestres. Faut arrêter de dire qu’ils ne sont pas comme nous. Mais c’est facile, l’abstrait. Ont-ils peur du handicap ? Le regard des autres reste souvent incompréhensible, les gens ne regardent que comme s’ils avaient quelque chose à nous reprocher.

Q : Comment vis-tu ta sexualité ?

Pour l’instant, j’ai une copine que j’ai rencontrée il y a un an mais on a peu de relations sexuelles. Elle n’est pas portée sur le sujet. Bien dommage pour moi, parce que je suis comme tous les mecs, j’ai des désirs ; elle ne partage pas avec moi mes délires de masturbation. J’aimerais m’envoyer en l’air plus souvent... Et je ne la vois qu’une fois par mois. Je n’ai jamais eu d’expérience avec une femme valide et c’est bien dommage.

Q : Oserais-tu aller vers elles ?

Oui, mais je reste assez timide quand même. Une fois, j’étais vraiment en manque, je suis allé voir une prostituée. Mais bon, c’est pas donné et puis c’est assez court. Mais je vais vers les valides, mais dès qu’on a des sentiments pour elles, elle fuient, pourquoi ? C’est pas parce qu’on ne peut pas faire l’amour qu’on ne peut pas donner du plaisir...

Propos recueillis par Hamina Hamadi, décembre 2004


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